Ituri : à la découverte de Jôo, ce village riche en poissons mais sous-développé (Reportage)

Mardi 13 août 2024 - 08:47
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Le village Jôo, situé au bord du lac Albert, en province de l'Ituri, au nord-est de la République démocratique du Congo. Ph. Joël Losinu

Le village Jôo se situe au nord-est sur le littoral du lac Albert à plus ou moins 40 kilomètres du centre commercial de Tchomia, Chef-lieu de la chefferie des Bahema-Banywagi, partageant la limite avec celle de Bahema-Nord, en territoire de Djugu, au sud de la ville de Bunia (Nord-Kivu). La voie maritime reste le seul moyen d'y arriver. Il s'agit d'une entité riche en poissons, mais sous-développé. 

Une accalmie totale s'observe, ces jours, dans ce coin de la province de l'Ituri, facteur qui permet à toutes les couches de vaquer aisément aux multiples activités quotidiennes.

"Il y a presque trois ans depuis que notre village était la cible des éléments de la milice CODECO, causant un déplacement de la population vers l'Ouganda et dans d'autres zones lacustres jugées sécurisées. Néanmoins, ces jours, nous respirons l'air de la paix", entame Sumba Kalongo, chef dudit village.

La principale activité de la population reste axée sur la pêche et l'agriculture, permettant à la population de subvenir à ses besoins quotidiens.

"Ici, nous dépendons majoritairement de la pêche et aussi l'agriculture, nous cultivons surtout le manioc […] Vous le savez, le lac Albert demeure parmi les plus poissonneux. Après avoir attrapé les poissons, nous les vendons et cela nous permet de subvenir aux besoins de nos familles. 1 kilogramme de poisson se négocie ici entre 6 à 7000 FC, contrairement à Bunia où le prix est le double, soit 13 voire 14.000 FC", a déclaré un pêcheur retrouvé au bord du lac Albert.

Mais la communication pose un problème 

Jôo est aussi ce village riche en produits de pêche, mais qui fait face à la non-couverture de réseau cellulaire. Parfois certains habitants font des longs trajets pour trouver la connexion afin de passer des appels téléphoniques. 

"Pour communiquer, nous avons des endroits où il faut aller, surtout sur des collines. Notre antenne était, la dernière fois, détruite par les eaux du lac Albert. Nous plaidons que les autorités compétentes nous viennent en aide pour palier cette problématique, qui constitue une autre forme d'insécurité", a plaidé un habitant local. 

Un autre défi : l'éducation 

À Jôo, le secteur de l'éducation reste préoccupant. Ce village d'environs 5 000 habitants n'a qu'une seule école primaire. Dans l'optique de continuer les études au niveau secondaire, les élèves sont contraints de parcourir une trentaine de kilomètres sur le lac Albert en pirogue. Certains parents décident, par ailleurs, de faire déménager leurs enfants vers le village Tchomia où sont les écoles secondaires.

"Il n'y aucune école secondaire ici. Pour que nos enfants poursuivent leurs études, nous les envoyons à Tchomia, une distance d'au moins 30 kilomètres avec plusieurs risques qu'ils courent vu que le seul moyen demeure le déplacement maritime", a affirmé un autre habitant.

En ce qui est de la santé, ledit village ne dispose que d'un seul poste de santé, parfois, incapable d'intervenir aux cas d'urgence, à l'occurrence, les complications lors de l'accouchement et des interventions chirurgicales, par manque des matériels nécessaires.

"Nous sommes privés de soins de qualité. Il arrive de fois, où les complications surviennent et les malades sont contraints d'être transférés à Kasenyi ou Tchomia le long d'au moins 40 kilomètres en plus en servant d'une pirogue vu qu'il n'y a une route (….). Parfois, les gens meurent en pleine route", a indiqué un infirmier.

Le village de Jôo alimente, ces jours, la ville de Bunia en poissons et farine de manioc, mais se heurte contre le grand défi lié à l'évacuation de ces denrées, en cette période où le vent violent souffle sur les eaux du lac Albert.

Joël Losinu, de retour de Jôo

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