RDC - Crise humanitaire à l'Est : le manque d'eau, les VBG, la non-scolarisation des enfants parmi les problèmes des déplacés de Bulengo qui appellent à l'aide du gouvernement 

Lundi 14 août 2023 - 17:12
Image
Droits tiers

La République démocratique du Congo connaît une insécurité qui ne dit pas nom dans sa partie Est depuis plus de deux décennies. Cette insécurité caractérisée par des tueries et enlèvements des civils mais aussi le paillage de leurs biens, est due à l'activisme des groupes armés locaux et étrangers. 

Cette situation d'insécurité a engendré une crise humanitaire dans l'Est du pays, du fait des déplacements des populations suite aux attaques rebelles. L'insécurité a été accentuée par la résurgence dans l'Est du Congo-Kinshasa du mouvement terroriste du M23 en 2022. 

Principalement, dans le Nord-Kivu, les populations des territoires de Masisi et Rutshuru, fuyant les combats, ont fait le déplacement de Goma. Elles sont installées dans plusieurs camps. Parmi ces sites, il y a Bulengo à Goma qui accueille au total 26.950 ménages, selon son président, Faustin Mahoro. 

Les déplacés de Bulengo face aux multiples difficultés

Les déplacés du site de Bulengo font face à plusieurs difficultés. Le président du site explique que ces difficultés vont du manque d'eau potable à la non scolarisation des enfants, en passant par la prise en charge sanitaire, les violences faites aux femmes et d'autres problèmes.

"Les difficultés que nous avons, c'est le manque d'appui favorable. Surtout les femmes, ici à Bulengo, n'ont aucune assistance appropriée. Par exemple, elles quittent pour aller chercher les bois de chauffe quelque part. Vous savez qu'ici nous sommes entourés par le parc national. Arrivées là-bas, elles connaissent la violence. Les femmes dorment sur les pierres que vous voyez ici", a expliqué Faustin Mahoro dans une interview nous accordée, le vendredi 11 août 2023, à Bulengo.

Et de souligner : "D'autres difficultés, ce sont nos enfants qui n'ont pas accès à la scolarisation. Jusqu'à maintenant, seulement 1000 élèves déplacés ont eu l'accès de terminer l'année. Je vous signale qu'ici nous avons identifié plus de  10.000 élèves qui doivent fréquenter l'école primaire. Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas l'espoir si ces enfants vont avoir l'accès l'année prochaine".

À en croire Faustin Mahoro, certains (es) jeunes se livrent aux vagabondages sexuels et à l'alcool faute d'encadrement. 

"Il y a aussi la jeunesse que nous avons ici, comme elle n'a aucune occupation, aucun encadrement, elle se plonge dans des vagabondages sexuels. Il y a aussi les VBG qui se multiplient, il y a aussi les violences qui se produisent dans le camp. Alors, par manque d'encadrement, la jeunesse se migre dans l'alcoolisme. Il y a aussi de ces vieillards qui n'ont pas une assistance appropriée", a dit le président du site Bulengo.

Aucune assistance gouvernementale

Malgré ces difficultés auxquelles font face les déplacés de Bulengo, Faustin Mahoro déplore le fait que les autorités tant provinciales que nationales ne leur apportent pas assistance. 

"Mais de la part du gouvernement, je vous rassure qu'aux niveaux provincial et national, nous n'avons rien reçu jusqu'à maintenant pour Bulengo. Mais on a oui dire que le gouvernement a assisté les autres sites, mais pour le cas de Bulengo, non !", a-t-il déclaré.

Pour lui, seules les ONG qui interviennent pour pallier tant soit peu leurs problèmes quotidiens.

Appel au retour de la paix

Les déplacés de Bulengo appellent non seulement à l'assistance des gouvernements provincial et central, mais également au retour de la paix durable dans l'Est de la RD Congo. 

"Ce que je peux demander au gouvernement, ce n'est pas seulement l'assistance humanitaire mais plutôt c'est le retour de la paix durable dans notre territoire pour que nous puissions retourner chez nous. Parce-que nous ne sommes pas nés pour quémander, nous sommes ici parce-que nous avons manqué la sécurité chez nous. Pendant que nous sommes encore ici, nous avons besoin d'assistance parce-que nous sommes des humains comme les autres. Nous avons besoin de manger et nous avons besoin de la protection. Nous avons besoin de l'assistance en santé, en eau vivre, etc.", a plaidé Faustin Mahoro, président du site de Bulengo. 

Les déplacés du site de Bulengo viennent 3 territoires du Nord-Kivu, à savoir : Masisi, Rutshuru et Nyiragongo. Ils y sont installés depuis janvier 2023. 

Prince Mayiro de retour de Bulengo