Alerte rouge au Burundi le glas sonne : L’avenir de la région des grands lacs se dessine au Burundi

Mercredi 13 janvier 2016 - 10:10
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Les faits

Il se passe quelque chose d’historiquement important au Burundi depuis avril-mai 2015, qui découle de l’échec des accords issus des « négociations » ordonnancées dont les bases ont toujours été altérées à partir des officines de l’Occident, et donc l’issue connue à l’avance.

 

Les très puissants medias mensonges s’étonnent comme tout le monde de voir la bombe à retardement contenue dans pareils accords éclater dans, un pays où, pourtant, tous les ingrédients explosifs étaient si ingénieusement réunis !

 

La crise burundaise a pour origine la politique coloniale de « diviser pour mieux régner » qui, certes avec plus de répercussions au Rwanda qu’au Burundi, avait instauré le système de prise de pouvoir à visage ethnique sur fond de cocktail politique d’intolérance et d’hypocrisie, érigé en modèle d’accession au pouvoir.

 

Ce modus operandi pour « arracher » le pouvoir est à la base des crises cycliques au Rwanda depuis 1959, lesquelles ne sont en fait que reprint des scénarii au Burundi à partir de 1961- 2, avec la main noire de l’Occident toujours derrière.

 

L’incurie de la communauté internationale commence par la conception et le financement du conflit interethnique par les superpuissances du Nord, les Américains en tête, qui, pour leurs divers intérêts, arment les Tutsi et déstabilisent les Hutu n vue d’affaiblir la nation burundaise.

 

Après un macabre bilan des centaines de milliers de morts et autres dégâts’ matériels immenses, les mêmes Occidentaux imposent aux parties burundaises un dialogue, des négociations, qui accouchent des fameux Accords d’Arusha, d’une rare iniquité; avec une clé de répartition de 50% - 50% entre Hutus et Tutsis pour la composition d’une armée d’un pays constitué d’environ 85% de Hutu et 15% de Tutsi!

 

Le partage de responsabilités d’Etat ayant suivi pratiquement la même logique de disproportionnalité dans les autres institutions, à savoir 60% pour les Hutus et 40% pour les Tutsis, nul ne devrait être surpris par là témérité risquée de Nkurunziza pour u troisième mandat inconstitutionnel.

 

En fait, comme Patrice Emery Lumumba et Mzee Laurent Désiré Kabila en Rd-Congo, le président burundais croit plutôt a un rêve, une mission, un devoir patriotique de reconstituer les équilibres politiques naturels dans une société burundaise dont 85% de la population ainsi défavorisée, est d’ethnie hutue comme lui.

 

Le discret travail réalisé dans ce sens autour du président Nkurunziza durant quasi une décennie, celui de rassemblement de toutes les forces combattantes hutu du Burundi et du Rwanda, parmi lesquelles les redoutables Imbonerakure, la jeunesse du parti au pouvoir au Burundi, des éléments des ex Far et autres Interahamwe de triste mémoire, auxquelles il faut ajouter les Mayi-Mayi de la Rd-Congo, constitue le point focal de la crise burundaise.

 

Il est même la motivation profonde des Hutu burundais dans leur élan spontané de soutenir avec force le maintien de Nkurunziza au pouvoir en violation des Accords d’Arusha et de leur propre Constitution.

 

Persuadé que l’opinion est dans son essence volonté de majorité, et estimant que plus de 85% de la population du pays sont prêts à exprimer leur choix par toutes les voies démocratiques dont le référendum, une option du reste tout à fait légitime, judicieuse et rationnelle pour le Peuple burundais, mais rejetée par la communauté internationale pour des raisons faciles à deviner, le chef de l’Etat burundais se dit légaliste et démocrate. Et il n’a pas tort sur ce point.

 

Grâce à la solidité des structures politiques et sécuritaires visibles et invisibles qu’il a pu aménager, et qui lui ont permis de contrôler la situation avant, pendant et après le déclenchement des manifestations d’opposants à sa candidature à un troisième mandat au scrutin présidentiel prévu au 26 juin 2015, le chef de l’Etat burundais, suffisamment informé des velléités putschistes qui se manifestaient au Burundi, s’est permis de quitter Bujumbura en plein feu pour se rendre en Tanzanie ou il a pris part au sommet régional consacré à la crise politique de son pays.

 

  1. Les réactions traditionnelles

L’échec de la tentative de coup d’Etat militaire menée par le compagnon d’armes du président burundais, le général Godefroid Niyombare, manipulé par les mêmes souffleurs occidentaux et régionaux, artisans du chaos dans la région des Grands-Lacs, ne pouvait qu’indisposer les géniteurs des accords conflictogènes qui tiennent à la pérennisation d’un système politique atypique, démocratiquement désaxé, favorable à la précieuse minorité tutsie.

 

C’est pour des raisons évidentes, d’ordre purement ethnique, que les présidents rwandais et ougandais, avec le soutien des mêmes grandes puissances du Nord, craignant la contagion dans leurs pays respectifs, et naturellement en Rd-Congo aussi, ont voulu stopper l’élan de Nkurunziza de reconstituer une puissance politique et militaire hutu dans la région des Grands-Lacs.

 

Dans son jeu favori d’exploiter le génocide rwandais de 1994 comme fonds de commerce, Paul Kagame qui sait nier tous les faits réels, p aussitôt brandi l’arme de menace d un conflit ethnique.

 

Il s’est référé aux dizaines de milliers de paysans burundais, essentiellement tutsis, qui, fuyant leur pays depuis le début de la crise de peur de revivre les épisodes de guerre civile d’il y a dix ans, s’exilent chaque jour pour la plupart au Rwanda.

 

Ayant bien perçu ce qui se préparait autour de Nkurunziza, la communauté internationale dont la politique consiste à entretenir le chaos dans la région en «divisant pour mieux régner », garder la mainmise sur la région et exploiter ses immenses ressources naturelles, a tout tenté pour dissuader le président Nkurunziza et son clan ethnique à taire leurs ambitions pourtant légitimes à tous égards, celles d’enterrer le fameux Accord d’Arusha, inique, source de conflit et explosif pour le pays et l’ensemble de la région.

 

L’Occident, à travers la Belgique, veut une fois de plus mettre le Burundi et la région des Grands-Lacs à feu et à sang par ses ingérences intempestives visant, comme par le passé, a soutenir les Tutsi et leur conquête sanguinaire du pouvoir perdu depuis l’historique révolution sociale faite avec l’aide des démocrates belges, vers la fin des années cinquante.

 

A cet effet, la communauté internationale accrédite les mystifications éhontées répandues par les medias mensonges européens et régionaux pour justifier lesdites ingérences et d’autres morts, comme au Rwanda en 1993-4.

 

Connaissant par cœur la dimension géostratégique de la guerre que se livrent les superpuissances mondiales dans les Grands-Lacs, les medias menteurs ont jusque-là préféré enfermer la nouvelle crise burundaise dans un carcan politique. Ils se gênent naturellement de la présenter et l’analyser dans sa véritable ampleur ethno-communautaire de peur d’étaler les effets dévastateurs de la vile « politique de deux poids, deux mesures », non conforme aux valeurs et principes de la démocratie, gue leurs maîtres prescrivent à travers des accords conflictogènes et détonateurs.

 

Cette presse de la farce qui ne vibre qu’au rythme des intérêts des superpuissances du Nord, se trouble en parlant de véritables points de friction qui se sont multipliés depuis avril-mai 2015, et se multiplieront encore davantage dans les semaines à venir, entre le Burundi et son voisin rwandais.

 

Contrairement à ce venin médiatique, les Hutu et les Tutsi burundais ne s’opposent pas à l’aventure de Nkurunziza. On retrouve plutôt des « Twagiramungu » et des « Bizimungu» dans le ‘camp des Tutsis burundais qui combattent Nkurunziza, et vice versa dans une moindre mesure au sein du pouvoir.

 

L’ordre a été intimé à cette presse de la mystification de ne pas évoquer les questions relatives au plan d’assassinat du président Nkurunziza, et à l’existence au Rwanda des camps d’entraînement des jeunes burundais et rwandais qui y sont recrutés, formés, et dont nombreux périssent lors des différentes attaques menées contre le Burundi à partir du territoire rwandais.

 

Les intelligences à rebours, faites d’arrière-pensées, de dénis de droit, d’indécisions, d’incertitudes et de paradoxes, à l’origine du règne de la terreur des pouvoirs des minorités sur les majorités en Afrique centrale, craignent de conclure que les Pierre Nkurunziza, Mzee Laurent Désiré Kabila... sont nombreux dans la région des Grands-Lacs, d’une part; et tuer le président burundais aujourd’hui entraînerait toute la région des Grands Lacs dans un carnage généralisé difficile à maîtriser, d’autre part.

 

Les medias mensonges manquent le moindre courage d’évoquer l’excentricité de la posture politique du président rwandais qui s’oppose farouchement au troisième mandat interdit de son ancien allié et homologue burundais Pierre Nkurunziza alors qu’il est pleinement engagé lui-même dans le même schéma de glissement, confirmant justement que le problème se situe plutôt ailleurs qu’au niveau du respect des Accords et de la Constitution.

 

III. L’évidence de la dimension ethnique de la crise burundaise

Fondé sur la culture de l’hypocrisie partagée par les uns et les autres, le discours ethnique est encore sous-jacent et la propagande de haine quasi dissimulée au Burundi, par rapport au Rwanda en 1993, mais la crise tourne autour du même conflit politico-ethnique qui a toujours été à l’origine des événements sanglants dans les deux pays depuis les indépendances.

Comme au Rwanda en 1993-4, un groupe hutu burundais au pouvoir se retrouve dans la même logique d’exiger « son droit » et le respect des règles de « majorité » démocratique lui confisqués par la force et par le sang, ainsi que par des accords qui ne sont conformes ni au droit international ni à la Charte des Nations-Unies.

 

Ce groupe tient à préserver le pouvoir par tous les moyens, y compris la violence et la manipulation de l’ethnicité les plus extrêmes, de la même manière qu’il croit être -défavorisé et frustré.

 

Même ainsi fardé, le discours ethnique est le même qu’au Rwanda, en 1993-4 : « 1e peuple majoritaire a donné le pouvoir au Président », allusion faite la majorité hutu, tandis que les ennemis, les Tutsi, sont désignés sous le vocable de « diables ». Culture d’Ubwenge, d’Ugengwen, et croyances religieuses obligent.

 

Comme les milices et autres gardes présidentielles au Rwanda en 1993-4, la « Force de protection des institutions » regroupe aujourd’hui au Burundi, et très subtilement, toutes les alliances militaires entre anciens groupes armés à base ethnique qui se sont réactivées autour du discret travail de rassemblement des forces hutu du Burundi, du Rwanda et même du Congo voisin, les conjonctions de la mémoire ethnicisée n’étant jamais permanentes au Rwanda comme au Burundi, et la faute ou la responsabilité une voie à sens unique.

 

Les structures ethniques de la société et des partis politiques sont restées pratiquement les mêmes au Burundi. Et malgré leur côté cosmétique, les fameux accords conçus en Occident et imposés aux parties signataires se sont avéré inefficaces face aux graves problèmes liés aux clivages séculaires de la société burundaise et rwandaise, entre Hutu et Tutsi.

 

Le contexte du moment au Burundi est pratiquement le même qu’au Rwanda en 1959 ou 1993, où la manipulation intelligente par des élites extrémistes du fait ethnique réel ou supposé, a permis la constitution du radicalisme distinctif, tandis que la barbarie de l’ignorance qui pousse aux massacres de masse porte les mêmes parafes symptomatiques du génocide, notamment le ciblage ethnique des victimes et des lieux à attaquer, la préméditation extrémiste, l’immensité de tueries.

 

C’est depuis quatre ans que le pouvoir de Nkurunziza a annonce son dessein de revisiter la lettre et l’esprit des Accords d’Arusha signés en 2000. Il en est de même de l’Accord Global de cessez-le-feu qu’il avait signé au nom de son mouvement armé, en novembre 2003, avec le gouvernement de transition.

 

Par PROSPER NDUME PELE NZOGU

(A suivre)