Lambert Mende invite la CENCO à se transformer en parti politique

Vendredi 19 septembre 2014 - 11:09

Image retirée.Au lieu de se cacher derrière le manteau ecclésiastique pour poser des actes politiques, le porte-parole du Gouvernement congolais invite la CENCO à se transformer en parti politique. Désormais, elle devra s‟affirmer comme tel pour ne pas se substituer à la représentation nationale pour juger et trancher des questions qui relèvent de la compétence des institutions politiques de la République.

C‟est sur ce ton que le patron des médias congolais est monté au créneau pour fustiger la prise de position des Evêques dans leur lettre épiscopale du 14 septembre 2014, qui s‟insurge et prête intention aux institutions politiques quant à la révision de la Constitution. Ceci, pendant que la lettre du Saint Père, le Pape François adressée aux Evêques du Congo du 12 septembre 2014 souligne que les prélats catholiques doivent observer ce qui suit : « Alors que votre pays va connaître des rendez vous politiques importantsz pour son avenir, il est nécessaire que l‟Eglise apporte sa contribution, tout en évitant de se substituer aux institutions politiques et aux réalités temporelles qui conservent leur autonomie. En particulier, les pasteurs doivent se garder de prendre la place qui revient de plein droit aux fidèles laïcs, qui ont justement pour mission de témoigner du Christ et de l‟Evangile en politique et dans tous les autres domaines de leurs activités », a affirmé le Pape. Puisque la CENCO n‟a pas tenu compte de l‟exhortation du Pape, le porte- parole du Gouvernement attend combattre tout groupe apolitique qui veut saboter les efforts du gouvernement et de trancher sur des questions qui relèvent des institutions politiques.

A en croire le patron des médias, la tendance observée dans certains discours récents (Ndlr sénat-CENCO) à vouloir donner une réponse institutionnelle à la problématique de la révision de l‟article 220 de la Constitution que jamais encore personne n‟a posé à une institution politique (Ndlr Assemblée nationale et le Sénat) de notre pays procède de cette hostilité invaincue qui constitue en elle-même une sérieuse hypothèque à l‟émergence de la nation congolaise. Et de renchérir que le mélange délibéré des genres sur une question aussi sensible n‟est pas fortuit. Evoquant la lettre du Pape François, Lambert Mende souligne que les pasteurs de l‟Eglise catholique romaine avaient certainement de bonnes raisons de lancer un message à leurs brebis à partir de ce pays étranger où ils séjournent dans le cadre d‟une visite protocolaire qui intervient une fois tous les cinq ans. « Toutefois, nombre de congolais ne cachent pas leur perplexité devant ce qui prend les allures d‟une véritable extraversion de la pensée que l‟on croyait jusque-là exclusivement réservée à une certaine jeunesse déboussolée, candidate à l‟exil économique en Occident mais qui semble être aussi le fait de membres de l‟élite », a dit le porte-parole du Gouvernement

Le complot contre la RD Congo envisagé

Cette bouche autorisée de l‟exécutif central a rafraîchi la mémoire des uns et des autres lorsqu‟il insiste pour dire que 54 ans après l‟accession de la RD Congo à la souveraineté nationale et internationale, la Rdc veut se libérer mentalement de l‟emprise étrangère sur des questions de la souveraineté nationale. Pour lui, l‟exhortation des membres de la CENCO sonne aux yeux de beaucoup de Congolais comme un nouveau gage offert à des maîtres à penser Occidentaux. « D‟aucuns évoquent déjà une reproduction de la collusion entre les intérêts épiscopaux congolais (Ndlr : Affaire Agetraf) et de milieux néocolonialistes, comme en 1960 ».

Donc, il apparait assez clairement qu‟aujourd‟hui, comme en 1960, la RDC est mise à l‟encan par certaines de ses élites au service de puissants groupes d‟intérêts étrangers qui n‟ont d‟autres objectifs que de préserver leurs privilèges. A travers cette prise de position des Evêques congolais face aux questions d‟enjeux de l‟heure, le Gouvernement note que les Evêques ont affiché des positions variées et parfois contradictoires depuis leur dernière lettre pastorale de juin 2014. Mende rappelle que les mêmes Evêques, au mois de juin, vitupéraient sans nuances contre toute révision de la Constitution, y compris les dispositions non verrouillées.

C‟est dans cet esprit que les évêques avaient écrit : « Tout mode de scrutin, qui priverait le souverain primaire de son droit de désigner ses gouvernants et de participer directement à la gestion de la cité…, allusion faite à un projet déposé au parlement par le gouvernement pour l‟élection au suffrage universel indirect des députés provinciaux pour laquelle un coûteux scrutin direct est prévu dans la Constitution. Les évêques affirmaient à ce propos qu‟ils soutenaient “les élections des députés provinciaux et même des maires et des bourgmestres par mode de scrutin direct”.

Les intentions imaginaires des évêques

« Ils donnent l‟impression d‟avoir fait le deuil de leurs obsessions politiciennes antérieures relatives aux modes de scrutins et aux élections des députés provinciaux », souligne Mende, qui affirme que hier matin sur les antennes de la RFI devenue une véritable caisse de résonnance de la CENCO, un des signataires de la lettre pastorale a prétendu pince-sans-rire que la révision de l‟article 197 de la constitution sur les élections des députés provinciaux « vidait de sa substance l‟article 220 parce que le scrutin indirect est contraire au suffrage universel qui est verrouillé dans l‟article mentionné ». Compte tenu de ce manquement, le ministre pense que ce prélat devrait mieux maîtriser les concepts avant de les brandir à tort et à travers pour intoxiquer les congolais. En réalité, le suffrage universel dont il est question effectivement à l‟article 220, peut être direct et/ou indirect. Pour le Gouvernement de la RD Congo, dans une société démocratique, nul ne peut s‟arroger le pouvoir d‟empêcher le choc des idées qui reste un atout pour le progrès. La prétention des Congolais auteurs de la lettre pastorale du 14 septembre à museler par des menaces à peine voilées toute opinion contraire à celle des évêques, donne quelque substance qui inquiète le gouvernement face à une école de procès d‟intention. Ce faisant, les évêques sont bel et bien tombés dans le piège de la substitution car, ni plus ni moins, ils ne font que prendre carrément la place du peuple congolais, ce souverain primaire dont ils prétendent défendre les droits inaliénables.