Lubumbashi : Un sac de farine de maïs de 25 kg passe de 10 à 45$ (Reportage)

Mardi 18 avril 2023 - 18:53
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Un sac de farine de maïs, aliment de base dans la ville de Lubumbashi, est passé de 20.000 FC soit 10 dollars américains à 80 voire 95.000 FC soit 45$ dans les différents marchés éparpillés à travers la capitale du Haut-Katanga. Certains opérateurs économiques attribuent cette flambée de prix à une prétendue fermeture de la frontière de Kasumbalesa et la Zambie, pays qui approvisionne cette province, alors que le maire de la ville de Kasumbalesa précise que tout évolue normalement dans cette cité frontalière.

Reportage 

Selon le reporter de 7SUR7.CD qui a rencontré plusieurs marchands et acheteurs ce mardi 18 avril 2023, une rumeur sur la prétendue fermeture de la frontière de la Zambie et de la ville de Kasumbalesa serait à la base de cette flambée de pris de la farine de maïs. Julie Musonda, vendeuse au marché Double Poteaux dans la commune de Lubumbashi, explique à 7SUR7.CD que cette hausse du prix dépend d'un commerçant à un autre.

"La hausse du prix de la farine dépend de chaque marché et de chaque vendeur. Dans certaines communes c'est à 100.000 FC, d'autres 80 et ça dépend de chacun de nous", a-t-elle déclaré.

Par ailleurs, Josée Lusamba trouvé au marché Mzé Laurent Désiré Kabila dit ne pas comprendre que le prix de la farine qui passe nuit dans un dépôt puisse prendre de l'ascenseur sans explication.

"Moi je ne comprends pas, la farine est stockée au dépôt à 60 mille et ce matin, ces mamans qui vendent se réveillent pour mettre 80 voire 90 mille. Le prix ne grimpe pas parce qu'ils sont partis à Kasumbalesa mais dans le dépôt", a-t-elle regretté.

A Doris Kapinga qui vend par mesurette de se demander où serait passée la farine de maïs de 20.000 FC mise à la disposition des points de vente par le gouvernement provincial du Haut-Katanga : "La farine que le gouvernement provincial du Haut-Katanga avait amenée, ce n'est pas toute la population qui achète ça. Tu peux aller chercher ça mais tu n'auras pas parce que c'est insuffisant. Souvent, ce sont les commerçants qui vont acheter cette farine pour aller les revendre à un prix excessif".

Prétendue fermeture de la frontière

Cette hausse vertigineuse de prix de la farine de maïs serait causée par la fermeture de la frontière de la Zambie, explique un importateur de cette denrée alimentaire. Jean-Paul Kambale trouvé devant son conteneur des sacs de farine, ajoute aussi le problème de la dépréciation de la monnaie congolaise.

"Depuis quelques jours, la Zambie a connu une carence de maïs mais aussi la situation de la monnaie de notre pays. Avant, on prenait le Kwatsha à 2 millions 60 ou 50 mais aujourd'hui, c'est à 1 million 600. Voilà pourquoi les histoires ont aussi haussé en dollars. Présentement, il n'y a pas un prix normal de la farine. Il y a ceux qui vendent à 80, à 70, 90 voire 100 mille francs congolais. C'est une situation qui peut faire deux semaines avant de se stabiliser", a-t-il expliqué.

A Kasumbalesa, André Kampampa, maire de la ville confirme que la frontière n'est pas fermée contrairement à ce qui se raconte sur les réseaux sociaux. Il rassure à 7SUR7.CD qu'au moins 3 trucks entrent par jour avec la farine en provenance de l'Afrique australe. Concernant le prix, l'autorité urbaine de Kasumbalesa note qu'il est à plus de 20 dollars américains.

"Les marchandises entrent et sortent chaque jour. Spécialement pour ce qui est de la farine de maïs, il y a même des trucks qui viennent de l'Afrique du Sud, lesquels entrent à Kasumbalesa et transportent la marchandise aux petits commerçants qui, à leur tour, en amènent à Lubumbashi, Likasi et partout dans le Haut-Katanga. D'ailleurs, le prix d'un sac ne fait que bouger et je sais que la farine qui vient de l'Afrique du Sud est vendue en gros à 26 dollars américains", a-t-il fait savoir.

Avec cette flambée de prix de la farine de maïs, plusieurs habitants de Lubumbashi disent avoir changé leur aliment de base. Certains affirment à 7SUR7.CD qu'ils préparent désormais les aliments pour deux jours, tandis que d'autres indiquent dormir affamés. Par ailleurs, par manque d'argent et vue la vie chère ce dernier temps à Lubumbashi, d'autres ont adopté le riz et le haricot comme aliments à consommer pendant cette période de soudure.

Depuis deux mois, la ville de Lubumbashi en particulier et la province du Haut-Katanga en général est frappée par ce qu'on appelle la "période de soudure". Contrairement aux deux années précédentes, l'année 2023 est plus touchée par la rareté de la farine de maïs. Celle vendue par le gouvernement provincial du Haut-Katanga est en quantité insuffisante et parfois vendue dans certains coins stratégiques qui ne permet pas à toute la population de se procurer cet aliment de base. Des scientifiques et opérateurs agricoles ont souhaité l'accompagnement du gouvernement central pour que la province puisse remédier à cette situation.

Patient Lukusa, à Lubumbashi