Richard Muyej à Beni : « Ce qui est arrivé est un coup fort pour la nation, il nous faut absolument relever le défi »

Lundi 27 octobre 2014 - 09:26

En mission d’évaluation de la situation dans les localités d’Eringeti, de Mbau et d’Oicha (à 60 km au nord-est de Beni-Ville) en compagnie du gouverneur du Nord-Kivu (Est de la RD Congo) après les massacres de 84 personnes par des rebelles ougandais de l’ADF-Nalu, le ministre de l’Intérieur Richard Muyej a appelé à « relever absolument le défi ».

« Je ne sais pas s’il y a des mots pour exprimer notre état d’âme. Ce qui est arrivé est grave, c’est un coup fort pour la nation. Je ne manquerai pas de dire que c’est même une humiliation. Il nous faut absolument relever le défi », a-t-il déclaré à son arrivée au quartier Bloc-Subi, à Eringeti.

Message de compassion du chef de l’Etat

Le ministre de l’Intérieur a visité le vendredi 24 octobre 2014 les lieux de crime commis par les ADF-NALU et est allé s'incliner devant les tombes des victimes avant de s’adresser aux habitants d'Eringeti à travers un meeting populaire.
Il leur a transmis « le message de compassion du chef de l'Etat, Joseph Kabila, et de l'ensemble du gouvernement de la République qui ne ménagent aucun effort pour le rétablissement rapide de la sécurité ».

« Il faut renforcer les services de sécurité pour anticiper désormais les faits », a déclaré Richard Muyej pour rassurer la population d'Eringeti qui, selon la presse locale, a été « très consolée par sa présence ».

Calmer la situation de rupture de confiance

A Oicha et dans le secteur Beni-Mbau où il a eu « un dialogue social » avec la population, le ministre de l’Intérieur a « répondu aux différentes préoccupations des habitants qui plaident inlassablement pour le retour de la paix ». Richard Muyej a insisté sur « le rôle de la Monusco » et invité la population à « ne jamais tomber dans les intoxications » et à « continuer à faire confiance aux forces de la République ».

«Notre armée se déploie dans l’espace et nous devons être en contact avec cette armée, pour la renforcer davantage de manière à protéger nos populations de manière efficace», a-t-il souligné après s’être rendu au cimetière de Mapiki, où sont enterrées ces victimes.

Le ministre d Richard Muyej, le gouverneur Julien Paluku du Nord-Kivu, le chef de la Monusco Martin Kobler et l'Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations-Unies pour la région des Grands Lacs sont arrivés jeudi 23 octobre 2014 dans la ville de Beni.

Ils sont allés « se rendre compte notamment des dégâts qu'a causés la population dans les installations de la Monusco à Mavivi et continuer à calmer la situation de rupture de confiance entre le peuple et la mission onusienne » dont la base à Beni a été envahie par plusieurs personnes qui ont « cassé des cameras de surveillance et menacé les Casques bleus militaires».

« Ces derniers ont tiré sur la foule pour la disperser et encore 9 personnes ont été blessées, dont l'une d'elles grièvement atteinte par balle a l'œil », selon la presse locale qui rapporte que, « pendant 48 heures, cette ville a connu des troubles à la suite de la mort par balles de 2 jeunes à Mbau qui manifestaient contre l'immobilisme de la Monusco face aux attaques en répétition des ADF-NALU ».

Toutefois, rassure-t-elle, « le calme est revu à Beni » où est rentré jeudi le ministre de l'Intérieur qui « privilégie un climat  de paix » après avoir passé 48 heures à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.

Les jeunes exhortés à « privilégier la paix »

« Richard Muyej aussitôt arrivé, a conféré, d'abord avec les députés nationaux en séjour de travail à Beni, ensuite avec les délégations des jeunes de Oicha, Mbau et Mavivi retrouvées au sein de la société civile. Avec à ses côtés le gouverneur Julien Paluku Kahongya, il a reçu une brève restitution du constat dégagé par les élus nationaux de Beni lors de leur mission dans les zones où les ADF-NALU ont semé terreur et désolation avec les massacres des populations civiles », rapporte la presse locale.

Elle signale qu’« avec les jeunes de Oicha, Mbau et Mavivi, le ministre de l'Intérieur a joué au sapeur pompier, il a demandé à ces jeunes d'éviter de se rendre justice et de privilégier la paix ».

Il a invité « tous les jeunes à continuer à dénoncer tout cas suspect  et à être les vecteurs de la sécurité et non la base des troubles ». En réponse, les jeunes ont pris le « ferme engagement » de s'« abstenir des actes de violence contre la Monusco, de  coopérer efficacement avec les services de sécurité pour ne pas donner l'occasion aux ennemis de la paix d'investir la ville et endeuiller le Nord-Kivu ».

A son tour, le chef de la Monusco, Martin Kobler, a appelé les populations du territoire de Beni à « refaire confiance aux opérations conjointes avec les FARDC pour traquer les rebelles ».

« Je sais nous avons perdu une partie de la confiance, il faut l'admettre. On doit regagner la confiance de la population par des opérations conjointes entre les FARDC et la Monusco. On est en train de les organiser. Je demande aux jeunes,  qui sont contre nous à Beni, vraiment de nous aider, de nous donner les informations sur ce qu'il faut faire et de nous garantir aussi la mobilité dont nous avons besoin », a-t-il plaidé.