
S'exprimant au sujet de la récente nomination par ordonnance présidentielle du coordonnateur du programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (DDRC-S), le prix Nobel de la paix 2018, le docteur Denis Mukwege, invite le gouvernement congolais à « rompre avec les politiques qui ont prolongé et aggravé la souffrance du peuple congolais ».
Dans un communiqué parvenu à 7SUR7.CD ce mercredi 11 août 2021, le docteur Denis Mukwege exprime sa circonspection face à cette nomination et dénonce ce qu'il qualifie de « promotion des criminels ».
« En effet, les processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion sous-financés et bâclés ainsi que les politiques de mixage et de brassage souvent accompagnées de promotions, ont intégré l'indiscipline au sein des institutions, et ce jusqu'au plus haut niveau de l'État. En gratifiant ainsi des criminels au lieu de les traduire en justice, cette stratégie de tireurs de ficelles tapis à Kinshasa, Kigali, Kampala et Bujumbura encourage les groupes armés en brousse à attendre leur tour », peut-on lire dans ce communiqué publié par la Fondation Panzi.
Le prix Nobel de la paix 2018 plaide ainsi, pour l'adoption d'une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle qui priorise des réformes institutionnelles visant à prévenir la non-répétition des atrocités commises sur les populations civiles, notamment par une réforme profonde des secteurs de la sécurité et de la justice.
Pour lui, cette justice transitionnelle et la réforme des institutions visent à l'identification et à la mise à l'écart des institutions publiques des personnes responsables de violations des droits humains et du droit international humanitaire.
Dénis Mukwege souligne que s'il existe une réelle volonté politique d'éradiquer les groupes armés, le gouvernement devrait rompre avec des politiques visant à accorder des promotions à ceux qui devraient répondre de leurs actes devant la justice, et à exploiter plutôt les femmes et hommes intègres sans antécédent de violations graves des droits humains que la nation congolaise regorge.
Pour rappel, c'est Tomy Ushindi Tambwe a été nommé coordonnateur du programme DDRC-S le 07 août dernier par ordonnance présidentielle. Une nomination contestée par certaines personnalités du pays, vu le passé criminel de ce dernier.
Alphonse Muderwa