M23/RDF à Bunagana: un an après, la LUCHA note l'absence "d'un leadership au sommet de l'Etat" et insiste sur le départ de l'EAC

Mardi 13 juin 2023 - 12:18
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Photo 7SUR7.CD
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Des dizaines de militants de la LUCHA section de Butembo, une ville de l'Est de la RDC, dans un sit-in pour dénoncer l'inaction de la MONUSCO dans la restauration de la paix et la sécurité au Nord-Kivu et en Ituri. Ph. Joël Kaseso, juillet 2022

Un an après la prise de Bunagana, poste-frontière stratégique entre l'Ouganda et la République démocratique du Congo par le M23/RDF, l'armée congolaise n'est toujours pas parvenue à reconquérir la cité. Ni la présence de la force régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) au Nord-Kivu n'a permis de changer la donne. 

A l'instar de nombreuses autres localités en territoires de Rutshuru, Masisi et Nyirangongo (Nord-Kivu), toujours inaccessibles aux autorités congolaises, la cité demeure sous l'emprise des assaillants qui y ont installé une administration parallèle qui échappe totalement au contrôle de Kinshasa.

Pour le mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA), l'incapacité du gouvernement congolais à reprendre les entités occupées par le M23 dénote un manque "de leadership à la tête du pays", de l'échec de l'état de siège et de l'inutilité de la mission régionale de l'EAC.

"Si la RDC avait un leadership responsable au sommet de l'Etat, on ne parlerait plus jamais et/ou ne revivrait plus les atrocités orchestrées par ces agresseurs. Un an après la chute de Bunagana, les autorités ne sont pas toujours en mesure de reprendre le contrôle de cette partie. En outre, la RDC se fait duper par l'EAC, pourtant la majorité de ses pays membres joue un rôle dans la déstabilisation et le pillage des ressources naturelles des provinces de l'est depuis plusieurs années", dénonce-t-elle dans un communiqué du 12 juin dernier.

Au regard des faits, le mouvement prodémocratie exige des autorités congolaises la levée immédiate de l'état de siège et le rétablissement des institutions civiles afin que tous les militaires et policiers s'occupent de la défense du pays, plutôt que de la politique et du business. Il exige également la fin des relations diplomatiques avec le Rwanda et l'Ouganda et des opérations militaires étrangères en cours sur le sol congolais.

Par ailleurs, la LUCHA demande au gouvernement de réduire drastiquement le train de vie des institutions et d'affecter les moyens économiques à l'effort de la guerre dans l'est et à l'assistance humanitaire des populations affectées; de renforcer, assainir et réformer l'armée; de saisir les Nations-Unies pour demander la création d'un tribunal pénal spécial pour la RDC, etc.

A noter que depuis des semaines, une accalmie apparente s'est installée sur le terrain des affrontements au Nord-Kivu. Par le truchement de la Communauté d'Afrique de l'Est, les 2 parties observent un cessez-le-feu en dépit de certains dérapages notés. 

Cependant, compte tenu de l'absence des résultats, les dirigeants congolais ont sommé les troupes de l'EAC à quitter le pays afin que la SADEC qui pourrait être compétitive puisse se déployer au Nord-Kivu pour appuyer l'armée congolaise à mettre fin à la rébellion. Toutefois, si septembre prochain est le mois qui a jusqu'ici été décidé pour la fin de la mission militaire de l'EAC, celle du déploiement des troupes de la SADEC n'est toujours pas précisée.

Isaac Kisatiro