De retour de Dakar, l’opposant Diongo crible le pouvoir

Vendredi 18 décembre 2015 - 11:37

L’opposant Franck Diongo est très remonté. Très remonté qu’il a durcit le ton contre le régime. Deux jours après son retour du Sénégal où il a participé avec d’autres opposants et activistes congolais de la société civile à un séminaire sur les élections, le leader du Front anti-dialogue a dénoncé ce qu’il qualifie de manœuvres du pouvoir pour exposer les dignes fils du pays à la vindicte populaire. Pacifiste reconnu, Diongo s’étonne que le pouvoir le mêle dans un mouvement insurrectionnel. D’après lui, le président Kabila et M. Mende savent que Diongo mène toujours un combat démocratique. ‘‘S’il y a des gens qui ont levé l’option ne pas faire la guerre dans leur vie, c’est connu que c’est Diongo et le Mlp’’, déclare-t-il. Le leader du Mouvement Lumumbiste Progressiste pense que le message distillé par le pouvoir est un signe de peur et une manière désespérée de disqualifier les opposants qui refusent le dialogue et qui se battent réellement pour l’alternance. Il rappelle que la conférence s’est tenue à l’Institut de Gorée en pleine Ile de Gorée au Sénégal. La Fondation Konrad Adenauer qui a lancé les invitations est une structure mondialement connue. Les thèmes et les exposés étaient focalisés sur les élections et l’alternance démocratique. Alors s’interroge Franck Diongo, d’où est venu le message d’insurrection. Insurrection contre qui et pourquoi ? Quelle loi avons-nous violé ? Est-il interdit d’aller partager l’expérience avec les africains d’autres pays en matière de liberté et de conquête démocratique du pouvoir ? Et Diongo de conclure que le pouvoir est aux abois et doit avoir honte. Honte d’avoir menti le peuple. Il n’a jamais été question d’apprendre le jihadisme ou faire des réunions avec les terroristes. Par contre, il estime que le Congo-Kinshasa a gagné avec le séminaire de Gorée. Il a gagné par l’unité de l’opposition, l’unité de l’opposition et de la société civile mais surtout par la mise à l’écart des égos des opposants et la prise de conscience par les leaders de l’opposition des échecs de 2006 et 2011 pour renverser la tendance en 2016. Le radical opposant considère que c’est l’énergie du désespoir qui pousse les faucons du pouvoir à agir ainsi. Le lumumbiste constate surtout que le cycle d’effondrement du régime est devenu irréversible. L’agitation créée autour de Gorée démontre que la fin de règne du régime Kabila a sonné. Devant un bataillon de la presse, Diongo a dénoncé le mensonge d’état qui, selon lui, a discrédité le pouvoir. A cette même occasion, il a demandé la destitution pure et simple de Jean Marie Kassamba de la présidence de l’Unpc pour propagande de mauvais goût et violation des règles d’éthique et de déontologie. Le meilleur élu de la Lukunga pense que le temps de dévoilement a sonné. Deux camps vont se créer. Les situationnistes, positionnistes qui défendent l’argent et les postes mais aussi les patriotes premiers défenseurs des valeurs républicaines et de la constitution. Franck Diongo, le Mlp se retrouve dans le camp de la partie avec tous les acteurs politiques de l’opposition et ceux de la société civile qui ont choisi de défendre la république contre les jouisseurs et les assassins de la démocratie. Voilà pourquoi il annonce la création  le 19 décembre du ‘‘Front citoyen’’ qui va stopper tout élan de glissement. ‘‘Nous sommes déterminés à empêcher le changement de la constitution et à obtenir l’alternance en 2016’’, précise Diongo. Il prévient que dialogue ou pas dialogue, la présidentielle aura lieu en 2016 et M. Kabila doit être exclu du jeu parce que, dit-il, sa page est déjà tournée. Le tort de l’opposition, c’est de défendre la légalité constitutionnelle. La promesse de Diongo est de permettre au peuple congolais de choisir ses dirigeants librement dans la paix. Il rappelle que personne ne pourra arrêter un peuple qui défend sa liberté. L’article 64 sera appliqué si le régime s’entête. Aussitôt rentré, Diongo a exigé mais n’a pu malheureusement obtenu du rapporteur le document lu en plénière par le président de l’assemblée nationale chargeant les opposants de conspirer contre la république. Le refus de donner le document dénote que c’est un faux, un montage grossier et un échec du bureau qui a voulu exposer les leaders de l’opposition au mépris du peuple. Il s’est ensuite indigné des attaques contre le Sénégal, un pays référence en matière de démocratie. Et que dire des profanations du régime contre l’Ile de Gorée- lieu de commémoration, de prise de conscience, symbole de la lutte africaine, c’est une véritable déception, déclare Diongo.