Côte d'Ivoire, présidentiel: La MIOE, dirigée par Denis Kadima, juge le scrutin « non crédible » et note le risque des violences à cause de l’exclusion et du boycott 

Lundi 2 novembre 2020 - 15:32
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« Un scrutin non inclusif et boycotté qui laisse un pays fracturé », c’est avec notamment cette phrase que la Mission internationale d’observation électorale (MIOE) de la présidentielle en Côte d’Ivoire du samedi 31 octobre 2020, a dit que le scrutin n’est pas « crédible » et risque d’entraîner des violences qui découleraient de la non acception des résultats à cause de l’exclusion des leaders politiques et du boycott par une frange de la population.

Dans une déclaration préliminaire de 16 pages, lue par son chef Denis Kazadi, parvenue ce lundi 02 novembre 2020 à 7SUR7.CD, la MIOE estime que le contexte politique et sécuritaire n’a pas permis de tenir un scrutin crédible et compétitif. 

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"Le contexte politique et sécuritaire n’a pas permis d’organiser une élection présidentielle compétitive et crédible. Le processus électoral a exclu un grand nombre de forces politiques ivoiriennes et a été boycotté par une partie de la population dans un environnement sécuritaire volatile. Plusieurs candidats n’ont pas participé à l’élection et une part importante de la population n’a pas participé à ce scrutin. Les appels de l’opposition à la désobéissance civile et les actes de violence qui ont suivi ont également impacté le scrutin. Ces problèmes menacent l’acceptation des résultats par la population et la cohésion du pays", lit-on dans cette déclaration. 

La participation du chef de l'État sortant Alassane Ouattara pour briguer un 3è mandat alors qu'il s'était engagé à ne pas se porter candidat à sa propre succession, est l'une des causes de la forte crispation au sein de la classe politique et de la population, a souligné cette mission d'observation. 

"La validation de sa candidature, par le Conseil constitutionnel, a été contestée et à juste titre, les motivations de cette décision ne s’appuyant sur aucun fondement juridique clair ou justifié en points de droit. Cette orientation préoccupante fait écho à une tendance observée sur le continent africain, de changer ou amender la Constitution pour permettre à des Présidents en exercice de briguer un troisième mandat", a-t-elle précisé. 

La MIOE a, en outre, déploré le rejet des 40 candidatures sur les 44 dossiers qui ont été déposés. Les prétendants dont les candidatures n'ont été acceptés, a-t-elle renseigné, n’ont pas eu accès à un recours effectif et le rejet de leurs dossiers leur ayant été signifié en dernier ressort.

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S'agissant de la campagne électorale, elle a fait remarquer que seuls 2 candidats sur 4 dont Alassane Ouattara et Kouadio Konan Bertin ont battu campagne. Par contre, les 2 candidats de l'opposition ne se sont pas livrés à cet exercice du fait qu'ils ont appelé à boycotter activement ce processus électoral. 

"Ces facteurs combinés ont plongé le pays dans une période de campagne électorale déséquilibrée et terne, marquée par la désobéissance civile et des violences qui ont fait plus de 30 morts et des centaines de blessés", a-t-elle fait remarquer. 

Toujours dans ce chapitre, cette mission d'observation a precisé que l’obligation de respecter la période de campagne officielle et l’interdiction de recourir aux biens de l’État ont été largement bafouées. 

C'est le samedi dernier que le premier tour du scrutin présidentiel s'est déroulé en Côte d'Ivoire où 4 candidats sont en lice dont Kouadio Konan Bertin, Alassane Ouattara, Pascal Affi N'Guessan et Henri Konan Bédié. 
Les deux derniers s’étant retirés et ont appelé au boycott actif.
Plusieurs contrées n’ont pas voté à cause des barrages routiers érigés par des manifestants.
Certains bureaux de vote ont été saccagés. Plusieurs centre de vote n’ont pas ouverts.
Le rapport final de la MIOE sera rendu public dans quelques jours.

Merveil Molo