Les morts s'accumulent dans la province du Sud-Kivu, l'une des provinces dans l'Est de la République démocratique du Congo.
Si chaque jour certains habitants meurent suite au conflit armé qui sévit dans la région, d'autres périssent suite à la famine dans des camps de déplacés de guerre, des bidonvilles et même dans les villes, d'autres encore meurent suite aux épidémies qui frappent le Sud-Kivu et tragiquement d'autres aussi meurent calcinées dans des incendies ou par manque de médicaments.
Au Sud-Kivu, la tristesse, la désolation, le deuil, la peur des rebelles et le dégoût de la vie se lisent sur le visage de plusieurs habitants.
Des civils sacrifiés suite à la guerre
Depuis la prise de la ville de Bukavu en février 2025 et de plusieurs autres territoires par les rebelles de l'AFC/M23, une grave crise humanitaire sévit dans cette province. Ici et là, des civils sont tués dans des affrontements entre belligérants, des déplacements massifs de populations sont enregistrés et des services de santé largement perturbés.
Si certains civils déplacés meurent de faim dans leurs milieux d'accueil, d'autres meurent de suite de maladies et d'absence d'une prise en charge complète. Certains éléments armés pillent des biens de la population, la laissant dans une situation de pauvreté extrême. Dans des territoires comme Kabare, Uvira, Kalehe, Idjwi et Walungu, des activités agricoles et scolaires sont régulièrement perturbées suite à des affrontements.
Cette guerre a poussé certaines structures de santé à fermer et d'autres ont enregistré une fuite du personnel. Celles qui tentent de fonctionner se heurtent à un défi majeur lié à la rupture de stocks en médicaments. Ces aspects favorisent des décès énormes et accélérés de plusieurs civils, à en croire une étude menée par le Comité international de la Croix-Rouge. Des milliers d'autres personnes blessées par arme ne savent pas accéder aux soins de santé.
Flambée mortelle suite aux épidémies
Outre les décès directs dus à la guerre, d'autres décès corollaires se multiplient au Sud-Kivu, suite notamment aux épidémies. Depuis janvier 2025, plus de 250 décès sont déjà notifiés au Sud-Kivu suite aux épidémies de la rougeole, du choléra et de la variole de singe ou Mpox.
Selon les statistiques communiquées par la division provinciale de la santé au Sud-Kivu, en 10 mois, 160 personnes ont péri suite à la rougeole, 74 suite au choléra et 18 suite à la variole de singe.
La prise en charge est aujourd'hui rendue difficile également par le conflit armé dans la région. Ces plaies sociales et sanitaires ne cessent d'endeuiller des familles au Sud-Kivu.
Des drames qui arrachent aussi la vie
Si certains civils meurent dans des éboulements et inondations, d'autres les sont encore plus dans des incendies infinis des maisons qui consomment des maisons. Déjà, depuis mai 2024, plus de 40 personnes sont mortes calcinées dans des incendies seulement dans la seule de Bukavu.
Le cas le plus récent est celui survenu la nuit de dimanche à lundi 27 octobre dernier, où 14 personnes sont mortes calcinées dans deux familles dans la commune de Kadutu.
Au Sud-Kivu, depuis mai 2025, près de 2.000 maisons, boutiques et magasins sont partis renforçant la misère et le calvaire indescriptible que traversent des habitants du Sud-Kivu.
Une population abandonnée et absence de l'Etat
Aujourd'hui la population du Sud-Kivu ne sait plus à quel sait se vouer. Des autorités rebelles se concentrent sur les objectifs d'occupation et le gouvernement de Kinshasa semble aussi ignorer son rôle. Des habitants se plaignent et regrettent la situation qu'ils traversent.
"Aujourd'hui, les prisons sont vides, des bandits et criminels circulent et volent la population. Aucune justice existante, des cas de justice populaire se multiplient. En cas de catastrophe, les rebelles ni le gouvernement de Kinshasa n'assistent les pauvres citoyens congolais. Des étrangers font la loi, au marché chaque acteur fait ce qu'il veut et d'autres escroquent leurs concitoyens. La misère s'amplifie chaque jour. Des députés et gouvernants ont fui laissant la population triste sort. Tout est noir. Il suffit de voir comment des milliers des ménages vivotent. Qui pour nous sauver ?", a lanché Innoncent Masera, habitant de Bukavu et ayant perdu son emploi suite à la guerre.
Plusieurs organisations humanitaires ont également arrêté leurs activités et d'autres se sont désengagés suite au conflit armé dans la région.
Déogratias Cubaka, à Bukavu