Élections 2023 : Le CAFCO documente près de 380 conflits électoraux dans 11 provinces (Rapport)

Mardi 25 mars 2025 - 17:01
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Dans un rapport de médiation rendu public ce mardi 25 mars 2025 à Kinshasa, le Cadre de Concertation de la Femme Congolaise (CAFCO) a révélé avoir recensé 377 conflits électoraux à travers 11 provinces de la République démocratique du Congo (RDC), survenus lors des élections générales du 20 décembre 2023 et des législatives nationales et provinciales de Yakoma et Masi-Manimba.

La capitale, Kinshasa, se distingue tristement avec le nombre le plus élevé de conflits, enregistrant 106 cas sur les 377 répertoriés.

Malgré l'ampleur des conflits, le CAFCO se félicite du succès de sa mission de médiation. Sur les 377 conflits identifiés, 356 ont été résolus, soit un taux de résolution de 94,43%. Ce succès est attribué au professionnalisme et à l'efficacité de ses médiateurs déployés dans les chefs-lieux des 11 provinces concernées. Toutefois, 21 conflits n'ont pas trouvé de résolution.

Par ailleurs, 103 cas de violences, principalement à l'encontre des femmes, ont été documentés, dont 22 à Kinshasa. Ces tensions se sont manifestées sous diverses formes, allant des violences verbales aux actes de corruption, en passant par des menaces et des intimidations.

Le rapport du CAFCO met en lumière 13 facteurs principaux à l'origine de ces conflits :

- La méconnaissance de la procédure de vote par les parties prenantes ;

- L'amateurisme de certains membres des bureaux de vote ;

- La délocalisation, la suppression ou la fusion de certains bureaux de vote ;

- L'omission des noms de certains électeurs sur les listes électorales ;

- Les tentatives d'achat de votes par les partisans de certains candidats ;

- L'ouverture tardive des bureaux de vote ;

-  Le trafic d'influence et les intimidations orchestrés par les partisans de certains candidats ;

- Le dysfonctionnement et la méconnaissance du dispositif électronique de vote ;

- Le non-respect des droits et prérogatives des témoins des candidats et des observateurs par les membres de certains bureaux de vote ;

- Le refus de la rotation des témoins et des observateurs dans certains bureaux de vote ;

- L'impatience des électeurs ;

- L'absence d'une partie du matériel électoral dans certains bureaux de vote ;

- La mauvaise gestion des files d'attente.

Plaidoyer pour une reconnaissance légale de la médiation des conflits électoraux

Fort de son expérience, le CAFCO plaide pour une reconnaissance légale de la médiation électorale en RDC.

« Ce travail important est réalisé de manière informelle, car il n'a pas de fondement juridique. La loi électorale ne reconnaît que les électeurs, les candidats, les observateurs et les journalistes, mais la médiation des conflits électoraux n'est pas prise en compte », a déploré Grâce Lula Hamba, directrice exécutive du CAFCO.

Elle a souligné que cette plateforme de la société civile entend poursuivre son plaidoyer auprès de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) pour intégrer la médiation des conflits électoraux dans la législation.

Au total, 143 médiateurs (médiatrices) ont été déployés dans les chefs-lieux de 11 provinces (Kinshasa, Matadi, Kenge, Kikwit, Mbandaka, Lubumbashi, Kananga, Mbuji-Mayi, Kindu, Kisangani, Kolwezi). Ils ont été appuyés par une cellule de veille.

La mission de médiation électorale a été déployée en deux phases :

- Du 5 décembre 2023 au 5 janvier 2024 : présidentielle, législatives nationales et provinciales, et municipales pour les élections du 20 décembre 2023.

- Du 14 novembre au 19 décembre 2024 : législatives nationales et provinciales réorganisées à Yakoma et Masi-Manimba.

Cette mission de médiation s'inscrit dans le cadre du projet « Appui à l'engagement politique des femmes et des jeunes pour l'émergence d'un nouveau leadership politique à la base », mis en œuvre par le CAFCO avec le soutien financier d'Open Society Africa (OSA).

Merveil Molo