Ituri : ce que l’on sait du conflit entre les communautés Héma et Lendu

Samedi 30 septembre 2023 - 17:09
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Selon Human Rights Watch, la province de l'Ituri en République démocratique du Congo (RDC) connaît depuis de nombreuses années des conflits entre les communautés Héma et Lendu. Ces tensions, qui ont souvent abouti à des affrontements violents, ont des causes multifactorielles. 

Tout d'abord, il convient de souligner que les rapports entre les Héma et les Lendu ont été historiquement marqués par des rivalités ethniques, des compétitions pour l'accès aux ressources naturelles et des conflits fonciers. La province de l'Ituri est riche en ressources naturelles telles que l'or, le diamant et le pétrole, suscitant des convoitises et des luttes pour le contrôle de ces richesses. Les rivalités politiques, l'absence de gouvernance efficace et la marginalisation économique de certaines communautés ont également contribué aux tensions.

Toutefois, selon Jules Tsuba, coordonnateur de la société civile de Djugu, il est important de souligner que les problèmes entre les Héma et les Lendu ne sont pas intrinsèques aux deux communautés elles-mêmes. Selon lui, les politiques manipulent les groupes armés locaux pour semer la discorde entre les différentes communautés. Les groupes armés, composés notamment de milices ethniques, utilisent la violence et la propagande pour attiser la haine et les affrontements intercommunautaires.

Les conséquences de ces conflits sont désastreuses pour la région. Des milliers de personnes ont été déplacées de force, des villages ont été brûlés et des violences sexuelles ont été commises. Les conflits ont également entravé le développement socio-économique de la région et fragilisé la cohésion sociale.

Pour résoudre ces conflits et promouvoir la cohabitation pacifique entre les Héma et les Lendu, le gouvernement met en œuvre différentes stratégies. L'une d'entre elles est le désarmement et la démobilisation des groupes armés. Le coordonnateur de la société civile de Djugu appelle d'ailleurs le gouvernement à redoubler d'efforts dans la mise en œuvre efficace de ce programme. En effet, il est essentiel de retirer les armes des mains des milices et de réintégrer les combattants dans la société pour favoriser la stabilité et la réconciliation.

« Il n'y a pas de problème intrinsèque entre les deux communautés. Le véritable problème réside dans les groupes armés qui sont manipulés par des politiciens et qui cherchent à semer la division entre ces communautés. Pour remédier à cela, le gouvernement doit intensifier ses efforts en accélérant la mise en œuvre du programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation. Ces efforts seront indispensables pour favoriser la réconciliation, la paix et la cohésion sociale dans la région », a-t-il souligné. 

De plus, le renforcement de la gouvernance et de l'État de droit est une priorité pour mettre fin aux violences intercommunautaires. Cela implique une meilleure représentativité politique des différentes communautés et une administration publique plus transparente et équitable. Il est également crucial de lutter contre l'impunité en poursuivant en justice les responsables des crimes commis.

Il est important de noter que la situation politique et judiciaire d'Yves Kawa Panga Mandro, anciennement chef milicien de l'Ituri et aujourd'hui cadre du MLC, est distincte de la gestion de la province de l'Ituri par le gouverneur militaire. A en croire la radio onusienne, la Cour constitutionnelle a invalidé sa candidature à la députation nationale en raison de sa condamnation en 2014 par la justice congolaise pour des crimes graves, tels que la participation à un mouvement insurrectionnel, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Cette décision n'est donc pas liée directement aux efforts du gouvernement pour résoudre les conflits dans la province de l'Ituri.

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Cet article est réalisé dans le cadre de la vulgarisation du bulletin Sango ya Bomoko, qui collecte et répond aux rumeurs qui circulent dans la communauté pour prévenir le développement de discours de haine, tribalistes et la désinformation capables de briser la cohésion sociale.