RDC : Des professeurs en SIC condamnent la montée des discours de haine vecteurs des préjugés et des stéréotypes

Mercredi 19 juillet 2023 - 14:37
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Des professeurs des Sciences de l'Information et de la Communication fustigent la montée des discours de haine en République démocratique du Congo, à l'approche des élections. 

Au cours d'une conférence de presse organisée par Actualités.cd, mardi 19 juillet 2023, ils ont démontré que ce genre de discours peuvent embraser la société à tout moment. 

C'est le cas de l'exposé fait par le professeur de communication, Jean-Claude Matumweni Makwala, qui a porté sur le thème : « Discours de haine : de la parole aux actes ». Se fondant sur l'approche sémique, ce scientifique a démontré que les discours de haine, même lorsqu'ils ne conduisent pas directement aux actes, créent des stéréotypes et des préjugés qui peuvent pousser à l'action dans l'avenir.

« Il faut vraiment se méfier des discours de haine, d'autant plus que le discours de haine, même quand il est dormant, peut se cristalliser en stéréotypes ou en préjugés. Nous agissons toujours, en fonction de nos préjugés et de nos stéréotypes, c'est-à-dire en fonction de la manière dont nous nous représentons. Nous risquons d'agir un jour en fonction de cela. Avec ce genre de discours, nous sommes assis sur un volcan. Ces discours peuvent se réveiller à tout moment et produire leurs effets », a-t-il déclaré.

En termes d'antidote, le professeur J-C Matumweni a recommandé notamment l'éducation de la population, la résolution des crises économiques et socio-politiques, le renforcement de la répression légale et la dénonciation à travers les techniques de fack-cheking.

« Je propose quelques pistes comme antidote. Il faut premièrement une meilleure éducation de la population. Faire mieux se connaître les communautés. Parce que l'ignorance est souvent source de malentendu et de conflit. Certains leaders politiques jouent sur ces facteurs là. Le discours de la haine est un discours de manipulation. On manipule les esprits pour leur inculquer un type d'idéologie, de représentation des autres », a-t-il indiqué.

Et à ce professeur de poursuivre : « Il faut aussi résoudre les crises économiques et socio-politiques. Parfois c'est la misère, la faim qui fait penser que si je n'ai pas le pain, c'est à cause de tel. Une dernière piste est l'expérience de fack-cheking. Il est de bon ton, de temps en temps, de distiller aussi des messages véridiques. Les gens ont raconté des mensonges pour manipuler, c'est aussi le rôle des médias de rétablir la vérité, preuves à l'appui ».

Une autre intervention de cette conférence a été celle de l'expert en communication numérique, le professeur Kitumu Mayimona. Il a présenté son étude sur « Le discours de haine sur les plateformes digitales en période électorale : mots et expressions couramment utilisés ».

A l'en croire, la plupart de discours de haine recensés sur la websphere congolaise sont politique et communautaire, avec une forte prévalence des propos xénophobes, injurieux et tribaux. Viennent ensuite les discours misogynes et homophobes.

Le professeur Kitumu a par ailleurs affirmé que les plateformes les plus utilisées pour la propagation des discours de haine en RDC sont Twiteer, Tik tok et Facebook. Il dit y a voir recensé même des menaces récurrentes de mort qui dénotent un gros risque de l'embrasement de la société.

ODN