RDC : Fatshi et Lutundula face à une convoitise macabre (Tribune)

Vendredi 3 mai 2024 - 13:52
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Les voiles sont finalement tombés. Désormais, plus personne n’ignore que l’Est de la République Démocratique du Congo est le théâtre d’une guerre concoctée par des multinationales tant américaines qu’européennes. 

Quant à Kagame, l’homme n’est qu’une marionnette sans cœur, ni âme. Bref, un tueur à gages. 

Les immenses fortunes engrangées par Apple, Microsoft, le groupe Bolloré et tant d’autres firmes intéressées par nos ressources minières sont le véritable moteur de la guerre.   

En Occident, le coltan et l’or du Kivu portent le nom de code “ Banyamulenge”. Un subterfuge. La demande de coltan est de nos jours multipliée par la grande pénétration de la technologie 5 G dans la vie des citoyens du monde; ce n’est pas dans la contemplation que nous aurons gain de cause. 

Jour après jour, les vassaux du capital rivalisent d’ardeur. C’est en entretenant nos malheurs et en les dorlotant qu’ils génèrent des profits exhorbitants. Des millions des vies humaines ont été sacrifiées avant que le pot aux roses ne soit découvert. 

Somme toute, la convoitise macabre de nos ressources minières éveille des passions répugnantes. Les bourreaux qui sont généralement d’origine étrangère se livrent une compétition féroce sur nos terres. 

Face à l’ennemi, le chef de l’Etat et son ministre des affaires étrangères ne pouvaient avoir meilleure stratégie que celle de passer à l’offensive. C’est ce qu’ils font. Souvent sur le départ, le tandem Fatshi/Lutundu est malheureusement incompris. Certaines intelligences voient jouissances et gaspillages plutôt que privations et dévouement. 

Les croisades diplomatiques n’ont rien en commun avec des folles randonnées à travers le monde. Que devraient-ils faire? Rester les bras ballants? Se fondre dans la foule et prêter le flanc au mal ? Se soustraire alors que les ennemis s’invitent? 

Les acteurs sont légion et ils viennent de tous bords. Ils se bousculent dans nos mines. Aux Etats-Unis, Herman Cohen, un diplomate qui a roulé sa bosse aux quatre coins du monde jusqu’à poser ses valises au Congo de Mobutu, n’a jamais raté une occasion de s’exprimer sur la question. L’homme aime être au centre de toutes les attentions et sa riche expérience professionnelle lui sert naturellement de visa.  

J’ai eu l’opportunité de rencontrer Monsieur Herman Cohen au cours d’une soirée privée offerte par l’ambassadeur Robert Weisberg dans l’Etat de Maryland aux États-Unis.  Plus d’une décennie s’est écoulée depuis cette rencontre et la RDC est toujours sur ses lèvres Le 9 mars de cette année , au cours d’une interview accordée à SBS , une radio australienne , l’homme a tenu littéralement ces propos: “…Je pense que des réformes sont en train d’être opérées au sein de l’armée gouvernementale…J’ai confiance que le gouvernement actuel qui est sous la présidence de Tshisekedi s’améliore progressivement…”.
J’avoue que ces mots, initialement prononcés par Fatshi et cette fois-ci ci repris par Herman Cohen, m’avaient réconforté. À nous de relever le défi pour asseoir les bonnes intentions. La nation nous en sera reconnaissante.

À Washington , différents courants politiques s’empoignent régulièrement dans tous les secteurs de la vie économique et sociale. La pensée politique n’y est pas monolithique. À mon avis, cette dynamique porte l’espoir d’une paix certes laborieuse , mais possible pour toute la région des Grands-Lacs. 

Le climat politique américain actuel peut nous être utile, favorable car notre cause est noble. Chers compatriotes, quel que soit le pays où nous résidons, invitons -nous à tous les débats qui engagent l’ intégrité physique de notre pays . La fatalité tue. 
 
La victoire ne vient pas que par les armes. Elle repose aussi dans la mise en œuvre d’une diplomatie agressive, multiforme et savamment ciblée. Tous les acteurs politiques américains et européens ne sont pas à mettre dans la même case.  Le croire serait une erreur grossière. 
  
L’histoire se souviendra de ces diplomates et autres fonctionnaires américains qui ont eu le courage d’exprimer publiquement leur mécontentement face à l’ampleur de la riposte israélienne dans la bande de Gaza. 

Chers compatriotes, parler des crimes commis à l’Est de la RDC sans faire un autre clin d’œil à Macron serait impardonnable. Je l’ai toujours en tête, cet illustre personnage. Depuis l’humiliation de la France au Mali, au Niger et au Burkina Faso, l’homme voit triplement rouge. Rouge comme le sang des congolais qui coule à ses pieds. 

Les largesses du président Macron à l’endroit de Kagame montent en flèche et cela au détriment des grands principes humanitaires longtemps bercés par le fleuron de l’intelligentsia français. L’accord signé entre l’Union Européenne et le Rwanda porte les traces de son génie malfaisant et illustre à merveille sa volonté de nuire. 
Âgé de dix-sept ou dix-huit ans à l’époque de l’opération Turquoise et ayant la tête dans les étoiles, l’intrépide adolescent semble ne s’être jamais intéressé tant au Rwanda qu’à la RDC et encore moins à l’ histoire commune de ces deux pays voisins. Résultat;  le jeune homme devenu chef d’Etat se fit remonter les bretelles par un Fatshi réparateur. 

Bref, la France de Macron et de Bolloré se régale à nos dépends. À nous de monter à l’assaut de diverses manières. La récente rencontre de Paris est un grand succès diplomatique. 

Obtenir du chef d’Etat français  qu’il déclare finalement haut et fort que “ la France ne transigera jamais sur l’intégrité territoriale et la souveraineté de la RDC”, n’est pas une mince affaire. Lors de sa visite au pays, ses mots pourtant attendus de tous lui étaient restés sur la gorge. La diplomatie peut user des civilités et de la violence. Le boycott a fait ses preuves en Afrique du Sud et ailleurs à travers le monde. Pourquoi nous en priverions-nous si rien de concret ne succède aux récentes déclarations de Paris ? Canal+, Orange, Apple et tant d’autres firmes méritent une attention soutenue . Bien entendu, des campagnes de sensibilisation ont déjà pris jour. Elles devraient se poursuivre afin de porter des fruits. L’ennemi a le cœur dans la poche. 

Cela dit et pour conclure , je nous adresse les mots d’un serviteur de Dieu de nationalité française. Il s’appelle Éric Célerier. Les voici: “ Parfois, les moments de vie que nous traversons sont si durs que nous ne voyons plus le miracle de Dieu au quotidien. Pourtant, les miracles sont partout autour de nous.” Très chers compatriotes, la paix à l’Est de notre pays est proche. Elle dépend énormément de notre dévouement. Soyons optimistes.

Leon Mulumba Ngandu
Ancien magistrat et enseignant au Foreign Service Institute/ Département d’Etat Américain.