Butembo : avec son bébé au dos, une femme excelle dans le métier de mototaxi (Reportage)

Lundi 14 mars 2022 - 14:59
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La femme taxiwoman Riziki Kananga. @ Joël Kaseso

En République démocratique du Congo, le secteur du transport est souvent laissé à la gente masculine. Dans la ville Butembo (Nord-Kivu), des femmes y font leur entrée au grand étonnement de bon nombre de leurs passagers. Les congolaises  chauffeurs s’affranchissent peu à peu des barrières imposées par la société au regard de certains métiers, notamment celui de mototaxi ou de bus. À l’occasion de ce mois de mars, dédié à la femme, 7SUR7.CD s’est intéressé à Riziki Kananga qui vit de ce travail depuis plus d’un an. 

Reportage  

Riziki Kananga est motocycliste depuis plus d’un an. Comme le font traditionnellement les femmes dans la ville commerciale de Butembo, elle commence par des corvées ménagères et prépare ses enfants pour l’école avant de vaquer à son activité professionnelle quotidienne. 

Mère de plusieurs, elle effectue, pour le moment, son travail de « taxiwoman » avec son bébé au dos. Un courage qui force l’admiration de plus d’un, dans la région.

Prudente et vigilante sur les artères, Riziki Kananga dit transporter plus d’une dizaine de passagers par jour. Ce qui la permet de gagner un revenu suffisant pour nourrir sa famille, scolariser ses enfants et économiser pour des projets d’avenir comme investir dans le foncier.

La taxiwomen Riziki Kananga conduisant avec son bébé sur le dos. @ Joël Kaseso

« Je me sens fier de travailler avec mon bébé au dos. L’avantage c’est que j’épargne déjà. J’ai même acheté une parcelle et je suis en train d’y construire ma maison. Je scolarise aussi mes enfants. En tout cas, ils ne manquent de rien », confie-t-elle à 7SUR7.CD. 

En choisissant ce métier synonyme « de liberté et d’indépendance », Riziki Kananga comme toutes ses collègues « taxiwomen », deviennent le symbole de l’émancipation des femmes dans la ville de Butembo. 

Elle se fait une place dans une profession souvent laissée aux hommes. Et, elle n’est pas à l’abri des préjugés et stéréotypes de certains de ses collègues masculins.

« Je reçois parfois des intimidations de mes collègues hommes. Ils me disent qu’une femme ne peut exercer le taxi. Ils disent que je dois rester à la maison avec les enfants », martèle-t-elle. 

Ces intimidations et insultes ne l’empêche pour autant de gagner de la clientèle des hommes. C’est le cas de ce père de famille qui avoue qu’il est souvent transporté par cette « taxiwoman » sans aucune crainte de commettre un accident routier « car elle conduit avec une telle prudence contrairement à ses collègues masculins qui sont souvent pressés ».

Le client de la taxiwomen Riziki Kananga, fier d'être transporté par celle-ci. @ Joël Kaseso

« Ce n’est pas pour la première fois qu’elle me transporte. Elle le fait souvent. Je n’ai pas peur sur la route. Elle est expérimentée. Elle m’emmène chez SOFICOM en aller-retour. Je me sens à l’aise », témoigne son client.

Il convient de préciser par ailleurs qu’elles sont encore moins nombreuses, les femmes à exercer le métier de mototaxi dans la ville commerciale de Butembo. C’est dans ce sens que Riziki Kananga appelle les filles à intégrer ce travail qui, dit-elle, « est toute une vie ». 

Joël Kaseso