Crise diplomatique RDC-RU ? L. Mende qualifie Danae Dholakia, l’envoyée spéciale british,  de « maître-chanteur»

Vendredi 20 novembre 2015 - 05:53

Le moins que l’on puisse dire c’est que les relations entre la RDC et la communauté internationale sont particulièrement tendues à cause de l’enlisement du processus électoral. Les membres éminents de la communauté internationale ne cessent les uns après les autres de donner de la voix pour pousser le régime de Kinshasa à clarifier le processus électoral. Car pour la communauté internationale la stabilité et le développement de la RDC passe par des élections apaisées, transparentes et inclusives.  La dernière prise de parole sur ce sujet est celle  de Danae Dholakia, envoyée spéciale du Royaume-Uni (RU) dans la région des Grands-Lacs. La diplomate du deuxième bailleur de fonds bilatéral de la RDC (plus de 1 million et demie de dollars USD dépensés par jour en RDC), a dit notamment au cours d’un point de presse tenu le mardi dernier à Kinshasa que son pays n’hésitera pas à revoir son aide en faveur de la RDC, si les élections n’étaient pas organisées dans les délais constitutionnels, opération qui est encore faisable selon elle, et si le gouvernement procédait à une révision de la constitution. Ces propos ont fait bondir le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, qui a parlé de « chantage » et qui a qualifié la diplomate britannique de « maître-chanteur ». C’était au cours d’un point de presse tenu le jeudi 19 novembre 2015 à son cabinet.  Mende déplore que la position de l’émissaire de David Cameron  soit basée sur des « procès d’intentions » et « sur des anticipations curieuses et obscures ». Allusion claire au processus électoral.  Elle exerce un chantage sur notre pays cela est intolérable a dit Mende.   Mende s’indigne aussi du fait que le droit de réserve recommandé aux diplomates dans l’usage de la parole sur des questions de souveraineté, en l’occurrence les élections, n’ait pas été observé par le missi dominici de la reine d’Angleterre. Et Mende d’enfoncer le clou en disant que même les promesses de dons financiers souvent mis en exergue par les occidentaux ne sont que des « promesses oiseuses ». Le porte-parole du gouvernement affirme ne jamais voir l’argent promis par les bailleurs des fonds car souvent il est assorti des conditionnalités difficiles à remplir. À s’y méprendre on peut donner raison à Mende. Mais c’est vite oublier que la communauté internationale a englouti des milliards USD pour stabiliser la RDC. Elle a légitimement et légalement un certain droit d’ingérence de par la résolution que le Conseil de sécurité de l’ONU a octroyé à la Monusco : stabiliser la RDC.  A ce titre, elle ne permettra pas que les efforts consentis pendant plus d’une décennie soient balayés par un régime de moins en moins enclin à consolider la démocratie par l’organisation des élections et le respect de la constitution. C’est du moins l’image qu’il renvoie de lui.  Mende a encore fait son show, mais ça n’ira pas plus loin que cela. L’ambassadeur britannique en RDC ne sera pas convoqué. Et les relations diplomatiques entre la RDC et le Royaume-Uni ne seront pas rompus mais si Mende ne voit pas la couleur de l’argent de la couronne britannique. Encore une fois le gouvernement est dans la rhétorique rien de plus.  Personne ne croit sérieusement qu’il a impressionné la communauté internationale au point d’infléchir sa politique envers la RDC. Sa politique est claire: calendrier électoral et budget d’abord avant de voir la couleur de l’argent.