L’heure du grand nettoyage ayant sonné : CENI, les têtes commencent à tomber !

Vendredi 17 octobre 2014 - 13:23

Le succès d’un processus électoral dépend fondamentalement de trois paramètres incontournables : le fichier électoral, le système électoral et la dimension éthique du personnel comme des dirigeants appelés à conduire ledit processus. Si l’un des trois paramètres n’est pas pris en compte de manière rigoureux, on débouche sur une déroute électorale sans précédent. Comme en 2011.

En 2011, justement, les trois paramètres ont été systématiquement foulés aux pieds. D’où la catastrophe à laquelle l’on a assisté. Face à cette situation, tout le monde a convenu de la corriger sans délai la dérive. Une foule de recommandations furent formulées à l’attention de la nouvelle administration électorale. Ainsi, de l’avis de tous les experts, la priorité du nouveau processus était de rétablir, toutes affaires cessantes, les trois paramètres fondamentaux.

L’ivraie

Concernant le fichier et le système des élections, un effort considérable a été fourni, à ce jour. Mais, il restait un chantier très compliqués, puisque glissant : la qualité du personnel et des dirigeants de la Ceni. Cette dernière continuait, jusqu’en ce début octobre, à loger beaucoup de moutons noirs. Des opérateurs sans foi ni loi qui ont activement participé, par leur manque d’honnêteté criante, à la grande débâcle électorale de 2011.

Comment pouvait-on arriver à dénicher toutes les brebis galeuses dans un contexte dominé par la délation et les accusations sans preuve ? Pour une Ceni sous la pression constante de la classe politique nationale et de la communauté internationale, le dilemme était un véritables casse-tête chinois.

La nouvelle administration électorale a jugé pertinent de mettre sur pied une commission de contrôle physique et administratif du personnel. Il a fallu neuf mois à cette commission, soit d’octobre 2013 à août 2014, pour débusquer toutes les brebis galeuses qui infectaient le processus électoral.

Toutes les antennes de la Ceni, territoire par territoire, ont été passées au peine fin. Une première depuis que la Ceni existe.

Au terme de cette mission de tous les enjeux, près de 300 moutons noirs ont été débusqués. Ceux-ci se sont retrouvés coupables d’abandon de poste (il y en a même qui se trouvaient en dehors du pays sans justification), coupables de détournement de fonds destinés au personnel, au fonctionnement et à la liquidation des dettes et aussi coupables de détournement d’équipements et matériels électoraux.

Ainsi, par exemple, sus le coup de cette dernière flagrance, la commission a trouvé que la jeep Nissan du chef d’antenne à l’Equateur était louée au HCR. Dans les autres provinces, les véhicules de service ou les groupes électrogènes étaient détournés pour un usage domestique ou étaient affectés à des parents, des copines et des amis. On a aussi découvert des hors bord qui étaient affectés aux activités commerciales des individus. Pas vraiment besoin d’un dessin pour comprendre que pareil type d’agents et cadres n’hésiteraient pas un seul instant à trafiquer, monnayer et altérer les résultats des urnes en faveur du plus offrant, d’un proche ou d’une copine.

Sonnette d’alarme

Au mois d’août 2014, la première bombe est tombée : 96 agents ont été révoqués. Le 9 et le 15 octobre courants, un autre lot de 144 agents et cadres pour la première date et d’une trentaine pour la seconde date, ont été remerciés.

Très bientôt, la Ceni va rendre publique tous les postes vacants et va recourir à deux entreprises internationales pour superviser le recrutement par méthode d’appel à candidature. Après le recrutement il y aura un test public suivi d’une rigoureuse sélection des candidats méritants.

En s’occupant du troisième et dernier paramètre de crédibilisation du processus électoral, la Ceni vient de lancer un sévère avertissement à tous ceux qui continuent de croire qu’il se joue une méchante comédie à la Centrale électorale. Ceux qui ne comprennent pas que le train a pris sa vitesse de croisière, seront très désagréablement surpris l’année prochaine et en 2016.

Au lieu de discuter sur le sexe des anges, il faudrait commencer à se préparer sérieusement aux joutes électorales qui s’annoncent. Un politicien averti …

LP