Présidentiel, exclusion de près de 1million 300 mille électeurs à Beni et Butembo : la CENI joue-t-elle avec le feu ?

Jeudi 27 décembre 2018 - 08:05
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Exclusion de près de 1 million 300 mille électeurs de la présidentielle du 30 décembre par la CENI, Corneille Naanga Yobeluo joue-t-il avec le feu ?

Pour des raisons sécuritaire (conflit inter-ethnique) et sanitaire (épidémie de Ebola), la commission électorale nationale indépendante (CENI) a, mercredi 26 décembre, écarté définitivement du scrutin présidentiel les électeurs de Beni-Ville, Beni-Territoire et Butembo-Ville (dans le Nord-Kivu) et à Yumbi dans le Maï-Ndombe.

Les conséquences sont de cette mise à l'écart sont incalculables, d'après plusieurs analystes, qui estiment que dans un scrutin présidentiel majoritaire à un tour, 1 million 300 mille électeurs sur 40 millions, c'est pas rien.

Mais le plus intriguant, c'est le double langage de la CENI.

Ils font observer que lors des troubles survenus dans les Kasaï en 2017, la CENI avait déclaré que l'on ne pouvait pas aller aux élections sans le centre du pays.

Lors de l'incendie qui, le 13 décembre, a réduit en cendres son principal dépôt de Kinshasa, et avec lui plus de 8 mille machines à voter, la CENI avait aussi déclaré qu'il n'était pas question d'envisager le vote sans la capitale rd-congolaise qui compte près de 4 millions 500 mille électeurs.

''Mais alors, pourquoi, en ce qui concerne le tiers de l'électorat du Nord-Kivu, la CENI décide-t-elle de se départir de sa jurisprudence ?'', s'interroge un analyste politique ?

Pour plusieurs analystes, les vraies raisons de cette exclusion d'une partie de l'électorat sont politiques.
Ils s'accordent à dire que le Nord-Kivu est un bastion de l'opposition à cause notamment de l'insécurité récurrente qui y a fait des milliers de morts. Le désamour entre cette partie de la République et le pouvoir s'est christalisé depuis belle lurette, font-ils remarquer.

Ils affirment sans ambages que ce ''crime'', si crime il y a, profite bel et bien au candidat de la coalition au pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary.

Sans le vote de cet électorat, qui représente près de 3% de l'électorat national (40 millions d'électeurs), c'est un handicap certain pour l'opposition le jour du vote à la présidentielle, dans 3 jours.

Autre problème créé par cette mise à l'écart des électeurs, c'est le fait que la RDC n'aura pas de nouveau parlement et de nouvelles assemblées provinciales avant avril.

En effet, la nouvelle loi électorale a introduit une innovation : l'atteinte des seuils (1% des suffrages exprimés pour les élections législatives et 3% pour les provinciales) pour qu'un parti ou un regroupement politique soit éligible au partage des sièges dans les circonscriptions à plusieurs sièges.

Comment les partis ou regroupements politiques fortement implantés à Beni et à Butembo notamment , feront-ils pour atteindre le seuil après avoir concouru aux législatives et provinciales le 30 décembre ?

Devront-ils patienter jusqu'en mars 2019, mois prévu pour le report des élections législatives et provinciales à Beni, Butembo et Yumbi ; pour savoir s'ils ont atteint le seuil d'éligibilité ?

The last but not the least, être élu président de la République sans l'électorat d'une partie du Nord-Kivu réduit de manière sensible la légitimité du nouveau chef de l'État.

Les élections générales en RDC sont prévues le 30 décembre après 3 reports.
Elles étaient prévues en décembre 2016.
Leur non-organisation a plongé la RDC dans une crise politique aiguë.
Ces élections devront consacrer la première alternance pacifique au pouvoir en RDC car le président Kabila, fin mandat, ne peut plu se représenter.
Le processus électoral n'est pas consensuel et apaisé.
La machine à voter et le fichier électoral sont fortement contestés par l'opposition et la société civile.
La campagne électorale a été violente et sanglante.
Le décor est planté pour la contestation des résultats en cas de victoire du candidat de la coalition au pouvoir : le Front Commun pour le Congo (FCC).

C.P