Attractivité des capitales africaines : Kinshasa obligée de s’armer de créativité

Lundi 10 août 2015 - 13:32

L‘Afrique, la nouvelle frontière de la croissance mondiale, attire davantage d’investissements étrangers. Faisant partie des principaux moteurs de la croissance du continent, les grandes villes africaines rivalisent de créativités pour attirer cette manne financière. Dans cette quête, Kinshasa devra s’armer d’inventivités pour tirer son épingle du jeu.

L’organisation du sommet de la francophonie en octobre 2012 a permis à Kinshasa de bénéficier d’un certain nombre d’infrastructures. Depuis cette grande conférence qui a permis à la RDC de revenir sur la scène internationale après la tenue des élections chahutées de 2011. Kinshasa a bénéficié de la rénovation de plusieurs de ses routes principales.

Mais aussi, bénéficiant de la croissance économique du pays, la capitale congolaise, depuis ces cinq dernières années, voit sortir du sable des supers marchés, des hôtels, des immeubles de bureau, des villas, et même des cités modernes. Plusieurs banques africaines ont ouvert leurs services à Kinshasa.

Petit à petit, la capitale voit s’élargir sa petite classe moyenne. Ce qui explique notamment la prolifération des minis supers marchés à travers la ville. Au cours de l’année encours, l’ex-Léopoldville s’est dotée d’une aérogare modulaire de standard internationale et d’une tour de contrôle, d’un hôtel du gouvernement, d’une nouvelle compagnie nationale d’aviation. Tout ceci atteste du dynamisme de l’économie congolaise.

Cependant, les dirigeants congolais devraient recarder ce qui se passe dans les autres capitales du continent. Puisqu’à observer de près les grandes villes africaines, on se rend vite compte qu’elles se livrent une compétition qui ne dit pas son nom avec des projets de modernisation d’infrastructures à grande échelle.
LA COURSE A LA MODERNISATION DES INFRASTRUCTURES

Dans cette compétition, chaque capitale essaie de se trouver une identité. Ainsi, la capitale kenyane, Nairobi, passe pour la première bénéficière des investissements directs étrangers (IDE). Quant à D’ares-Salam, elle enregistre la plus forte croissance en termes de PIB. En ce qui concerne Kigali, la capitale rwandaise est la meilleure destination pour la facilité de faire des affaires: Le pays des milles collines a gagné près de 100 places dans le classement Doing Business de la Banque mondiale, passant de la 143” place en 2009 à la 46ème en 2014, pour la facilité des affaires.

Dans la course à la modernisation des infrastructures, au Maroc, Casablanca a inauguré en 2012 le plus grand centre commercial d’Afrique et un réseau de tramways. Une nouvelle gare ferroviaire a également été crée et accueillera à partir de cette année des trains à grande vitesse à destination de Tanger. Un nouveau port de plaisance devrait également être achevé en 2015, de même qu’un autre centre commercial.

En Tunisie, un pôle régional d’affaires, baptisé Tunisia Economic City, va voir le jour à une centaine de kilomètres de Tunis. Le projet consiste en la construction d’une métropole d’envergure mondiale, fondée sur de solides bases culturelles, touristiques, éducatives et commerciales.

En Côte d’Ivoire. Abidjan prévoit de construire un nouvel aéroport et avance dans son projet de «ville aéroportuaire», baptisé «Aérocité». La vile rénove également son établissement d’enseignement phare, l’Université Félix Houphouët Boigny, et a entamé la construction d’un troisième pont pour fluidifier le trafic routier.

Dakar construit elle aussi un nouvel aéroport. En outre, la ville a lancé en 2011 le CTIC Dakar, le premier incubateur d’Afrique de l’Ouest pour les TIC et les technologies mobiles, Alger, déjà l’une des très rares villes africaines dotées d’un métro, qui compte aujourd’hui deux lignes en fonctionnement, travaille actuellement à la création d’un tramway pour améliorer ses transports publics.

KINSHASA A DES ATOUTS

Les experts sont d’avis que l’urbanisation sera le principal moteur de croissance du continent africain en ce 21ème siècle. Les capitales africaines se hissent ainsi en pôle position dans cette attractivité d’investissements. Les grandes villes africaines ont besoin des investissements pour mettre à niveaux leurs infrastructures de base.

La surpopulation, les constructions anarchiques, le déficit de services publics (sécurité, santé, éducation, électricité, assainissement) restent des principaux défis des grandes villes africaines dont les capitales. Cependant avec l’embellie économique de ces dernières années, les dirigeants africains débloquent des fonds conséquents pour s’attaquer à ces défis et améliorer les commodités de leurs populations.

Kinshasa fait parties de cinq plus grandes métropoles africaines. Avec ses 10 à 12 millions d’habitants, sa jeunesse instruite et dynamique, la capitale congolaise a des atouts qui devaient en principe être rentabilisés par une simple rationalité managériale des décideurs de la ville. Kinshasa, partant de son étonnante diversité sociologique et son incroyable adaptabilité à l’environnement économique, offrent d’extraordinaires opportunités à court, moyen et long terme. Autant d’atouts susceptibles de créer un environnement urbain propice au progrès économique er au développement social des kinois.

Il reste évident que des meilleures infrastructures génèrent une croissance économique plus forte et plus constante. A coup sûr, des infrastructures modernes participent à l‘enrichissement du capital humain. Voilà qui plaide à la continuité des efforts des décideurs dans l’amélioration des conditions de vie des kinois. Dans cette optique, Kinshasa devra s’armer d’inventivités pour rechercher son originalité afin d’être attractive non seulement aux investissements mais aussi aux touristes.

AMEDEE MWARABU KIBOKO