REVISION CONSTITUTIONNELLE ET RETRAIT DE LA CENI Opposition : des divergences persistent

Jeudi 25 septembre 2014 - 10:54

L’Unc Vital Kamerhe estime qu’il s’agit d’une pression pour déboucher sur
le dialogue avec la Majorité.

L’Opposition congolaise est à nouveau divisée. Cette fois-ci, c’est au sujet des mesures à prendre pour contrer la révision constitutionnelle. A l’Assemblée nationales par exemple, les quatre groupes parlementaires de l’Opposition à savoir l’Udps et alliés, l’Unc et alliés, les Libéraux démocrates et le Mlc ont décrété un boycott des travaux.

Plus encore, ils ont convié leurs représentants au Bureau de la CENI de se retirer de cette institution sans autre forme de procès. Retrait lié au débat sur la révision de la Constitution et la gestion de la centrale électorale qui ne garantit pas la tenue d’une élection transparente et crédible.
A la suite de cette décision, il est apparu des divergences de fond manifestes au sein de l’Opposition. Celle-ci n’est pas du tout unanime et ne l’entend pas du tout de la même oreille. Par exemple concernant le retrait de la CENI, le Mlc boude et ignore et donc n’a, par conséquent, pas donné de mot d’ordre à son représentant à ce sujet.
Ce dernier continue imperturbablement à travailler aux côtés de l’Abbé Apollinaire Malumalu Muholongo. En ce qui concerne le groupe parlementaire " Udps et alliés ", l’ordre a été donné à son représentant, le Rapporteur de la CENI Jean-Pierre Kalamba de suspendre sa participation au Bureau.
Mais comme on le sait, celui-ci a réuni la presse pour donner son refus catégorique d’obtempérer à cet ordre du groupe parlementaire, " Udps et alliés ", c’est-à-dire son propre groupe, celui-là même qui l’a mandaté au Bureau de la CENI.

CORDON OMBILICAL ROMPU

Pour Kalamba, le cordon ombilical est rompu avec son groupe parlementaire depuis le jour où il a prêté serment comme membre du Bureau de la CENI. Dès cet instant, il représente non n’importe quel groupe, mais bien le seul peuple congolais au service de qui il travaille.
Par ailleurs, pour renforcer cette position, il a eu recours au dispositif sur le statut juridique de l’indépendance des membres de la CENI. Partant, il ressort que puisqu’il est indépendant selon les textes organisant la CENI, il ne peut donc se plier aux ordres du groupe parlementaire " Udps et alliés ".
Kalamba continue donc à siéger au Bureau de la CENI. Quant à Gustave Omba du groupe parlementaire " Unc et alliés " on sent son embarras. Il dit qu’il est en train de réfléchir mais il ne réservera la primeur de sa réflexion qu’au Président de la CENI et celui de l’Unc, Vital Kamerhe.
Mais jusqu’ici, il ne s’est toujours pas exécuté. Même chose pour le groupe parlementaire des " Libéraux démocrates ". On décompte, il appert qu’aucun membre du bureau de la CENI n’a suivi le mot d’ordre de l’Opposition. Celui-ci a fait flop. Pour diverses raisons. La principale est cependant d’ordre pécuniaire.
Dans un pays où tout le monde est accroché aux tétons du trésor public, on ne voit pas comment un mandataire public quelconque mettrait fin à des avantages divers pour suivre un mot d’ordre de boycott. C’est la réalité dans tous les secteurs publics y compris le Gouvernement.
L’Opposition, en décrétant les yeux fermés le boycott, n’a pas pris en compte cette dimension du tube digestif qui prime sur les convictions politiques. Au fait, combien en font la démonstration dans la classe politique ?
Au plan politique, la décision elle même semble ne pas avoir été bien murie. Elle n’a pas fait l’unanimité dans la mesure où elle a accouché des divergences de fond au niveau même de l’Opposition avec le Mlc qui n’est pas inscrit dans cette logique.
Mais elle a le mérite de démontrer que l’union de l’Opposition est encore du domaine chimérique. La preuve est donnée par le mot d’ordre de de boycott qui a tourné au vaudeville. Il en est de même de la stratégie pour combattre la révision constitutionnelle avec l’ordre boycott décrété au niveau de la Chambre basse.
Là également, tout le monde n’est pas du même avis. Nombreux sont ceux qui continuent à soutenir que la meilleure stratégie, c’est d’être dans la salle pour affronter la Majorité, argument contre argument. Le boycott qui est la politique de la chaise vide laissera libre cours aux révisionnistes qui passeront comme une lettre à la poste.

DES DECISIONS A L’EMPORTE-PIECE

En décidant le boycott, l’Opposition prouve aussi qu’elle n’a fait aucune analyse pour intégrer dans sa stratégie les antirévisionnistes de la MP. Que deviennent-ils dans la salle lorsque l’écrasante majorité des anti sont à l’extérieur ?
Comme on le voit, ces décisions prises visiblement à l’emporte-pièce ne pouvaient que soulever des montagnes au sein même de l’Opposition. S’exprimant devant la presse hier, Vital Kamerhe, Président de l’Unc, l’un des concepteurs de cette stratégie de boycott à la CENI a explicité la pensée de l’Opposition.
Il ne s’agit pas du tout d’un mot d’ordre pur quitter le bureau de la CENI. Loin de là. Le boycott est juste un moyen de pression pour obtenir un dialogue avec la Majorité. C’est à ce niveau que tous les débats seront engagés, la Constitution, le processus électoral que conduit la CENI avec un Bureau où siègent les opposants mais qui ne rassurent pas les Etats-majors de l’Opposition.

DIALOGUE

Le mot magique qu’il faut encourager est bien sorti. Quand on prend la matière constitutionnelle avec les arguments tranchés alignés soit sur le oui ou le non, il n’y a que ce dialogue qu’appelle de ses vœux Vital Kamerhe qui peut rapprocher les uns et les autres. Restera à se mettre d’accord sur la nature de dialogue. Est-ce celui prévu à l’Accord-cadre de Nairobi comme réclamé par l’Udps, l’Unc et Ecidé ? KANDOLO M.