Le prof. Sylvain Shomba Kinyamb fait le point de l’ « Enquête sur la violence, la pauvreté et les discriminations urbaines en RDC »  

Lundi 12 octobre 2015 - 14:19

Dans le cadre du projet « Nature et acteur de la violence, de la pauvreté et des discriminations urbaines en ROC», parrainé par l’Université de Kinshasa, deux centres de recherche, à savoir la Chaire de dynamique sociale « CDS » et l’Institut congolais de recherche en développement et études stratégiques «ICREDES», mènent depuis deux ans, des enquêtes autour du triptyque violence, pauvreté et discriminations urbaines, dans les villes de Kinshasa et de Mbuji-Mayi. En vue de fixer l’opinion sur les avancées de ces enquêtes, le coordonnateur du projet, le professeur Sylvain Shomba Kinyamba, s’est confié au Journal Le Potentiel.

 

Le projet « Nature et acteurs de la violence, de la pauvreté et des discriminations urbaines en RDC » que vous conduisez arrive bientôt à son terme, pouvons-nous savoir comment appréciez-vous les rapports entre les deux Centres (CDS et ICREDES) qui l‘exécutent en consortium?

 

La qualité des rapports entre les chercheurs de nos deux centres est excellente et c’est grâce à cela que les travaux avancent très bien. En outre, ce sont des personnes qui se côtoient et s’apprécient depuis belle lurette. Chaque centre a beaucoup appris et apporté à l’autre aussi bien au plan de l’expérience de terrain que théorique et même de la connaissance empirique en rapport avec les thématiques abordées. Ce rapprochement se renforce encore davantage par l’appropriation des exigences de qualité que ne cesse de rappeler les responsables du CRDI gestionnaires du programme.

 

En attendant la fin de vos analyses, peut-on savoir succinctement, les principales tendances des résultats obtenus à ce jour par votre équipe?

Cette question est anticipée dans la mesure où le triptyque abordé par notre équipe des chercheurs est très complexe et ne pouvait que donner lieu à plusieurs résultats, qui, à notre avis, sont tous importants pour permettre une saisie globale des différentes ramifications des thèmes abordés. Toutefois, l’essentiel des résultats se concentrent sur la marginalisation économique extrême. de la masse juvénile comme facteur de basculement à la violence ; la densité du tissu urbain lacunaire qui sert des réservoirs aux criminels à peine dissuadés par une police limitée en effectif de son personnel et en moyens logistiques ; la prise de conscience de l’insécurité qui conduit à l’ajustement des comportements aux sentiments d’insécurité, l’élaboration des stratégies d’évitement volontaire des lieux ou des moments de la journée considérés plus dangereux, il s’agit ici, d’une «auto-exclusion », c’est-à-dire d’« un couvre-feu de fait », etc. Ces résultats seront complétés par d’autres, à travers le rapport final du projet attendu dans les tout prochains mois.

 

Quels sont les principaux livrables produits jusqu ‘ici par votre équipe et sont-ils mis à la disposition du grand public?

Plusieurs documents ont été déjà publiés. En l’occurrence : deux monographies de 104 pages chacune consacrées aux sites des enquêtes (Kinshasa et Mbuji-Mayi) ; un numéro spécial de la revue « Mouvements et Enjeux Sociaux (MES) », des articles de vulgarisation parus dans les journaux congolais dont Le Potentiel, sans oublier les interviews avec la presse audio-visuelle. Ces publications sont disponibles sur le site web du CRDI et bientôt sur ceux de la CDS et de l’ICREDES.

 

Que vous reste-t-il encore à organiser comme activités pour conclure votre investigation ?

Il nous reste à parfaire les activités inhérentes à une batterie de huit questions. Elle configure et cerne, entre autres problématiques : (quels sont les facteurs qui contribuent le plus au triptyque : urbanisation, inégalités! pauvreté et violence dans les villes congolaises ; quels sont les mécanismes spécifiques par lesquels l’urbanisation en RDC engendre la violence sociale; quels sont les modes d’approches utilisées par les acteurs étatiques et non-étatiques pour éradiquer et/ou réduire la violence et les inégalités sociales dans le processus d’urbanisation de Kinshasa et Mjuji-Mayi; quelles sont les raisons établies qui font que ces villes touchées par le triptyque, soient fragilisées par le phénomène de violence sociale aux natures différentes; quelle est la nature des politiques et stratégies pertinentes à adopter pour contenir le triptyque et ses conséquences et enfin, trouver les possibilités de dégager les voies et moyens de vulgariser les résultats de cette recherche... ?) Les réponses à ce propos interrogatif constitueront le point d’ancrage de cette recherche.

 

Quels canaux utilisez-vous pour assurer une large diffusion de vos résultats définitifs en vue de favoriser un impact réel suries attitudes et les comportements des Kinois et Mbuji-Mayens, vis-à-vis des causes et des effets du triptyque?

Nous pouvons citer, entre autres canaux, une distribution à grande échelle de nos propres livrables : les deux monographies sus évoquées, le numéro spécial de la revue MES, le rapport général du projet, un livre collectif, les coupures des journaux sans oublier des communications et exposés à l’attention des pouvoirs publics, de la Société civile, et de la population les interventions dans les médias audiovisuels, l’organisation des divers ateliers d’information, de vulgarisation et de renforcement de capacités, au niveau national et sous régional. le montage et la production des petits films ad hoc, l’implication des faiseurs d’opinions notamment du monde musical et du théâtre populaire, l’insertion parmi les matières à débat au niveau du parlement avec option de déboucher sur une loi spécifique.

 

Votre dernier mot

Je rêve à ce jour qui va sonner la fin, que j’espère glorieuse, de ces travaux combien nobles, complexes et délicats. Je rêve encore davantage à l’idée que nous n’aurons pas perdu notre temps. Car, l’impact de nos recommandations qui prendront appui sur notre plan stratégique de leur mise en oeuvre se voudrait d’être remarquable.

 

Propos recueillis par Stanislas NTAMBWE