La Faculté de Droit de l'Université de Kinshasa (UNIKIN), à travers les départements des Droits de l'homme et du Droit économique et social, a organisé une journée scientifique, le mercredi 5 octobre 2022, en l'honneur du professeur Joseph Mvioki Babutana et de la professeure Masanga Phoba Mvioki, admis à l'Éméritat par l'arrêté ministériel du 22 novembre 2021.
Ce fût un véritable jour de fête à laquelle ont participé plusieurs personnalités du monde scientifique et politique. Après l'allocation du secrétaire général administratif de l'UNIKIN, le professeur Bruno Lapika Dimunfu, représentant du recteur empêché, l'assistance a suivi successivement les mots du doyen de la Faculté de Droit, le professeur Jean-Louis Esambo Kangashe, du chef du département des Droits de l'homme, le professeur Dieudonné Kalindye Byanjira et du chef de département de Droit économique et social, le professeur Eleuthère Dekossago Ben Bathwa.
Le doyen de la Faculté de Droit a indiqué qu'avec cette admission à l'Éméritat, ces deux professeurs deviennent d'office membres effectifs d'une commission nouvellement créée au sein de la Faculté, celle de l'éthique professionnelle et de la déontologie, constituée essentiellement des anciens doyens de la Faculté et des professeurs émérites.
"La Faculté de Droit est heureuse d'organiser cette cérémonie. La journée d'aujourd'hui est spéciale, d'abord parce que ces deux professeurs émérites forment un couple légal. Chers Jacqueline et Joseph, par la volonté des autorités du pays, vous êtes admis à l'Éméritat. Vous ne quittez pas la Faculté cependant, car vous continuez à former des doctorants et apprenants du 3ème cycle. Vous accédez d'office à la commission de l'éthique professionnelle et de la déontologie de la faculté. Les deux grandes qualités de ce couple, mieux de ce binôme, sont là modestie et la rigueur", a affirmé le professeur Jean-Louis Esambo.
Le moment crucial de cette journée scientifique a été celui des exposés de ces deux professeurs émérites. Le professeur Joseph Mvioki a axé son intervention sur le thème : "Les lumières et doutes sur le caractère universel des droits de l'homme". Il a insisté sur l'importance pour la RDC d'investir dans la formation de la jeunesse.
"Je suis heureux que l'université reconnaisse le travail qu'on a abbatu, moi et la professeure Masanga, pendant plus de 40 ans. C'est un honneur pour nous et un grand message pour les jeunes, de dire qu'il faut aimer le travail malgré les difficultés. On doit se valoriser par le travail. C'est en jetant un regard dans le passé qu'on peut comprendre ce qu'on est aujourd'hui. Si on ne comprend pas l'histoire de la traite négrière, de l'esclavage et de la colonisation, c'est difficile de comprendre les pièges qui se dressent sur notre chemin, en matière de développement", a-t-il fait remarquer.
Pour sa part, la professeure Masanga Phoba a préféré entretenir l'assistance sur le thème : " Regards sur le droit de travail en cinquante ans d'enseignements à l'université". Elle a fustigé le chômage en hausse constante en RDC et les abus dont continuent d'être victimes les travailleurs dans ce pays de la part de leurs employeurs, malgré la disponibilité de la réglementation en la matière.
"Il faut qu'il y ait du travail pour parler du Droit du travail. Aujourd'hui, la RDC dispose d'une réglementation en matière du travail sur laquelle peuvent s'appuyer les employés pour revendiquer leurs droits. J'encourage les jeunes filles à travailler dur et à devenir professeures. À l'époque, c'était difficile. Mais quand je vois le nombre de femmes professeures qu'il y a aujourd'hui, je me félicite pour le travail abbatu et me dis que je peux prendre ma retraite en toute quiétude. J'ai laissé la relève", a indiqué la professeure Masanga Phoba.
Ces deux leçons ont été précédées par un exposé du professeur Bokolombe Bompondo, secrétaire du département des Droits de l'homme. Elles ont été suivies des témoignages des enfants et amis du couple, dont le professeur Yoka Lye, sur leur vie académique, scientifique et familiale.
Cette journée scientifique s'est clôturée par la remise des cadeaux aux professeurs émérites et par un procès fictif organisé par le club des Droits de l'homme de l'UNIKIN sur les droits économiques, sociaux et culturels.
Orly-Darel Ngiambukulu