Albert Yuma à Félix Tshisekedi : "Le système fiscal en RDC demeure dissuasif et non attractif"

Jeudi 16 février 2023 - 21:43
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Photo : Droit tiers

Le Patronat congolais dénonce ce qu'il qualifie de la poursuite du "terrorisme fiscal" en RDC. C'est Albert Yuma,  président de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), qui l'a dit, ce jeudi 16 fevrier 2023, à l'occasion de la cérémonie de présentation de voeux de nouvel an au président de la République Félix-Antoine Tshisekedi et à d'autres autorités du pays.

Pour Albert Yuma, malgré les réformes entreprises, la RDC demeure un pays marqué par les tracasseries fiscales,   administratives et douanières qui empêchent le développement d'une véritable classe moyenne, à travers la création de l'emploi et des richesses par les entrepreneurs.

"Nos préoccupations sont bien connues ; entre autres les tracasseries administratives, notamment fiscales et douanières et l’insécurité juridique et judiciaire. La réalité est que le système fiscal appliqué en RDC demeure dissuasif et non attractif. Ce n’est pas nouveau et d’ailleurs un de mes illustres prédécesseurs, Jeannot Bemba Saolona SAOLANA, avait eu le courage de qualifier notre système de terrorisme fiscal", a déclaré Albert Yuma.

S’agissant de l’effectivité des perceptions, Albert Yuma souligne que les données en la possession de son organisation renseignent que les impôts, droits et taxes à payer à l’initiative de divers services étatiques tant au niveau national que des provinces, représentent plus ou moins 54% du chiffre d’affaires des entreprises. Du chiffre d’affaires, pas du résultat net.

"Les entrepreneurs de ce pays sont l’armée économique de ce pays, à son service. De leur vitalité dépend la création de richesse locale, l’emploi et in fine le développement socio-économique à travers leur contribution à la valeur ajoutée locale. Une économie forte, vous donnera les moyens d’avoir une armée puissante. Monsieur le Président, aidez-nous à vous aider par nos contributions dans vos missions et notamment celle de la défense du pays", a-t-il plaidé.

Et d'ajouter : "Aidez-nous à élargir la base fiscale, plutôt qu’à pressurer les mêmes entreprises, en favorisant indirectement l’informel ; aidez-nous à créer des PME qui fourniront les emplois qui manquent dans les villes, aidez-nous à investir dans le centre du pays pour développer l’agriculture locale, pour favoriser l’emploi rural, limiter l’exode rural plutôt que consommer nos réserves de change en importations coûteuses ; aidez-nous à protéger nos industries naissantes".

Albert Yuma a, par ailleurs, profité de cette occasion pour dénoncer la douane congolaise qui, selon lui, ne protège pas le marché intérieur et ne favorise pas le développement d’industries naissantes locales.

"La RDC devient ainsi plus un marché ouvert aux producteurs étrangers et un désert productif local. Ainsi à l’Est du pays, nos agriculteurs préfèrent exporter via les pays voisins où les taux sont largement inférieurs. La RDC n’a pas vocation à être la plateforme commerciale de la sous-région. Nous avons vocation à être au moins les producteurs de notre propre marché pour les biens de première nécessité. Il n’y a jamais eu de développement d’industrie locale sans 
protectionnisme initial
", a-t-il indiqué.

Parlant du programme de développement de 145 territoires, Albert Yuma a plaidé pour le développement du partenariat public-privé afin que ce programme puisse effectivement contribuer au développement du pays. La même requête a été formulée au sujet du développement de l'industrie des batteries électriques. Il a appelé le président Félix Tshisekedi à veiller à ce que les entreprises à capitaux nationaux prennent part active à ce vaste projet. 

Dans le même ordre d’idées, il a plaidé pour la reprise du contrôle de la production artisanale de cobalt qui "est confisquée au profit d’intermédiaires" qui agissent en marge de la légalité et de la dignité la plus élémentaire des creuseurs".   

ODN