 
La coalition Beijing RDC, par l'entremise de ses partenaires féministes d'Afrique francophone, a présenté ce vendredi 31 octobre 2025, à Kinshasa, ses recommandations en faveur de la paix dans l'Est de la RDC. Face à une escalade des violences et à une crise humanitaire sans précédent, l'appel primordial est au respect « sans condition » des engagements pour la cessation des hostilités.
Annie Bambi, coordonnatrice pays de la coalition Beijing RDC, a dénoncé une « situation sécuritaire catastrophique », notamment à la suite de la prise de Goma et Bukavu par la coalition M23-AFC, soutenue militairement par le Rwanda. Selon elle, cette déstabilisation a fait des femmes et des filles les victimes d'un tribut intolérable.
« Le sexe de la femme/fille congolaise est devenu une arme de guerre. Le corps de la femme congolaise/fille est utilisé comme un champ de bataille. Le viol est une stratégie de guerre, une arme fatale », a martelé Annie Bambi.
Elle a estimé que les chiffres et les exemples d'atrocités donnent froid dans le dos :
- 1,3 million de femmes auraient été victimes de violences sexuelles depuis 1995 ;
- Plus de 164 femmes détenues, agressées sexuellement, puis brûlées vives à la prison de Munzenze à Goma en janvier 2025 ;
– L'assassinat crapuleux, après un viol collectif par des hommes en uniforme, de la féministe Asifiwe Baibonge (coordinatrice de l'Association Femme Avenir) en février 2025 à Goma, érigé en symbole de la violence contre les défenseurs des droits humains ;
- Le massacre d'au moins 319 civils, dont 48 femmes et 19 enfants en juillet 2025 dans le Rutshuru.
Pour ces féministes, la dignité de la femme est « constamment violée », en dépit de tous les instruments juridiques nationaux et internationaux.
Constatant que les efforts diplomatiques du gouvernement n'ont pas encore abouti à une paix effective et durable, la coalition Beijing RDC a présenté une feuille de route pour intégrer le genre au cœur de la résolution de la crise. Il s'agit de :
- Respect des engagements pour la cessation sans condition des hostilités ;
- Respect absolu des droits humains de la femme et de la fille, et de leur dignité ;
- Intégration du genre dans la gouvernance de crise, notamment par la création d'une cellule de coordination nationale genre-paix-sécurité sous l'autorité de la Première ministre ;
- Création d'un observatoire national de lutte contre les violences sexuelles ;
- Intégration des femmes et des jeunes dans les mécanismes de paix et diverses commissions ;
- Lutte contre l'impunité pour les auteurs de crimes ;
- Mobilisation de ressources et de partenaires : négocier un plan spécial de financement pour la paix axé sur la protection des femmes et des filles, et consacrer une part significative des budgets nationaux à la sécurité humaine ;
- Coordination avec les ONG pour créer des espaces sûrs pour les femmes et les jeunes, incluant un soutien psychologique ;
- Intégration de la prévention des VBG (Violences Basées sur le Genre) dans les plans locaux de sécurité ;
- Recours aux voies pacifiques et instauration d'une culture de la paix, étayée par un plan national de communication pour la paix.
Positionnée sur un front féministe depuis mars 2025, la coalition Beijing RDC a engagé des discussions avec des « détenteurs d'obligations » – des acteurs clés visibles et invisibles impliqués dans le conflit – afin d'obtenir des réponses concrètes pour la fin des hostilités, une paix véritable et durable, et le respect des droits humains des femmes et des filles, a conclu A. Bambi.
Merveil Molo
 
     
 
 
 
 
 
