Une table ronde électorale proposée par Clément Kanku pour sortir de l’impasse actuelle

Mercredi 4 novembre 2015 - 22:40

Le président du Mouvement pour le renouveau, Clément Kanku pense qu’une table ronde électorale vaut mieux qu’un dialogue aux contours mal définis. Dans son schéma de sortie de crise, il limite le nombre des matières à  traiter lors des travaux. Tout s’inscrit dans la perspective électorale. Et le forum électoral, insiste-t-il, ne doit
pas se tenir après ce mois de novembre en cours, sinon il serait inopportun. L’opposant estime qu’il coupe la poire en deux. Il intègre les préoccupations des pro et anti-dialogue. Son souhait est d’éviter le chaos mais d’avoir des élections crédibles et apaisées. Seulement, Kanku refuse toutes manœuvres de glissement. Nous n’allons pas
accepter toute idée de partage de pouvoir ou de dépassement du délai constitutionnel. Le dialogue, selon lui, doit rester dans un cadre purement électoral. Il affirme que les questions du calendrier électoral consensuel, de l’audit du fichier électoral, de l’enrôlement de nouveaux majeurs, du nouveau bureau de la centrale électorale et même de la passation des pouvoirs doivent être évoquées. Le leader du MR souhaite que la table ronde soit pilotée par la facilitation internationale. Clément Kanku plaide aussi pour la certification des résultats électoraux. Pour lui, il faut dialoguer pour dégager un compromis politique autour des élections au lieu de chercher ou d’attendre le pourrissement.

PLAN DE SORTIE DE CRISE FACE A L’IMPASSE DU PROCESSUS ELECTORAL EN RDC

I.      Contexte

La RDC s’apprête à vivre une nouvelle expérience électorale qui
coïncide avec le dernier mandat constitutionnel de l’actuel Chef de
l’Etat. Malgré cette avancée significative, la consolidation de la
démocratie demeure un objectif d'actualité car de nombreux défis sont
encore à relever notamment : la velléité de changement et de la
modification de la Constitution par referendum, la gouvernance
électorale,  les violations des droits, la corruption, la fermeture
des medias  proches de l’Opposition politique et la sécurisation des
élections.

Le calendrier global des élections publié le 12 février de l’année en
cours a suscité des nombreuses réactions au sein de l’opinion sur son
caractère  irréaliste. Aujourd’hui, huit mois après sa publication le
processus électoral est dans l’impasse et  à 13 mois de la fin du
mandat constitutionnel de l’actuel président de la République, la vie
politique dans le pays est dominée par le glissement  ou non dudit
mandat.

C’est pourquoi la présente proposition se veut être un document qui
suggère quelques  pistes des solutions pour prévenir une crise et
trouver des solutions endogènes et exogènes. Bref, des voies de sortie
de cette crise.

La longue crise politico-militaire de 1998 à 2004, a trouvé son
dénouement à la faveur de l’Accord Global et Inclusif sur la
Transition, signé à Pretoria, le 17 décembre 2002.

Les composantes et entités au dialogue inter congolais parties
prenantes à cet accord, ont posé des jalons avec l’aide et le soutien
de la Communauté internationale, pour l’enracinement d’une culture
démocratique dans notre Pays  tel que  restitué dans la Constitution
du 18 février 2006, consacrant des principes tels que :
-       la forme républicaine  de l’Etat ;
-       le suffrage universel ;
-       la limitation du nombre et de la durée des mandats du Président de
la République ;
-       le pluralisme politique et syndical qui ne peuvent faire l’objet
d’aucune révision constitutionnelle.

A ce jour, ces principes  sur lesquels se fondent toute l’architecture
 démocratique de notre pays, risquent d’être ébranlés avec pour
conséquence de ne plus avoir des verrous contre toute velléité
dictatoriale au vu des débats qui animent présentement la vie
politique entre pro et anti dialogue.

•        Les partisans du dialogue

Pour ceux-ci, le dialogue est impératif. Dans cette catégorie, il y a
la majorité mais aussi l’opposition.
Cependant, si pour l’opposition les élections doivent être organisées
dans le respect du délai constitutionnel, la majorité rétorque que
les questions à débattre ne sont  pas  véritablement cernées. Chacun
semble avoir son agenda.

Ainsi donc, après cinq mois de consultation initiées par le  Chef de
l’Etat, il n y a aucune vision claire sur le dialogue, à part une
autre annonce télévisée sur l’imminence de sa tenue, alors que
seulement 13 mois nous séparent  des élections présidentielle et
législatives nationales et ceci malgré la recommandation de la
Communauté internationale, conformément à l’Accord cadre d’Addis-Abeba
et à la résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations Unies.

•       Les anti dialogue

Ils jugent l’inopportunité et l’inutilité d’organisation à ce jour, du
dialogue face au strict respect de la Constitution et de la loi
électorale. Il faut dialoguer directement  au sein de la tripartite ;
CENI, Opposition politique et la MP car selon eux, la MP a déjà mis en
place sa stratégie de glissement.
Malheureusement pour eux, nous constatons que la CENI, plongée dans la
tourmente, aura du mal à participer à cette tripartite.

Le dénominateur commun des deux opinions :
Les deux opinions (de l’Opposition politique et de la MP) ont un
dénominateur commun à savoir, l’organisation des élections dans le
délai constitutionnel.
1)      l’enrôlement des nouveaux majeurs ;
2)      la révision du fichier électoral.

Afin de rencontrer les préoccupations de deux tendances il est
impératif de faire la symbiose de deux schémas.

II. Comment sortir de l’impasse ?

Au regard de l’impasse du processus électoral, il y a nécessité que la
classe politique se retrouve autour d’une table dans un dialogue sous
forme de « TABLE RONDE ELECTORALE » et ce, dans un délai très court
compte tenu du temps qui reste.
Nous pensons donc qu’au-delà du mois de novembre la tenue de ce
dialogue risque d’être inopportune, compte tenu du temps qui reste
pour mettre en exécution les différentes recommandations qui en
découleront.

a)      Solutions endogènes
Le terme dialogue est vague et risque de sous-entendre une grande
messe, aux contours flous, qui prendrait du temps et beaucoup de
moyens, c’est pourquoi ce dialogue sous forme de «Table  ronde
électorale» ne traitera que des questions spécifiques liées à la bonne
organisation des élections et à l’élaboration du plan stratégique des
celles-ci ainsi que leurs plans d’actions, dans le respect du délai
constitutionnel.
Ceux-ci reprendrons notamment les activités suivantes :
-       La restructuration du Bureau de la CENI ;
-       La Révision du fichier électoral et l’enrôlement des nouveaux majeurs ;
-       Un calendrier réaménagé, consensuel avec une planification claire
des opérations électorales ;
-       La réflexion sur l’installation des nouvelles provinces et ses
conséquences dans le processus électoral ;
-       Le rôle du Conseil supérieur de l’audio visuelle et de la
communication durant la période électorale ;
-       Une solution de compromis sur les élections prioritaires dans le
délai constitutionnel ;
-       Accès à tous aux medias publics ;
-       La procédure de passation de pouvoir.

Ce dialogue sous forme d’une Table Ronde Electorale, peut durer deux
semaines et se présenter sous un format réduit dont les participants
seront issus de toutes parties prenantes au Processus  Electoral
(CENI, CSAC, MP, OPPOSITION POLITIQUE, SOCIETE CIVILE). Il devrait
bénéficier de l’accompagnement de la Communauté internationale
(MONUSCO).

Outre cette Table Ronde Electorale, au plan intérieur, il faut
multiplier plusieurs actes pouvant contribuer à l’apaisement et à la
description de la vie politique notamment, la définition d’un plan
sécuritaire ad hoc qui viserait la protection optimale de tous les
acteurs sociaux et politiques, et la promotion du libre débat.
Ce plan sécuritaire peut obtenir, pour son élaboration, le concours de
la Monusco.

b)      Solutions exogènes
Dans la résolution 2211 (2015) du Conseil de Sécurité, s’agissant
spécifiquement des élections, le conseil de sécurité indique que la
logistique existante de la Monusco peut soutenir la facilitation, à
travers toute l’étendue de la République Démocratique du Congo.
Entre les Etats Unis qui  réitèrent leurs appuis à la Rdc, par  son
envoyé spécial,  M. Thomas Periello et l’UE qui demeure prête à
soutenir  le processus électoral, ainsi que la Monusco qui souhaite la
tenue de ce dialogue, il y a lieu d’envisager ce qui suit :

-       Une facilitation de la Monusco à cette Table ronde électorale ;
-       La consultation des dirigeants de la sous-région particulièrement de
l’Angola et l’Afrique du Sud pour éviter un éventuel pourrissement de
la situation politico-sécuritaire.

III.    CONCLUSION

Ce plan de sortie de crise ne donne pas des mesures exhaustives mais
aura le mérite de rassembler les efforts nationaux et internationaux
pour prévenir ou sortir de cette crise qui s’annonce sérieuse si l’on
y prend garde à temps.
Aux différents acteurs d’agir maintenant !

Kinshasa, le 04 novembre 2015

Pour le Mouvement pour le Renouveau, MR

Honorable KANKU BUKASA waTSHIBUABUA Clément
Président national