RDC : L'ODEP va lancer des numéros verts pour la dénonciation des actes de corruption et détournement des deniers publics

Samedi 18 mai 2024 - 12:37
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L'Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) annonce l'opérationnalisation dans les tout prochains jours, d'une adresse e-mail et des numéros verts devant permettre aux agents de l'administration en particulier et à la population en général de dénoncer les actes de détournement des derniers publics, de corruption et autres formes de prédation des finances publiques en RDC. 

C'est son  président du conseil d'administration, le professeur Florimond Muteba, qui l'a dit au cours d'une conférence de presse tenue ce vendredi 17 mai 2024 à Kinshasa. À l'en croire, l'objectif est de pousser la population congolaise à prendre à bras-le-corps le phénomène de la corruption et de l'éradiquer. 

"D'ici la semaine prochaine, nous allons mettre en place une boîte  e-mail et les numéros de téléphone  verts qui va s'appeler ODEP/CCPM. Cela a pour objectif de décomplexer tous les Congolais qui sont dans l'administration publique. Vous êtes à la présidence, à la primature, au ministère des Finances ou ailleurs et vous constatez qu'il y a des choses pas bien qui s'y passent, envoyez dans cette adresse e-mail. Je serai le seul à retenir le mot de passe. N'ayez pas peur, car vous serez protégés. Il y aura aussi des numéros de téléphone pour dénoncer. L'équipe de l'ODEP va se réunir pour traiter ces informations.
 Nous demandons à la population congolaise de prendre à bras-le-corps le phénomène de la corruption et de l'éradiquer dans notre pays
", a déclaré le professeur Florimond Muteba. 

Installation des observatoires locaux des dépenses publiques

Toujours dans ce même registre, le PCA de l'ODEP a annoncé le lancement imminent d'un projet d'installation des observatoires locaux des dépenses publiques dans les provinces. Selon lui, ce projet qui sera d'abord lancé dans cinq provinces pilotes de la RDC consiste à ramener le combat pour l'assainissement de la gestion des finances publiques au niveau de la base. 

"Nous comptons mettre en place, environ 24/24, des observatoires locaux de gouvernance participative qui feront le travail que l'ODEP fait, mais au niveau de la province, de la commune, des ETD de manière générale. Nous avons pris cinq provinces pilotes où nous allons installer ces observatoires de la dépense publique au niveau local. L'objectif, c'est de ramener cette lutte vers la base. Il faut outiller les populations des ETD pour qu'elles soient capables de contrôler", a-t-il souligné. 

L'ODEP plaide par ailleurs pour la réhabilitation de la fonction contrôle au sein des inspections sectorielles dans l'administration publique. Il note parmi ces organes de contrôle qui doivent jouer un rôle central au sein de l'administration, l'inspection générale de la santé, de l'éducation, des mines et de la police, etc. 

La corruption ne peut pas nous habiter indéfiniment

"Nous avons décidé de lancer un message fort au peuple congolais pour dire que la corruption ne peut pas nous habiter.  Elle ne peut pas devenir une lèpre qui va vous nous habiter et nous tuer. Il n'y a pas que la Cour des comptes qui doit le faire. Une des manières de reculer vraiment la corruption, le détournement et toute sorte de prédation, c'est que les contrôles doivent marcher. Vous avez le contrôle de l'IGF, le contrôle parlementaire, mais surtout le contrôle des inspections sectorielles, comme l'inspection générale de la santé, de l'éducation, des mines, etc. Nous avons dans toute notre administration des institutions de contrôle, des inspections qui ne marchent pas. Nous profitons de ce premier pas important que la Cour des comptes vient de faire pour dire allons-y", a indiqué le professeur Florimond Muteba.

Il a saisi cette occasion pour saluer la première audience tenue par la Cour des comptes le 7 mai dernier mettant en cause trois comptables publics. Pour lui, il s'agit d'un début historique du contrôle juridictionnel des finances publiques en RDC, 37 ans après la création de cette juridiction. 

"Cette première audience de la Cour des comptes, en matière de discipline budgétaire, est un début historique du contrôle juridictionnel des finances publiques. Jusque-là, son rôle de contrôleur juridictionnel des comptables publics n'a jamais été assumé. La Cour n'a jamais su juger ces comptables pour les fautes de gestion. Cela depuis 1987 qu'elle est créée. Ça vaut la peine d'être appuyé et soutenu", a insisté  le professeur Florimond Muteba. 

Vivement la réhabilitation de la fonction contrôle

Selon lui, au nombre de défis qui restent à relever pour permettre à cette juridiction de jouer pleinement son rôle figurent la question de la déconcentration de la Cour des comptes, à travers l'installation de ses représentations dans les  provinces, la mise à sa disposition des infrastructures adéquates et le recrutement d'au moins 5000 magistrats d'ici 2028.

"Nous avons aujourd'hui le problème, l'insuffisance des magistrats qui continue. La Cour des comptes a une soixantaine de magistrats très âgés,  alors que l'Afrique du Sud a plus de 2000 magistrats. La Chine a un million de magistrats à la Cour des comptes. Ce que nous voulons est que la gouvernance des finances publiques s'améliore dans notre pays. Il faut au moins recruter 5.000 magistrats d'ici 2028", a recommandé le professeur Florimond Muteba. 

Il a conclu cette conférence de presse en plaidant pour la prise en compte des recommandations issues de la table ronde de la société civile tenue du 19 au 23 juillet 2021, relatives à la dotation de plus de moyens à l'Autorité de régulation des marchés publics, à la Direction générale de contrôle des marchés publics, à la Cour des comptes, à l'Inspection générale des finances, ainsi qu'aux inspections sectorielles. 

ODN