Angola : Congolais toujours indésirables

Mardi 9 juin 2015 - 12:58

Un rapport des services de police et d’immigration de Moanda, dont s’est fait l’écho Radio Okapi, fait état de plus de 8000 citoyens de la République Démocratique du Congo déjà expulsés d’Angola, dans la période allant du 1er janvier au 30 mai 2015. Ces statistiques proviennent des postes frontaliers de Yema et Yatch, dans la province du Kongo Central (ex-Bas-Congo). A en croire des sources policières angolaises, ces immigrés seraient entrés de manière frauduleuse dans le territoire de leur pays.

Réagissant à cette énième vague d’expulsions, le vice-ministre chargé des Congolais de l’Etrange, Antoine Boyamba, a indiqué que chaque fois que nos compatriotes sont expulsés d’un pays donné, son ambassadeur est toujours convoqué au ministère des Affaires Etrangères pour s’expliquer sur le dossier. C’était le cas tout récemment avec celui de l’Afrique du Sud, au lendemain d’actes de xénophobie dont avaient été victimes de nombreux Africains, dont des Congolais de Kinshasa. A l’en croire, on ne peut pas envoyer l’armée nationale dans des pays tiers pour aller régler des problèmes d’immigration.

Congo/Brazza, Angola, Afrique du Sud : toujours de mauvais signaux

Les observateurs notent que les citoyens de la République Démocratique du Congo sont indésirables partout : en Afrique, en Europe, en Amérique en Asie et en Océanie. Chaque fois qu’il est question de traquer des « sans papiers » quelque part, les Congolais ne sont jamais traités comme des personnes ayant droit à leur dignité, à leur intégrité physique, à leurs biens, à un retour organisé dans leur pays d’origine. S’agissant particulièrement de leurs destinations de prédilection en Afrique que sont le Congo/Brazzaville, l’Angola et l’Afrique du Sud, ils y sont considérés comme des nécessiteux sans perspective d’avenir, malléables et corvéables à merci.

Accueillis avec mépris, ils sont chassés de la même manière dès que se déclenche un mouvement de refoulement d’étrangers jugés encombrants, pour des raisons diverses. Voies de fait, vols des biens, viols de femmes et filles, détentions arbitraires dans des amigos insalubres, voyages à bord des camions comme des bêtes de somme : tel est le décor traditionnel des expulsions massives des ressortissants du Congo démocratique.

Les non-dits du rejet des Congolais

Les opérations répétées d’expulsions des Congolais des pays étrangers, dont certaines commencent à être baptisées de codes ironiques du genre « Mbata ya bakolo », charrient des messages que les autorités congolaises ne devraient pas feindre ne pas décrypter. Il s’agit de pousser les immigrants congolais à cesser d’aller mendier le pain des autres. D’où, c’est le lieu de s’interroger sur les rêves de nos compatriotes d’aller chercher à tout prix l’eldorado en dehors du territoire national.

Cela tient sans doute au paradoxe qui veut que le pays, scandaleusement riche en ressources naturelles, héberge les populations les plus pauvres de la planète. Il est temps, pense-t-on, que ceux qui gèrent les affaires publiques créent, en interne, les conditions politiques, sécuritaires, économiques et sociales de nature à rendre nos compatriotes heureux sur la terre de leurs ancêtres. Il n’est pas normal que des gens continuent de mourir de faim et de soif, de manquer du travail, d’être sans logis, de ne pas bénéficier de couverture sanitaire, bref de vivoter dans un Etat comparable à un paradis terrestre, capable de nourrir toute l’Afrique, de l’alimenter en eau et électricité, de contribuer à son industrialisation, etc.

Les non-dits de l’enfer que vivent les Congolais à l’étranger ont une signification : il s’agit de les inviter à apprendre à vivre chez eux, sur un demi-contient aussi vaste que toute l’Europe Occidentale, au lieu d’aller créer le surnombre ailleurs. Moralité : les citoyens du Grand Congo doivent se prendre en charge, conformément à la vision d’un certain Mzee Laurent-Désiré Kabila, leur libérateur de la dictature de Mobutu. Par conséquent, au lieu de perdre leur temps dans des réunions des commissions mixtes, les décideurs politiques congolais devraient réellement poser des actes de la marche du pays vers l’horizon de l’émergence.

Kimp