Alternance : la Tanzanie donne une leçon à la RDC

Mardi 14 juillet 2015 - 12:46

Le président Jakaya Kikwete a choisi son dauphin en la personne de John Magafuli

Le parti au pouvoir en Tanzanie, Chama Cha Mapinduzi (CCM) a désigné le dimanche 12 Juillet dernier John Magafuli, actuel ministre des Travaux publics, pour le représenter lors de l’élection présidentielle d’octobre prochain. C’était au cours d’un congrès tenu dans la capitale administrative du pays, Dodoma.

Pour les observateurs de la politique tanzanienne, ce choix entraine une alternance au pouvoir en Tanzanie depuis Julius Nyerere jusqu’à ce jour avec Jakaya Kikwete à la tête du pays.

Le geste de Kikwete est une leçon morale et politique à la RD Congo, dont le président Joseph Kabila n’a pas encore donné sa position, alors qu’il est à son dernier mandat. Les dirigeants de certains pays de la Région voulant s’éterniser au pouvoir comme le Burundi, le Rwanda, le Congo/Brazzaville et la RDC devraient s’inspirer de la Tanzanie avec le geste posé par Jakaya Kikwete en se choisissant un dauphin.

Âgé de 55 ans, John Magafuli a de fortes chances de succéder au président Jakaya Kikwete, qui achève cette année son second quinquennat et, fait rare dans la région, ne sera pas candidat à sa succession. Le parti Chama Cha Mapinduzi (CCM) est au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1964, et détient actuellement les deux tiers des sièges au Parlement.

Les élections présidentielles, législatives et locales sont prévues le 25 octobre 2015. » Voilà l’homme que nous envoyons mener campagne pour notre parti « , a déclaré la présidente du Parlement et membre éminente du CCM, Anne Makinda, à l’issue du décompte des votes, lors d’un congrès tenu dans la capitale administrative du pays, Dodoma. En dehors de la Tanzanie, le Bénin constitue aussi un modèle de l’alternance politique. Le président Boni Yayi, qui est fin mandat, a déclaré qu’il ne sera pas candidat.

CCM donne un exemple au PPRD/MP

John Magufuli a rassemblé 87% des suffrages, devançant largement la ministre de la Justice, Asha-Rose Migiro, ainsi que l’ambassadrice de l’Union africaine à Washington, Amina Salum Ali.

Le ministre des Travaux publics, qui ne faisait pourtant pas figure de favori, est parvenu à se hisser dans une dernière sélection de trois prétendants parmi près de 40 candidats au départ, dont le vice-président Mohamed Bilal, le Premier ministre Mizengo Pinda, et les anciens chefs de gouvernement Edward Lowassa et Frederick Sumaye.

La démocratie interne au niveau de CCM est un bel exemple qui doit inspirer les cadres de la Majorité Présidentielle (MP) en RDC dont certains ont peur de se prononcer sur la fin du mandat de l’autorité morale. Face à lui, le CCM a une opposition qui, pour la première fois, envisage de faire front commun: les partis d’opposition sont en train de nommer leurs candidats, mais si leur coalition tient jusqu’aux élections, un candidat unique pourrait être choisi parmi eux.

Leader du Front civique uni (CUF), Ibrahim Lipumba, a d’ores et déjà annoncé sa cinquième candidature successive à la présidence, après avoir dû s’incliner contre Benjamin Mkapa en 1995 et 2000, puis contre Kikwete en 2005 et 2010.

Un rassemblement de l’opposition, qui envisageait en octobre de ne présenter qu’un seul candidat à chaque poste, représenterait » une concurrence difficile pour le parti au pouvoir « , estime Nicodemus Minde, expert de l’International Law and Policy Institute (ILPI).

Il ne fait pas de doute que le CCM reste un grand parti expérimenté, dont la formation et l’histoire restent en résonance avec les idéaux de la Tanzanie en tant que nation. Mais l’image du parti a été ternie par des scandales de corruption et des divisions internes, relève Nicodemus Minde.

Avec plus de 50 millions d’habitants, la Tanzanie est le pays le plus peuplé d’Afrique de l’Est. Elle affiche une croissance annuelle de plus de 7%, selon la Banque mondiale, qui déplore cependant que le pays reste très pauvre au regard des standards régionaux et internationaux.

Par GKM