Tribune - Traçabilité des 3T dans le Nord-Kivu : Christophe Mboso et Antoinette Nsambainterpellés

Lundi 26 juin 2023 - 18:19
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Avec l’expansion des conquêtes du M23/RDF à de pans entiers dans le territoire de Masisi, les chaînesd’approvisionnement des minerais des 3T du Nord-Kivu, principalement de la cité minière de Rubaya, sont dans le viseur des organismes en charge de traçabilité et de due diligence, en l’occurrence l’ITSCI. Craignant de voir lesditeschaînes être contaminées avec comme conséquence le bannissement des minerais de la province sur le marché international, le député national Justin Ndayishimiye a tiré la sonnette d’alarme, interpellant, de ce fait, le président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso et la ministre des Mines Antoinette Nsamba pour clore définitivement le dossier du PE 4731 attribué abusivement à Edouard Mwangachuchu et rétablir ainsi sans délai la société étatique SAKIMA SA dans ses droits. Ce qui mettrait fin au flottement et à la confusion observés présentement dans ce site. Vigilante, la société civile du Nord-Kivu demande avec véhémence au N°1 des Mines de rendre effectives les mesures d’accompagnement de la décision portant suspension de l’exploitation dans le PE 4731.

Auteur d’une question orale avec débat adressée en octobre 2022 à la ministre des Mines et jamais alignée jusqu’à ce jour, le député Justin Ndayishimiye est monté au créneau à l’occasion de la clôture de la session de mars intervenue ce 15 juin pour interpeller le président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso et la ministre des Mines Antoinette Nsamba au sujet de la situation qui prévaut à Rubaya. Ce, depuis la décision de suspension des activités minières prise à la mi-mars 2023 à l’endroit de l’entreprise SMB (Société Minière de Bisunzu) appartenant à Edouard Mwangachuchu, accusé des faits gravissimes contre l’Etat et dont le procès est en cours devant la Haute cour militaire. 

L’élu du Masisi fait remarquer qu’il s’observe dans ce site, au regard de la décision sus indiquée, une confusion et un flottement entre les activités quotidiennes des populations locales et celles minières au point que les organismes en charge de la traçabilité et de due diligence sont aux aguets et ne décolèrent pas pour suspendre à nouveau l’étiquetage des minerais. Ce qui va, in fine, déboucher sur le bannissement des minerais du Nord-Kivu sur le marché international avec des conséquences néfastes sur les populations locales, la province du Nord-Kivu et l’Etat congolais au profit du Rwanda où vont affluer davantage les minerais de fraude et de contrebande. Point n’est besoin de rappeler que les responsables de l’ITSCI et d’autres structures sœurs, à savoir Yves Bawa, directeur régional de l’ONG PACT, dont l’ITSCI exécute le programme, Michael Daudin de l’ITA et Vincent Song, responsable de l’ITSCI/RDC, viennent de séjourner à Goma afin de palper du doigt la réalité sur le terrain.

Le député Justin Ndayishimiye a appelé ainsi le président de l’Assemblée nationale à inscrire la question des minerais de l’Est en ordre des priorités des matières que le bureau aura à traiter avec le gouvernement pendant les vacances parlementaires. Il est d’avis que la préservation des chaines d’approvisionnement des minerais des 3T de Rubaya passe par le dénouement de la problématique du PE 4731 attribué jadis en marge des lois du pays à Edouard Mwangachuchu parce que, notamment, superposition sur le PE 76 de SAKIMA SA, une entreprise publique. Raison pour laquelle il pense que cette dernière doit être rétablie le plus rapidement possible dans ses droits afin de prendre le contrôle de sa concession pour y régulariser et encadrer l’exploitation.

A la déclaration du président Christophe Mboso selon laquelle cette question est en cours de traitement avec le procès Mwangachuchu, le natif de Rubaya demande qu’il soit fait un distinguo entre le procès dont question et le conflit autour du PE 4731. L’arrestation de son collègue ne préoccupe pas au plus haut chef les populations de Rubaya, mais plutôt le dol dont elles sont l’objet de la part du prévenu avec le cortège de tous les malheurs qui s’abattent sur elles. Il est poursuivi devant la Haute cour militaire pour d’autres faits en rapport avec la sécurité du pays.

D’autre part, le député Justin Ndayishimiye en veut à la ministre des Mines. Il lui reproche de s’être arrêtée en si bon chemin après sa décision de suspension des activités minières dans le PE 4731. A l’en croire, elle semble avoir oublié que ce Périmètre acquis illégalement par Edouard Mwangachuchu est habité par des riverains qui s’adonnent à d’autres activités que celles minières. D’où la confusion qui s’observe présentement.

A travers son groupe de travail thématique «Mines et hydrocarbures», la société civile du Nord-Kivu n’est pas restée en marge. Dans une déclaration faite à Goma ce 12 juin, elle fait savoir que la suspension des activités minières dans le PE 4731 a conduit à la création d’un vaste empire de fraude et de contrebande transfrontalières au Nord-Kivu en état de siège. Elle demande à la ministre des Mines de rendre effectives les mesures d’accompagnement de la décision portant suspension de l’exploitation minière dans la concession précitée.

Pour mémoire, l’élu du Masisi n’est pas à son premier coup de gueule. En mai 2022, il avait accusé solennellement son collègue Mwangachuchu du haut de la tribune de l’Assemblée nationale d’être à la base de l’instabilité qui bat son plein à Rubaya. Ce qui avait donné lieu à une passe d’armes entre les deux devant leurs collègues médusés. Une décision fut alors prise de dépêcher une commission d’enquête parlementaire afin de venir éclairer la religion de la plénière. Depuis lors, pour on ne sait quelles raisons, cette commission n’a jamais été constituée. Et en octobre 2022, le député Justin Ndayishimiye était passé à une autre étape en adressant, à travers le bureau de la chambre basse, une question orale avec débat à la ministre des Mines, mais sa démarche est demeurée sans suite jusqu’à ce jour. 

                                                                                                                                Paul Kasereka Paluku