Le partenariat conclu l'an passé entre le Gouvernement et les Émirats Arabes Unis ayant conduit à la création des sociétés Primera Gold pour l'or et Primera Metals pour les 3T (étain, tungstène et tantale) continue à faire des vagues dans l'opinion congolaise.
Dans une déclaration lue devant la presse ce samedi 22 juillet 2023 à Kinshasa, l'ASBL Congo Enyanya dénonce la monopolisation de l'exploitation de ces minerais par Primera Gold dans la région du Kivu (Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema). Cette société détient l'exclusivité de l'exportation de tous les minerais d'or, du coltan et d'étain extraits artisanalement.
Pointant du doigt également l'entreprise Congo Jia Xin, le porte-parole de cette organisation s'est alarmé du fait que cette situation foule au pied le code minier et met en péril la survie de milliers de Congolais qui dépendent de l’économie minière artisanale.
« Si le Congo signe avec les Émirats Arabes Unis, c'est pour une exploitation industrielle et non artisanale. C'est mieux de prendre une mine pour en faire une fonderie, à l'instar d'Alfa mine, Bandro, Kibali Gold Mining car les étrangers ne doivent faire l'exploitation artisanale. C'est une violation du code minier de la République Démocratique du Congo. Nous demandons à la SAKIMA d'attribuer une mine à Primera Metals pour faire les activités d'exploitation industrielle », a-t-il fait savoir.
En ce qui concerne les avantages fiscaux et commerciaux accordés à ces sociétés minières, cette ASBL tire la sonnette d'alarme sur le pillage.
« La taxe initialement prévue à 0,54% est ramenée par Primera Gold à 0,25%, l'État perd 0,29% ; le fixing qui était à +1 ou +8 se discute désormais à -8 et en ce moment même c'est à -11, avec un retard dans le paiement de plus ou moins deux semaines aux opérateurs économiques. À titre exemple : Des 54.000 USD, Primera Gold paie 25.000 USD et l'État perd 29.000 USD à multiplier par le nombre des tonnes. Comme si cela ne suffisait pas, Primera Gold s'est transformée en Primera Metals pour un nouveau contrat dont elle obtient encore le monopole de 3T (Coltan, Cassitérite et Wolframite). La taxe de droit de sortie (exploitation) qui était à 0,12% a été négocié et obtenue en monopole par Primera Metals à 0,35%, l'État perd 0,85% : C'est plus que du pillage ! À titre d'exemple : pour un lot de 12.000 USD, Primera Metals 35.000 USD et l'État perd 85.000 USD à multiplier par le nombre des tonnes », a indiqué son porte-parole.
De plus, cette organisation ne croit pas à la promesse d'installation « d'une fonderie de coltan » par Primera Metals. Elle parle d'un bluff d'autant plus que c'est une tâche difficile même dans les pays industrialisés.
« Le DG de la SAKIMA et Primera Gold ne doivent induire le chef de l'État en erreur », a insisté cette ASBL.
En grosso modo, elle en appelle à l'implication du président de la République pour booster l'usine de fonderie et raffinerie de l'or, installée à Bukavu (Sud-Kivu), en vue de réduire la pauvreté qui y bat son plein.
Merveil Molo