La maladie à virus Ebola qui sévit en République Démocratique du Congo et précisément dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri continue de gagner du terrain.
Depuis le dimanche 2 juin dernier, la barre des 2.000 cas a été franchie et passée. Actuellement, le nombre de cas est de 2008.
Malgré ce cap, le ministère de la santé note que les évolutions de ces dernières semaines sont positives bien que la vigilance reste de mise.
Parmi les évolutions positives, figurent entre autres :
- Légère amélioration de la situation sécuritaire
La dernière attaque armée contre les équipes et les opérations de la riposte contre Ebola, qui avait coûté la vie au Dr Richard Valery Mouzoko Kiboung, remonte à plus d’un mois.
Bien que les menaces contre la riposte restent élevées, la réduction du nombre d’attaques ciblées a permis aux équipes de rattraper une partie de leur retard pour contenir la propagation de l’épidémie.
Toutefois, la situation sécuritaire reste instable et imprévisible. En ce qui concerne les incidents liés à la réticence ou la résistance communautaire, la majorité de ces incidents sont résolus grâce à l’implication des leaders communautaires, des sensibilisateurs et des experts psychosociaux.
- Confinement géographique de l’épidémie
Malgré les difficultés des équipes de riposte à faire leur travail à cause de la situation sécuritaire, l’épidémie continue à être contenue géographiquement, protégeant ainsi le reste du pays et les pays voisins.
A ce jour, aucun cas d’Ebola n’a traversé les frontières de la République Démocratique du Congo et l’épidémie ne s’est pas propagée dans les grands centres urbains les plus à risques, à savoir Goma, Bunia et Kisangani.
Toutefois, le risque reste élevé compte tenu des mouvements importants de la population. Par ailleurs, depuis le début de l’épidémie, 188 aires de santé réparties dans 22 zones de santé, à travers les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, ont enregistré au moins un cas d’Ebola.
A la date du 2 juin 2019, neuf zones de santé, dont 106 aires de santé (soit 56% du total), ont passé plus de 21 jours sans notifier de nouveaux cas confirmés. Les neuf zones de santé concernées sont Kyondo, Oicha, Kayna, Mutwanga, Komanda, Bunia, Rwampara, Nyankunde et Tchomia.
Les principaux défis devant être relevés pour mettre fin à cette épidémie sont les suivantes :
1. La surveillance épidémiologique : Afin de pouvoir briser la chaîne de transmission, tous les contacts des cas confirmés doivent être listés et suivis pendant 21 jours.
Or, parmi les 911 nouveaux cas confirmés enregistrés entre le 1e janvier et le 7 mai 2019, seulement 398 (44%) étaient enregistrés comme contacts suivis. Ainsi, il faut renforcer le listage et le suivi des contacts en impliquant davantage les autorités et leaders communautaires.
La prévention et le contrôle des infections (PCI) : Les mesures de prévention et contrôle des infections doivent être renforcées dans les formations sanitaires communautaires afin de réduire le taux d’infection nosocomiale. Entre 25 et 30% des contaminations ont lieu dans des formations sanitaires.
Les décès communautaires : Le taux de décès communautaires reste élevé. Entre 28 et 43% des décès notifiés chaque semaine ont lieu en dehors d’un centre de traitement d’Ebola ou un centre de transit.
Ces décès ont lieu soit dans des hôpitaux et cliniques privés, dans des centres de santé communautaires ou à la maison. Or, la contagiosité d’un malade étant maximale après sa mort, les enterrements dignes et sécurisés permettent de limiter la propagation communautaire du virus. Ce qui est positif c’est que la majorité des décès communautaires bénéficient d’un enterrement digne et sécurisé.
Une analyse complète de l’évolution de l’épidémie d’Ebola en cours est disponible dans un article scientifique rédigé notamment par Dr Oly Ilunga Kalenga, Dr Tedros A. Ghebreyesus et Dr Matshidiso Moeti.
Jephté Kitsita