Tony Mwaba annonce le dépôt de nouvelles preuves liées aux détournements et corruption au sein de l'EPST.
Au cours d'une interview accordée à 7SUR7.CD le samedi 07 mars, ce député national récuse toutes les accusations portées contre lui comme quoi il serait instrumentalisé par le président a.i de l' UDPS ainsi que l'ancien ministre de l'éducation Maker Mwangu afin de torpiller la réussite de la gratuité de l'enseignement.
L'élu de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), accuse les responsables du ministère précité, plus précisément de Secope (Service de contrôle de la paie des enseignants) d'avoir détourné les fonds destinés au paiement des enseignants, d'avoir procédé au recrutement de personnes qui n'ont rien à voir avec l'enseignement, et à la création des écoles fictives dans le but d'alourdir la gratuité de l'enseignement prônée par le chef de l'État, Félix Antoine Tshisekedi.
Ci-dessous l'interview
*7SUR7.CD : Tony Mwaba vous êtes député national, pouvez-vous nous circonscrire dans quel cadre vous menez une action judiciaire par rapport à votre dénonciation ?*
Dans le cadre de mes prérogatives constitutionnelles en tant que député national, au-delà de la mission législative, le député national a aussi à sa charge le contrôle parlementaire non seulement du gouvernement, mais des entreprises, établissements et services publics. C'est dans ce cadre là que je suis en train de mener les actions qui sont à la fois judiciaires, politiques et administratives.
Donc pendant ce temps des vacances, j'ai reçu un certain nombre d'informations dans le cadre du secteur de l'EPST ( Enseignement Primaire, Secondaire et Technique, Ndlr) qui font état d'une situation de fraude massive de corruption et détournement de fonds destinés au paiement des enseignants.
Au-delà de la question écrite que j'avais déposée à l'assemblée nationale pour demander les explications au ministre du secteur, j'ai également demandé à la présidente de l'assemblée nationale d'instituer une commission d'enquête parlementaire pour faire la lumière sur ce dossier et j'ai demandé aussi au premier ministre de pouvoir intervenir pour suspendre ou annuler carrément tous les arrêtés pris par le ministre de l'EPST dans le cadre de ce secteur qui mettent en mal la gratuité de l'enseignement.
Finalement comme les informations qui sont en ma possession font état du détournement de fonds destinés au paiement des enseignants, le recrutement des autres nouvelles unités (NU), la création des écoles fictives, la création des enseignants fictifs qui viennent alourdir le budget alloué à l'enseignement primaire, j'ai décidé de prendre ces aspects pénaux, les confier au Procureur Général près la cour de cassation qui est déjà saisi et l'instruction va bientôt commencer.
*7SUR7.CD : On vous accuse au regard de ces démarches de vouloir torpiller la réussite de la gratuité de l'enseignement, parce que vous entendez dire la Banque Mondiale aurait débloqué 1 milliard qu'elle pensait apporter comme appui à cette grande charge*
TM : Au contraire, les efforts sont plantés présentement là qui peuvent faire obstacle à la mise en œuvre du programme ambitieux de la gratuité de l'enseignement. Ce que je suis en train de faire permettra tout simplement d'assainir le secteur et de permettre que le programme soit effectif et même serein.
La Banque Mondiale ne peut venir jeter de l'argent sur un système qui est mis en place pour faire échec justement à ce programme là. J'ai déposé ma dénonciation qui n'est pas une plainte sur le bureau du Procureur Général près la cour de cassation mettant à sa disposition certaines informations pour lui permettre de mener les investigations et faire la lumière sur le dossier et établir les responsabilités. Ce n'est pas une plainte.
Mais ce qui m'étonne ce que la dénonciation est déposée alors que les services qui sont mis en cause ne sont pas encore invités, je vois comment les médias sont envahis par des lieutenants du ministre de l'EPST contre qui je n'ai pas déposé la plainte. En tout cas, les services visés par ma dénonciation, c'est le Secope [Service de contrôle et paie des enseignants, Ndlr] qui est chargé de contrôle des enseignants. Mais ça m'étonne que les lieutenants du ministre récupèrent la situation pour commencer à me répondre. S'ils ont des éléments à me présenter, ils n'ont qu'à aller les présenter devant le Procureur Général près la cour de cassation. De mon côté, je reçois des informations au moment où je vous parle, des données du Bas-congo, Tanganyika, Ituri, Lomami vraiment de partout de l'intérieur. Donc je vais d'ici là au plus tard mercredi déposer toutes ces preuves sur la table du Procureur Général pour lui faciliter les interpellations.
*7SUR7.CD : On vous accuse d'agir en connivence avec le premier vice-président de l'assemblée nationale Jean Marc Kabund et l'ancien ministre de l'éducation Maker Mwanga qui vous auraient donné les éléments afin de nuire à l'actuel ministre de l'EPST. Qu'en dites-vous ?*
T.M : Je suis député national, au-delà d'être député, je suis professeur d'université. Je suis un avocat qui est quand même connu à Kinshasa et responsable d'un cabinet, donc je m'assume.
Je n'ai pas besoin que X ou Y puisse me pousser à le faire. Je suis sur beaucoup de dossiers, sur la spoliation de marché et du terrain affecté à Matadi Kibala, sur le triangle à la vallée de la Funa... Tant que j'ai le mandat du peuple, la confiance de ceux qui m'ont élu et tant que j'ai un petit contrat avec eux, je vais faire ce que j'avais promis à mes électeurs.
Et quand ce mandat aura pris fin je ne cesserai d'agir mais pour l'instant, je n'agis jamais par procuration. Je n'ai jamais été en contact avec Maker Mwangu, je ne suis jamais assis deux à trois minutes avec lui pour échanger. Le premier vice-président de l'assemblée nationale, c'est mon président du parti avec qui on se voit à tout moment mais je n'ai jamais abordé cette question avec lui.
Interview réalisée par Elysée Odia et Dostin Eugène Luange