Afrique centrale : 6 pays dont la RDC réfléchissent au déploiement des paiements pour services environnementaux

Mardi 28 janvier 2025 - 13:22
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Une conférence interministérielle internationale sur le déploiement des Paiements pour Services Environnementaux (PSE) en Afrique centrale s'est ouverte le lundi 27 janvier 2025 à Kinshasa. Cette initiative vise à rémunérer directement les acteurs ruraux et les communautés locales pour les services écosystémiques qu'ils fournissent, à travers des contrats volontaires. Les PSE se concentrent sur six activités clés : l'agroforesterie, le reboisement, les cultures pérennes, la régénération, la gestion durable des forêts et la conservation.

Pendant trois jours, des experts de la République démocratique du Congo (RDC), de la République du Congo, du Cameroun, du Gabon, de la Centrafrique et de la Guinée équatoriale travailleront à l'élaboration d'une feuille de route pour déployer les PSE à grande échelle. Ils identifieront les activités prioritaires, les besoins en financement et les modalités de mise en œuvre les plus adaptées.

« Il s'agit en fait de primer tous ceux qui conservent les forêts. Ils peuvent continuer leurs pratiques normales, mais en respectant les normes environnementales. Notre priorité, c'est d'abord l'être humain, nous occuper des communautés locales. Si on ne leur donne pas l'éducation et les encouragements nécessaires, elles ne comprendront jamais que la déforestation est mauvaise », a déclaré Eve Bazaiba, ministre congolaise de l'Environnement, dans son discours d'ouverture.

Selon la ministre d'État, les résultats de cette conférence serviront d'agenda commun pour les pays d'Afrique centrale lors des négociations à la COP 30, qui se tiendra à Belém, au Brésil, en novembre prochain.

« Au niveau de l'Afrique centrale, il faut qu'on puisse parler le même langage en matière de gestion durable des forêts à la COP 30 à Belém. Ce sera l'une des COP les plus importantes, car elle se passera en plein bassin de l'Amazonie. Nous, du bassin du Congo, devrons parler le même langage », a ajouté Eve Bazaiba.

Les PSE ont été conçus avec l'appui de l'Initiative de la forêt d'Afrique centrale (CAFI), une organisation qui a déjà mobilisé 1 milliard de dollars américains depuis 2015 pour les forêts de la sous-région.

« Sur la base de l'expérience de la mise en œuvre du projet, nous avons commencé à réfléchir à la mise en place d'un instrument, à la demande des pays, qui peut beaucoup mieux viser les communautés locales. Il s'agit de mettre en place un système efficace, standardisé et direct qui renforce et améliore la performance de nos projets. L'objectif de la conférence est de lancer cette réflexion sur le déploiement opérationnel. Ceci doit conduire la sous-région à être sur la carte lorsqu'on va parler changement climatique et finance climat à la COP 30 », a souligné Berta Pesti, cheffe du secrétariat CAFI.

Pour sa part, le secrétaire exécutif de la Commission des forêts de l'Afrique centrale (COMIFAC), Hervé Martial Maidou, a indiqué que l'idéal serait de voir tous les onze pays de la sous-région rejoindre l'initiative.

« La COMIFAC a reçu mandat d'harmoniser toutes les politiques forestières et environnementales dans la sous-région. Nous saluons l'initiative de CAFI pour les paiements des services environnementaux qui vont être déployés d'ici là. Les réflexions vont se poursuivre pour intégrer tous les 11 pays membres de la COMIFAC. L'objectif est de partir à la COP 30 avec une seule voix pour davantage mobiliser des financements pour la sous-région », a-t-il déclaré.

Le déploiement des PSE réjouit l'instance exécutive de la Communauté économique des États d'Afrique centrale (CEEAC). Elle estime que cette initiative contredit ceux qui affirment que l'intégration régionale dans la sous-région est une utopie.

« Nous devons tordre le cou à l'idée selon laquelle l'intégration régionale en Afrique centrale n'est pas réelle. S'il y a au moins un domaine dans lequel l'Afrique centrale fait beaucoup de choses ensemble, c'est celui de la protection de l'environnement. C'est un nouvel outil innovant qui vise à ce que les questions environnementales trouvent des solutions concrètes. On ne peut pas protéger l'environnement sans financement », a déclaré Daniel Pascal Elono, représentant de la CEEAC en RDC.

Notons que cette conférence se clôturera le mercredi 28 janvier par un segment politique. Ce dernier réunira les ministres des six pays ayant dans leurs attributions les forêts, l'environnement, l'agriculture, les finances ainsi que l'aménagement du territoire. Il est prévu à l'agenda que le président de la République, Félix Tshisekedi, prononce le mot de clôture.

Bienfait Luganywa