L'ancien commissaire général de la Police Nationale Congolaise PNC, le général retraité Dieudonné Amuli Bahigwa, interpelle les fils et filles de la province de l'Ituri sur leur responsabilité dans la crise sécuritaire qui sévit dans cette partie du pays depuis près de 8 ans.
L'ancien patron de la Police en RDC s'est ainsi exprimé au cours d'un point de presse tenu ce lundi 27 novembre 2023 à Bunia, chef-lieu de province.
A en croire ce fils de l'Ituri, le chef de l'État congolais et le gouvernement de la République font des efforts pour venir à bout des violences armées qui endeuillent cette partie du pays depuis des années. Néanmoins, le peuple iturien doit également s'y investir pour le retour d'une paix durable.
"Il nous souviendra que depuis quelques décennies, l'Ituri est soumis à des cycles des violences récurrentes. Que des morts, que des blessés, que des pillages des ressources, que des déplacés et autres réfugiés. Depuis le déclenchement de ce nouveau drame, l'Etat congolais s'emploie à y mettre fin. Le président de la République et son gouvernement ont multiplié des initiatives tant militaires que politiques pour ramener la paix dans notre province.
Selon mes analyses personnelles, nous ituriens, avons aussi notre part de responsabilité dans le malheur qui nous arrive. Notre démarche actuelle est une interpellation de notre propre conscience à nous mobiliser pour conjurer ce drame qui nous frappe", a-t-il déclaré.
Le général à la retraite exprime son regret de voir le conflit armé qui déchire l'Ituri, être entretenu par des fils et filles de la province.
"Quelle que soit la main noire qui pourrait nous manipuler de l'extérieur communément appelée tireur de ficelles. Nous constatons avec regret que ce conflit est essentiellement animé par des filles et des fils de l'Ituri. Nous aurions pu dire non à ces manipulateurs refusant ainsi d'endeuiller notre province", dit-il.
Ainsi, il formule une série de recommandations pour mettre fin aux violences armées en Ituri. Il demande notamment aux ituriens de se "surpasser et de prendre une décision ferme en faveur de la paix" et de "bannir la haine éthnique dans les discours quotidiens et de promouvoir la cohésion pacifique".
Pour rappel, c'est depuis 2017 que la province de l'Ituri fait face à un problème d'insécurité. Parties du territoire de Djugu, les violences armés commises par des groupes armés locaux se sont étendues sur plusieurs territoires. En mai 2021, le chef de l'Etat a levé l'option d'instaurer l'état de siège dans 2 provinces de l'est dont l'Ituri afin d'endiguer ces violences armées.
Quelques mois après l'entrée en vigueur de ce régime exceptionnel, une délégation constituée des leaders communautaires conduite par Thomas Lubanga, a été dépêchée en Ituri afin de négocier une énième cessation des hostilités avec les groupes armés, essentiellement les miliciens CODECO (coopérative pour le développement du Congo). Cependant, certains membres de ladite délégation y compris son coordonnateur Thomas Lubanga, ont été pris en otage dans la région de Bambu à Djugu, par les miliciens CODECO, avant d'être relâchés près de 3 mois après.
Séraphin Banangana depuis Bunia