RDC : le Parlement invité à privilégier le système proportionnel avec listes fermées pour une meilleure représentativité des femmes dans les instances décisionnaires

Samedi 15 juin 2024 - 09:20
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La nécessité de repenser le système électoral pour favoriser une participation plus accrue des femmes dans les instances de prise de décisions, en passant d'un système proportionnel avec listes ouvertes à un système proportionnel avec listes fermées est la recommandation formulée par Ferdinand Kapanga Mutombo, conseiller principal du rapporteur de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), lors d'un News Forum axé sur le thème : « Réformes du cadre légal : Bilan et perspectives sur les quotas de femmes dans les processus électoraux en RDC », organisé ce vendredi 14 juin 2024 à Kinshasa par le média en ligne Actualité.cd.

Selon lui, les listes ouvertes favorisent souvent la prédominance masculine, tandis que les listes bloquées offrent une meilleure opportunité aux femmes d'accéder aux postes de décision.

« Même si vous mettez 80% de femmes sur les listes et 20% d'hommes, tant que nous aurons comme système électoral le système proportionnel à listes ouvertes à une seule voix préférentielle avec application de la règle du plus fort reste, rien ne changera, car les listes ouvertes ne privilégient pas les quotas. Le système favorable aux femmes est celui des listes bloquées. Le système à listes ouvertes n'est pas favorable aux femmes, parce que l'électeur qui entre dans le bureau de vote choisira le candidat de son choix sur la liste. Cela signifie que pour la RDC, pour que la situation des femmes change, nous avons besoin de sièges réservés », a-t-il préconisé.

Parallèlement, la mobilisation de l'opinion publique et la volonté politique sont des leviers indispensables pour faire avancer cette cause, a souligné Grâce Lula du Cadre de Concertation de la Femme Congolaise (CAFCO). Celle-ci a mis en avant l'importance de sensibiliser la population et de susciter un engagement collectif en faveur de l'égalité des sexes.

« C'est un combat de toute la communauté congolaise. Quel est le meilleur système électoral ? Comment voulons-nous changer la donne ? C'est un travail d'ensemble. Cela doit être une mobilisation générale pour parvenir à un changement », a-t-elle affirmé.

Le politologue Germain Kuna a quant à lui insisté sur le potentiel des femmes à contribuer positivement à la sphère politique et a appelé à un plaidoyer fort en faveur d'une participation accrue des femmes, notamment en s'adressant à la première ministre Judith Suminwa.

« Pour moi, le nombre de femmes est de loin supérieur à celui des hommes. Les femmes, dès lors qu'on les implique dans la gestion de la chose publique, apportent forcément un changement positif. La première ministre est une opportunité pour les femmes. Elle détient un certain pouvoir et si nous essayons à travers des plaidoyers et des interpellations, nous pouvons encourager la participation politique des femmes à travers elle. Aujourd'hui, les femmes doivent considérer sa présence comme une chance et il faut tout mettre en œuvre pour tirer le meilleur d'elle afin que les femmes soient mieux représentées », a-t-il expliqué.

Cependant, malgré les avancées législatives visant à promouvoir la femme en RDC, des défis persistent, a constaté Dorcas Bwalelo, militante des droits des femmes. Elle a souligné la nécessité de s'attaquer aux stéréotypes, de renforcer l'autonomisation économique des femmes et de mettre en place des réformes réglementaires effectives.

« En termes de perspectives, nous devons nous attaquer aux causes, notamment les conceptions patriarcales de notre société. Nous devons travailler sur la sensibilisation de la communauté pour changer les mentalités. Il existe trop de stéréotypes qui font que de nombreuses personnes ne font toujours pas confiance aux femmes, en particulier dans les provinces. Nous devons également travailler sur l'autonomisation économique des femmes. Les élections sont coûteuses. Nous devons mettre en place des politiques pour que les femmes soient autonomes et puissent financer leurs campagnes électorales avec succès. Les réformes sont également essentielles. Les réformes réglementaires sont importantes, ainsi que la volonté politique de les appliquer », a-t-elle déclaré.

Bien que la RDC se soit dotée ces dernières années d'un arsenal législatif visant à promouvoir la gent féminine, la mise en pratique de ces textes reste problématique. Les femmes ont toujours du mal à se faire une place dans les instances de prise de décision. À l'Assemblée nationale, une soixantaine de femmes ont été élues.

Une avancée majeure a été réalisée avec la nomination de Judith Suminwa en tant que première femme à diriger le gouvernement en RDC. Son équipe compte 17 femmes sur un total de 54 membres, soit 31%.

Merveil Molo