Apostrophe : Gouverner, c’est …

Vendredi 11 septembre 2015 - 06:46

Mardi, 8 septembre 2015, une journée noire dans le laborieux processus électoral de la RD Congo. Et pour cause ? La Cour constitutionnelle entend, ce jour-là, le Premier ministre lui annoncer, sur un ton désinvolte, que « le gouvernement n’a pas d’argent pour organiser les élections des gouverneurs et des vice-gouverneurs des provinces ». Et d’enfoncer le clou pour se faire bien comprendre : « le gouvernement ne dispose pas de moyens pour installer les nouvelles province(ttes) issues du démembrement ».

À titre de rappel, les élections précitées auraient dû être organisées d’abord le 31 août ; mais elles ont été reportées au 6 octobre prochain. Plouf ! Pas d’argent. Le Premier ministre explique que le cours du cuivre, principal matière d’exportation, a dégringolé sur le marché chinois.

Suite logique : les bonzes de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) n’ont qu’à se ronger les ongles. Leur « fameux calendrier global » démontre, sans façon, son caractère irréaliste, illusoire, hautement virtuel. En retour, ce déboire apporte de l’eau au moulin de l’Opposition et de la société civile - y compris de la communauté internationale - qui n’ont cessé de fustiger le diktat de la Céni et l’inconscience du gouvernement.

Acte 2 : les Congolais de tous bords ont un rendez-vous assuré avec de nombreux autres couacs dans le processus électoral. Les plus branchés cherchent à décoder le mystère de la hargne, en particulier, du ministre de l’Intérieur, à qui ils prêtent la paternité du démembrement des provinces, passées de 11 à 26.

Question : ne savait-il pas, lui, et tous les autres orfèvres des provincettes que les caisses du trésor étaient creuses ?

Et pourtant, la seule chose qu’il faut toujours prévoir en management, c’est … l’imprévu. Et quand on aspire à graver son nom dans l’Histoire – avec H majuscule – on doit s’entourer de moult précautions pour éviter que les générations suivantes ne crachent sur votre tombe.

Malheureusement, l’atypique classe dirigeante adore le culte du « gouverner, c’est … improviser ».