RDC - Qui l'ex patron des renseignements Kalev menace-t-il : Katumbi ou Bahati ?

Vendredi 10 mai 2019 - 16:13
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L'ex puissant patron des renseignements Kalev Mutond a, le 8 mai 2019, proféré des menaces à peine voilées contre des anciens dignitaires du régime Kabila, coupables de ''traîtrise'' envers l'ex président de la République alors ''qu'ils lui doivent tout''.

Tout en renouvelant sa loyauté au président honoraire de la République, l'ex patron de l'agence nationale des renseignements (ANR) a déclaré dans sa missive ''qu'il ne restera pas les bras croisés'' face à ses anciens collaborateurs qui ont bénéficié des avantages du pouvoir mais qui s'attaquent à Joseph Kabila dans les médias internationaux.

Mais à qui s'adressent les menaces de Kalev ?

Pour bon nombre d'observateurs, les menaces de Kalev sont dirigées principalement contre le leader de l'opposition Moïse Katumbi Chapwe, qui s'est exprimé un jour plus tôt dans la presse internationale.

Le coordonnateur de la plateforme politique LAMUKA (pour 3 mois), ex proche de J. Kabila dont il a été gouverneur du Katanga pendant près de 10 ans, s'en est pris violemment à lui le 7 mai sur RFI et France 24.

Moïse Katumbi a qualifié Kabila d'être ''l'incarnation du mal'' et d'être le vrai ''Judas'' pour avoir trahi la constitution et le peuple congolais.

''Je ne voulais pas rester avec l'incarnation du mal, c'est pourquoi j'ai quitté Kabila.'', a affirmé l'ex gouverneur du Katanga.

Les propos de Katumbi font écho à ceux tenus dans les années 80 par l'ex Premier ministre Nguz -a- Karl Bond contre l'ex président Joseph Désire Mobutu, qualifié de ''mal zaïrois''.

Annonçant son retour pour le 20 mai, chose encore impensable il y a quelques mois mais possible grâce à l'accession au pouvoir de Félix Tshisekedi, Katumbi a tiré à boulets rouge contre Kabila en l'accusant notamment ''d'avoir tué les congolais à l'Est'' en RDC (Beni) et ''dans les deux Kasaï''.

Il n'en fallait donc pas plus pour faire sortir Kalev de ses gonds. C'était lui qui avait mis en place le dispositif Anti-Katumbi depuis la fameuse métaphore du 3ème faux penalty en 2016, dans laquelle il insinuait que Kabila n'avait pas remporté la présidentielle de 2011 mais avait triché. Depuis cette déclaration, considérée comme une déclaration de guerre par le camp Kabila, le divorce entre Kabila et Katumbi était consommée. Commença alors une répression totale contre Katumbi.

Kalev aujourd'hui sans la redoutable machine de repression que l'ANR n'est-il pas devenu un tigre en papier ? A t-il encore sa capacité de nuisance en l'absence des instruments de l'État ?

Comment mettra-t-il en exécution ses menaces dans un contexte de décrispation politique prônée par le président Félix Tshisekedi ?

Comment agirait-il ainsi sans gêner l'autorité de Félix Tshisekedi ?
Quelles formes prendront les menaces de Kalev ?

Autant de questions qui trouveront des réponses au delà du 20 mai, date annoncée du retour de Katumbi en RDC via Lubumbashi.

Ainsi, le retour de Katumbi et le safari politique qu'il va faire à travers toute la RDC, seront scrutés minutieusement pour voir si Kalev mettra en exécution ses menaces.

Par ailleurs, certains observateurs estiment que les menaces de Kalev sont aussi destinées à prévenir d'autres ''traîtrises''.
Ses menaces viseraient aussi Bahati Lukwebo, cadre influent de la coalition politique dirigée par J. Kabila, et dont les véléïtés d'émancipation n'ont jamais fait mystère.

Pour rappel, après 3 ans d'exil Moïse Katumbi s'apprête à regagner la RDC. Le président de Ensemble a reconnu la légitimité du président Félix Tshisekedi contrairement aux autres leaders de LAMUKA.

Parmi les premières personnalités à s'être déclarées candidats à la présidentielle de 2018. Il n'a pas pu concourir car forcé à l'exil.
Pas moins de 8 affaires judiciaires, notamment contre l'atteinte à la sûreté de l'État, ont été ouvertes contre lui.

Kalev Mutond après avoir fait la pluie et le beau temps à l'ANR y a été remplacé par Félix Tshisekedi qui a nommé un de ses adjoints.

Il figure parmi les personnalités Congolaises sanctionnées (gel des avoirs et restriction de visa dans l'espace Schengen) par l'Union européenne pour entrave au processus électoral et violations massives des droits humains.

Zabulon Kafubu