
La table ronde sur la justice face à la corruption en République démocratique du Congo s'est ouverte ce jeudi 7 août 2025 à Kinshasa. Organisé par la coalition « Congo N'est pas à vendre » (CNPV), ce forum réunit plusieurs multi-acteurs des institutions de contrôle, du secteur judiciaire ainsi que les organisations de la société civile.
Les objectifs principaux de ces matinées d’échanges sont :
• Évaluer le système actuel de contrôle des finances publiques et analyser les obstacles à l’application des poursuites judiciaires pour les cas de corruption documentés par la société civile, les dénonciations faites et les plaintes déposées auprès des cours et tribunaux sanctions contre la corruption et le manque d'activation des suivis judiciaires ;
• Contribuer à la lutte contre l’impunité des auteurs des actes de corruption dans le secteur extractif et de la gouvernance par le partage d’informations sur les transactions douteuses dans le secteur extractif avec les acteurs de la justice ;
• Mobiliser les acteurs du secteur de la justice, notamment les magistrats sur les actions à entreprendre à l’endroit des présumés auteurs et complices des actes de corruption et de cession illicite/bradage des droits et actifs des entreprises minières du portefeuille de l’État au profit des en contrepartie des avantages personnels et illégitimes ;
• Explorer les voies d’actions pour amener la République Démocratique du Congo et ses entreprises victimes d’actes de corruption et de perte des royalties/pas de porte illicitement cédées à recouvrer leurs droits ;
• Proposer des recommandations concrètes et applicables pour renforcer le mode de travail en synergie entre les institutions de contrôle pour la transparence, l’indépendance et l’efficacité de ces institutions de contrôle et une collaboration efficace avec le secteur judiciaire ;
• Encourager la collaboration entre le CNPAV/société civile, les organes de contrôle et la justice dans la lutte contre la corruption au travers un cadre de concertation formel et interactif.
Dans son allocution, Dirk Shaka, coordonnateur de la coalition, a expliqué que la République Démocratique du Congo (RDC) est confrontée à une problématique de corruption systémique, laquelle compromet l'intégrité de ses institutions de contrôle et entrave l'efficience des mécanismes de gouvernance.
Selon lui, ce phénomène pernicieux affecte divers secteurs essentiels, notamment l'administration publique, les industries extractives, le système judiciaire et les finances publiques.
« La République Démocratique du Congo (RDC) est confrontée à une problématique de corruption systémique, laquelle compromet l'intégrité de ses institutions de contrôle et entrave l'efficience des mécanismes de gouvernance. Ce phénomène pernicieux affecte divers secteurs essentiels, notamment l'administration publique, les industries extractives, le système judiciaire et les finances publiques. Selon le rapport 2023 de Transparency International, la RDC se classe au 162ᵉ rang sur 184 pays évalués, avec un score de 20 sur 100, la positionnant parmi les 15 nations les plus corrompues à l'échelle mondiale. Entre 2012 et 2020, il est avéré que plus de 300 millions de dollars ont été détournés des fonds de la société minière d'État Gécamines. En janvier 2025, le ministère de la Justice a initié une enquête approfondie à ce sujet », a-t-il déclaré.
À l'en croire, la corruption systémique engendre des répercussions préjudiciables directes sur la population congolaise.
« La corruption systémique engendre des répercussions préjudiciables directes sur la population congolaise. En 2023, environ 74,6% des Congolais vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour, selon les données de la Banque mondiale. Ce taux de pauvreté élevé est en partie attribuable au détournement des ressources publiques. En dépit de la création d'organismes tels que l'Agence de Prévention et de Lutte Contre la Corruption (APLC) et du renforcement de l'Inspection Générale des Finances (IGF), les résultats obtenus demeurent mitigés. De nombreux cas de corruption ont été dénoncés au cours des dernières années, mais peu ont abouti à des condamnations effectives, alimentant ainsi un sentiment d'impunité », a-t-il ajouté.
Plusieurs résultats attendus à l'issue de ses assises, entre autres, les dénonciations des cas de corruption et des perspectives de poursuite des dossiers ainsi que la sensibilisation des responsables judiciaires sur les actes de corruption et les transactions illicites sur les royalties documentées par le CNPAV.
Raphaël Kwazi