Martin Fayulu Madidi, président du parti politique Engagement pour la Citoyenneté et le Développement, (ECIDé), s'est exprimé le 1er mai 2020 sur la situation sécuritaire à l'Est de la République Démocratique du Congo au cours d'un entretien accordé au Council on Foreign Relations, (CFR), un think non partisan américain ayant pour but d'analyser la politique étrangère des USA et la situation politique mondiale.
Pour ce membre du présidium de LAMUKA, il faut réorganiser les Forces Armées de la République Démocratique du Congo, (FARDC), étant donné qu'elles sont infiltrées aux plus hauts niveaux de commandement.
"Quand on parle de sécurité en RDC, il est important de regarder la genèse de l'instabilité récente dans le pays : l'invasion de notre pays en 1996 par des forces extérieures, parrainée directement ou indirectement par certains de nos voisins orientaux. La série d'événements qui s'est déroulée nous a laissé une armée qui est une mosaïque de divers groupes rebelles et est, par essence, infiltrée à ses plus hauts niveaux de commandement par des forces opposées à un Congo libre et démocratique", a-t-il fait savoir.
A en croire l'ancien candidat à la présidentielle de décembre 2018, tant que cet état de fait ne sera pas abordé afin de pouvoir y remédier, les progrès sur le front de la sécurité sont utopiques.
Par ailleurs, Martin Fayulu évoque la nécessité d'un "dialogue honnête" entre la République Démocratique du Congo et ses pays voisins comme l'un des préalables pour le retour de la paix à l'Est du pays.
"En outre, un dialogue ouvert et honnête doit être engagé avec nos voisins sur leur rôle déstabilisateur. Il ne peut y avoir de paix sans vérité et justice. Dans cette mesure, j'ai soutenu à plusieurs reprises les efforts du prix Nobel de la paix, le Dr Denis Mukwege, pour extraire des tombes les conclusions du rapport de cartographie des Nations-Unies qui identifie clairement les causes profondes de nos problèmes de sécurité", a-t-il renchéri.
En ce qui concerne les efforts de maintien de la paix, Martin Fayulu estime qu'il faut revoir le mandat de l'ONU pour l'adapter aux réalités sur le terrain et le rendre plus efficace.
"La combinaison d'une armée véritablement souveraine et d'un mandat de l'ONU plus adéquat contribuera grandement à atténuer les conflits dans l'Est", a conclu le président de l'ECIDé.
Selon le dernier rapport du Baromètre Sécuritaire du Kivu, le mois de décembre 2019 a été le plus meurtrier pour les civils jamais enregistré par cette structure depuis sa création en juin 2017. 117 personnes ont été tuées dans des attaques attribuées essentiellement aux rebelles islamistes des Forces Démocratiques Alliées (ADF).
Jephté Kitsita