L’atelier de redevabilité du Programme Multisectoriel de Nutrition et Santé (PMNS) a été lancé ce lundi 3 novembre 2025 à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, en présence notamment de la secrétaire général à la pêche et élevage et du coordonnateur de l’Unité de Gestion du Programme de Développement du Système de Santé (UG-PDSS).
Cet atelier de redevabilité est organisé à l’issue du cycle de collecte et d’analyse des données du deuxième semestre 2024 au premier semestre 2025. Il a pour but de partager les résultats du monitoring avec les acteurs clés, harmoniser la compréhension des résultats, et convenir des actions correctives et perspectives.
Cet atelier s’inscrit dans la logique de transparence, de suivi des engagements pris par les parties prenantes, et de responsabilisation mutuelle entre le gouvernement, les ONG de mise en œuvre, la société civile et les communautés bénéficiaires.
Dans son allocation, le secrétaire général a.i à la Santé, Dr Jean-Berlin Epumba, qui a donné le go de cet atelier, a précisé que cette rencontre est un moment stratégique pour dresser avec objectivité, rigueur et transparence, le bilan de la mise en œuvre des interventions du projet.
« Cet atelier s’inscrit pleinement dans la vision du chef de l’État, qui se résume par l’évolution de notre pays vers la Couverture Santé Universelle mais également vers le développement du capital humain. La lutte contre la malnutrition et l’amélioration de la santé maternelle infantile, néonatale, la santé de l’adolescent en général, constituent des piliers indispensables pour la concrétisation de la vision du chef de l’État », a-t-il déclaré.

Le secrétaire général a.i a rappelé aux participants à cet atelier que la population congolaise attend d’eux des résultats tangibles et non des promesses vaines.
« Ensemble, veillons à ce que les engagements pris ici se traduisent en action concrète. La redevabilité comme vous le savez, constitue un principe cardinal de la bonne gouvernance. La redevabilité repose sur la transparence, la participation, la responsabilité, l’obligation de rendre compte (…) Ce cadre nous offre l’opportunité de revisiter les progrès accomplis, identifier les défis qui persistent encore et de convenir sur des mesures correctives et de renouveler nos engagements concrets », a martelé Dr Jean-Berlin Epumba.
De son côté, Dr. Khady Touré, cheffe de projet du PMNS, a mis un accent particulier sur le fait que 11 provinces de la République démocratique du Congo sont à ce jour touchées par les actions du PMNS.
« Quand nous parlons de redevabilité, cela veut dire que nous devons voir avec les parties prenantes de la mise en œuvre, les défis que nous avons, et de regarder par rapport à ces défis, comment les engagements doivent être pris, pour améliorer les résultats du projet. Au début, nous étions dans 4 provinces (Kwilu, Kasaï, Kasaï-Central et Sud-Kivu). Au cours de la mise en œuvre, nous avons rajouté 7 autres provinces, ce qui fait au total 11 provinces pour les interventions de santé. Dernièrement, nous avons rajouté la province de Tanganyika pour l’agriculture », a-t-elle déclaré.
Dans la foulée, elle a indiqué que cet atelier constitue aussi une étape de réorientation.

« C’est pas le premier exercice parce que nous avons déjà fait la revue à mi-parcours PNMS. Quand vous êtes dans la gestion des projets, vous ne pouvez pas dire que les choses sont statiques. Il faut regarder, mettre en œuvre, améliorer et réorienter. Donc c’est un exercice de réorientation de manière continue que nous sommes en train de faire. C’est important que nous puissions le faire pour identifier les défis que nous avons, et réorienter nos actions vers des résultats attendus. Il y a de l’espoir et beaucoup d’améliorations. La RDC est un très grand pays et le nombre d’enfants est très incertain. Nous avons des défis qui ne sont pas seulement liés à la santé, mais aussi à l’accès à l’eau, à la sécurité alimentaire, à des épidémies (…) Des actions sont menées pour aboutir à une amélioration de la situation », conclut Dr Khady Touré.
S’adressant à la presse, Dr Michel Muvidi, spécialiste principal en Santé, gestionnaire des projets du Groupe de la Banque Mondiale, a fait savoir que la redevabilité mutuelle est un principe fondamental de la déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide publique au développement.
« Vous voulez évaluer l’efficacité d’une aide publique au développement d’un programme, d’un projet, il faudra un moment donné s’asseoir pour regarder les rôles et responsabilités des acteurs dans la mise en œuvre des projets. Le PMNS qui est un projet du gouvernement, financé par la Banque mondiale à hauteur de plus de 550 millions de $, est arrivé à un moment crucial, où on a décidé que les partenaires, les acteurs de mise en œuvre, regardent ce qui est en train de se faire en terme de résultat. Ce moment est crucial parce qu’on assiste d’abord à l’arrêt du financement américain, à la baisse des financements extérieurs de la plupart des bailleurs de fonds, mais aussi le pays est en guerre, et cette guerre accélère la vulnérabilité ainsi que la crise humanitaire de la RDC », a-t-il dit.
En outre, Dr Michel Muvudi a souligné que cet atelier est l’occasion pour toutes les parties prenantes de regarder les résultats atteints sur la santé de la mère et de l’enfant.

«C’est un moment de faire un bon diagnostic, pour voir s’il y a des recadrements possibles. On a vu que ce programme a contribué de manière significative à l’amélioration de la santé de la mère. Nous avons participé à la construction et la réhabilitation de plus de 250 structures de santé, et nous voyons qu’il y a aussi beaucoup d’enfants qui ont été suivis pour leur croissance, en rapport avec les questions de nutrition. Certes, on a atteint des résultats, mais il y’a beaucoup à faire », a-t-il dit.
Il sied de souligner par ailleurs que l’objectif de cet atelier est de contribuer à l’atteinte des résultats du PMNS dans la période de mise en œuvre restante avec l’implication de chaque partie prenante.
Pour ce qui est des objectifs spécifiques, il s’agira de :
• Identifier les goulots d’étranglement qui entravent l’atteinte des résultats du projet pour chaque acteur impliqué ;
• Identifier les actions d’amélioration à mettre en place pour accélérer l’atteinte des résultats et pour lesquelles chaque acteur devra s’engager ;
• Partager les bonnes pratiques à capitaliser ;
• Élaborer une feuille de route d’exécution des engagements pris par acteur.
Les résultats attendus à la fin de cet atelier de redevabilité sont les suivants :
• Les goulots d’étranglement qui entravent l’atteinte des résultats du projet pour chaque acteur impliqué sont identifiés ;
• Les actions d’amélioration à mettre en place pour accélérer l’atteinte des résultats et pour lesquelles chaque acteur devra s’engager sont identifiées ;
• Les bonnes pratiques à capitaliser sont partagées ;
• Une feuille de route d’exécution des engagements pris par acteur est élaborée.

Pour rappel, le PMNS est un programme « ambitieux » initié par le Gouvernement et mis en œuvre depuis 2021 dans les provinces du Kasaï-Central, Kwilu, Kasaï, et Sud-Kivu. Ce programme vise à améliorer les indicateurs de santé et de nutrition parmi les populations les plus vulnérables, notamment les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes, les femmes allaitantes sans oublier les ménages en situation d’insécurité alimentaire.
Depuis, le PMNS intervient à travers une approche multisectorielle, combinant la santé, la nutrition, la sécurité alimentaire ainsi que le paquet WASH pour un impact global. Depuis le troisième trimestre 2024, le PMNS subventionne la gratuité des accouchements et soins néo natals dans 7 provinces anciennement financés à travers le PDSS.
L’objectif de développement du PMNS est d’accroître l’utilisation des interventions « Nutrition spécifiques » et « Nutrition sensibles » ciblant les enfants âgés de 0-23 mois, les femmes enceintes et les femmes allaitantes dans les zones du projet et de répondre aux urgences éligibles.
Jephté Kitsita