Lubumbashi : L'arrivée d'un couple de lions au zoo à la base d'un conflit entre l'ICCN et une association

Mercredi 18 septembre 2024 - 08:40
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Lion

Depuis 2011, l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et l'Association amis du zoo de Lubumbashi (AZLU) travaillent ensemble pour gérer et développer le jardin zoologique de Lubumbashi. Ce partenariat a permis de transformer cet espace situé sur la chaussée Laurent Désiré Kabila en déclin, en une attraction accueillant plus de 18.000 visiteurs par mois. Cependant, l'arrivée d'un couple de lions au zoo de Lubumbashi a créé un conflit menaçant cette collaboration de longue date.

Le conflit actuel a été déclenché par la décision de l'ICCN d'envoyer un couple de lions (un mâle et une femelle) de Kinshasa au Zoo de Lubumbashi, sans consultation préalable avec AZLU. L'association a exprimé son désaccord, notamment en ce qui concerne la logistique et les conditions d'accueil de ces félins. Face au risque d'accident et à l'absence de concertation, AZLU a menacé de rompre le partenariat.

Dans une déclaration dont une copie est parvenue le mardi 17 septembre 2024 à 7SUR7.CD, les agents de AZLU ont pris la décision de quitter le zoo après avoir appris l'arrivée probable de ce couple de lions en provenance de Kinshasa. La tension a monté lorsque l'ICCN a reporté l'arrivée des lions à la dernière minute, provoquant un arrêt de travail des agents d'AZLU. Ces derniers ont ensuite été empêchés d'accéder au zoo par l'ICCN.

En réponse, Jean Mululwa, directeur du Zoo de Lubumbashi, interrogé par la presse locale, a reproché à AZLU plusieurs actions unilatérales notamment "la castration des animaux sans accord préalable, et le transfert d'espèces sans justification".

"Le couple devait arriver ici le samedi passé. Elle a écrit ceci dans une correspondance. Si vous amenez vos lions, moi je démissionne. Comme vous avez décidé d'amener les lions, je démissionne. C'est écrit. Je démissionne et je mets fin au sponsoring. Le zoo est en train de se vider de ses passionnantes. Il n'est plus attractif. Nous recevons les plaintes des visiteurs. Il faut le prendre en compte", a-t-il déclaré au micro tendu par 7SUR7.CD.

Face à ces accusations, en réaction, par la voix de sa présidente, Lydia Forrest, AZLU a justifié ses actions, mettant en avant les contraintes financières et logistiques qui empêchent l'accueil de nouveaux animaux sans une préparation adéquate. La castration des mâles était une mesure nécessaire pour éviter une surpopulation incontrôlée, qui pourrait compromettre les ressources disponibles pour nourrir et soigner les animaux, explique AZLU.

"AZLU n'a jamais refusé de recevoir d'autres animaux. Cependant, cela devrait se faire en fonction de ses capacités d'accueil, de la sécurité des soigneurs, des employés du Zoo et des milliers de visiteurs par mois et sans oublier de ses moyens financiers. A titre d'exemple, un lion mange 7 kgs de viande par jour. Ajouter à cela ses soins et autres besoins. La décision d'envoyer de Kinshasa un couple de lions par ICCN n'était pas partagée avec AZLU qui l'a appris par pur hasard. Le Zoo de Lubumbashi ne dispose que d'un seul enclos sécurisé pour des lions et dans cet enclos, il y a un lion mâle. AZLU a demandé au DG de reporter sa décision et elle n'a pas voulu assumer la responsabilité en cas d'accident car gérer c'est prévoir", a-t-elle expliqué dans une dépêche dont une copie est parvenue à 7SUR7.CD.

À propos de la castration, Lydia Forrest a précisé que le Zoo n'est pas une activité d'élevage car en laissant les mâles et les femelles ensemble, il y a reproduction multipliée. Cette multiplication, a-t-elle poursuivi, va occasionner une catastrophe en terme de financement, d'espace de logement, d'alimentation et des soins. D'où, c'est suite aux différents motifs relatifs aux contraintes de gestion que AZLU a castré tous les mâles.

Depuis la signature d'un contrat entre ICCN et AZLU, le Zoo de Lubumbashi renaît de ses cendres. Sur l'initiative de Lydia Forrest, cet espace écologique accueille plus de 18.000 visiteurs par mois.

Patient Lukusa, à Lubumbashi