Kwilu : A Lusanga, une coopérative d’artistes associe l’art à la restauration des terres dégradées et la lutte contre la faim 

Mercredi 27 mars 2024 - 19:48
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Le maillage entre l’art, la restauration des terres dégradées et la lutte contre la faim est une réalité à Lusanga, une localité située à une trentaine de kilomètres de la ville de Kikwit, dans la province du Kwilu, et à 570 km de Kinshasa.

Cette alchimie est réalisée par le Cercle d'art des travailleurs de plantation congolaise (CATPC). Cette organisation non gouvernementale a réussi à faire adhérer à son projet d’agroforesterie la communauté de cette localité où s’entrechoquent les souvenirs des travaux forcés et la prospérité perdue avec la multinationale anglo-néerlandaise Unilever  devenue PLZ lors de la zaïrianisation. 

Les artistes sont recrutés et formés sur place à Lusanga. Les statues en argile qu’ils sculptent sont scannées en 3D et reproduites à Amsterdam, au Pays-Bas, puis exposées dans des galeries et musées en Europe avec l’appui de l’artiste néerlandais Renzo Martens. Les fonds obtenus servent à racheter des terres dégradées par la monoculture du palmier à huile qui y était pratiquée par Unilever.

« C’est grâce à l’art que nous arrivons à restaurer la terre qui était dégradée par la monoculture du palmier à huile. Les œuvres d’art que nos artistes créent sont exposées ou vendues en Europe. L’argent obtenu nous permet de racheter des terres dégradées pour les restaurer. Nos artistes sont donc des environnementalistes engagés », a expliqué René Ngongo, président du CATPC.

A ce jour, CATPC a déjà acquis 235 hectares dont plus de 80 sont déjà restaurés avec l’acacias, une espèce légumineuse à croissance rapide.

« Nos acacias nous les plantons à l’intervalle de 9 m². Nos avons opté pour l’acacia pour principalement deux raisons. C’est un arbre légumineux car il fertilise le sol et aussi c’est une espèce à croissance rapide. Il a une grande capacité de captation d’azote. Un autre arbre dans un sol pauvre comme celui-ci il ne va pas pousser », a dit Clever, agronome du CATPC.

Les espaces entre le arbres sont partagés aux membres de la coopérative. Ils cultivent des plantes comestibles, des arbres fruitiers dont les les orangers, citronniers, les safoutiers, les cacaoyers ainsi que les arbres à chenilles.

« Les espaces entres nos arbres nous leur distribuons aux membres de l’association qui vivent tous ici à Lusanga. Ils plantent les arbres de leur choix. Le plus souvent ils plantent le manioc et le maïs. C’est vraiment un impact direct de notre projet sur la communauté », a ajouté l’agronome.

Les ouvriers du projet sont également recrutés dans la communauté. Ceux qui ont été interrogés par 7SUR7.CD n’ont pas manqué de saluer l’initiative du CATPC.

« Le plus grand avantage de ce projet c'est la scolarisation de nos enfants grâce à l'argent que nous gagnons et nous en sommes très reconnaissants. Un autre avantage, c'est la présence des arbres, les acacias qui sont revenus, plantés par le projet », a raconté Charlotte Kapasa, agricultrice.

A en croire le président de cette coopérative d’artistes, l’objectif est de restaurer et reboiser 2500 hectares. 

« L’objectif est d’avoir 2500 hectares. Nous achetons des espaces auprès de Strategos, l’entreprise qui a racheté les plantations d’Unilever, ainsi qu’auprès des communautés locales. Nous avons également introduit un projet chez FONAREED ( Fonds national Reed). Nous sommes donc en bonne position pour avoir 1000 hectares », a ajouté René Ngongo.

Le CATPC ambitionne de transformer localement les produits issus de sa forêt. Les oranges, citrons et les autres fruits en jus, le cacao en chocolat.

Bienfait Luganywa