Banque Centrale du Congo : Comité de Politique Monétaire

Lundi 19 janvier 2015 - 13:05

Le Comité de Politique Monétaire a tenu, ce jeudi 15janvier 2015, sa dernière réunion ordinaire de l’année 2014, sous la présidence de Monsieur Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, Gouverneur de la Banque Centrale du Congo.
Au cours de cette réunion, il a été question de l’évaluation de la conduite de la politique monétaire menée par la Banque Centrale en 2014 ainsi que les perspectives monétaire pour l’année 2015. Ainsi, le Comité a procédé à l’analyse de la conjoncture en 2014 tant au plan international que national avant d’apprécier les risques pesant, sur les perspectives à court terme notamment en termes de stabilité des prix et du secteur financier intérieur.

S’agissant de la conjoncture économique internationale, e Comité a globalement noté la persistance de la fragilité de la reprise de l’économie mondiale, attestée notamment par la révision à la baisse des prévisions de croissance de 3,7%. Cette tendance a été accompagnée par la survenance du contre choc pétrolier intervenu au deuxième semestre lequel a induit l’accélération de la baisse du cours du baril dont le niveau est allé en deçà de 50 dollars américains à fin décembre 2014 alors qu’il était de 110 dollars le baril au début de l‘année. Rapprochée à l’année 2013 qu’avait aussi connu une croissance de 3,3%, il est apparu que l’activité économique mondiale s’est maintenue en 2014.
Dans les économies avancées, la croissance estimée à 1.8% a été inégale dans les principales régions de la planète. Aux Etats-Unis, l’activité économique s’est accrue de plus ou moins 2.8% induisant une diminution sensible du taux de chômage. Par contre, dans la zone Euro, les problèmes financiers et les tensions géopolitiques notamment, continuent de miner les perspectives économiques, maintenant ainsi la croissance du PIB en deçà de 1.0%.

Dans les économies émergentes et en développement, la faiblesse de la demande mondiale a impacté négativement la croissance, la situant à 4.4% contre 4 7% en 2013 et 5,1% deux ans plus tôt. Concernant l’activité économique en Chine, elle a enregistré une décélération de 0.3% point de pourcentage avec une croissance du PIB réel de 7,4%. En Afrique Subsaharienne, la croissance économique s’est maintenue autour de 5.0%.
Au niveau interne, l’activité économique est restée bien forte, avec une croissance vigoureuse établie à 8,9% contre 8.5% une année plus tôt comme atteste le baromètre de conjoncture. En effet, en rythme annuel, le solde brut moyen d’opinions des chefs d’entreprises montre que la conjoncture économique a été plus favorable en 2014, soit une moyenne de 22.0% contre 18,0% en 2013. Cette vitalité de la croissance a été impulsée essentiellement par les performances du secteur primaire avec une contribution à la croissance de 46,2%, dont 37,0% attribuable à la seule branche extraction et 33,6% pour le secteur minier.

Sur le front de l’inflation intérieure, les prix sont globalement restés stables au cours de cette année qui s’est clôturée avec un taux d’inflation de 1,03% contre une cible de 3,7% et une réalisation de 1,07% en 2013. Ceci représente le niveau d’inflation le plus bas que le pays ait connu.
Sur le marché des changes, plus qu’une stabilité, la monnaie nationale s’est appréciée en 2014. En effet, à l’interbancaire, le dollar américain s’est échangé à 924,51 CDF à fin décembre 2014 contre 925,50% CDF à la période correspondante de 2013, soit une appréciation de 0,1%.
En outre, l’institut d’Emission a procédé à des achats de devises de 611,6 millions de USD dans le but de conforter les réserves internationales, lesquelles se sont situées à 1,644 milliards de USD à fin décembre, représentant environ 7.8 semaines d’importations contre 1 .745 milliards à fin 2013, soit 9,3 semaines. Ce recul des réserves est, la conséquence d’une forte consommation des devises dans un contexte de succession des déficits des finances publiques et du manque d’efficacité dans la mise en œuvre de certaines mesures de dédollarisation de l’économie nationale.
Sur le marché monétaire,’ il a été noté un bon comportement d la monnaie nationale qui a fait l’objet d’une forte demande comme l’attestent aussi bien les transactions sur le marché monétaire que l’évolution de l’encours du Bon BCC
En effet, sur le guichet de facilités permanentes, les banques se sont refinancées pour un montant de 4.719.80 milliards de CDE contre 54,42 milliards en 2013 alors qu’à l’interbancaire les transactions se sont chiffrées à 4.303,53 milliards de CDF venant de 1.648,55 milliards une année plus tôt. Quant au Bon BCC, qui a connu pour la première fois l’introduction d’une maturité longue de 3 mois, il a apporté à l’économie la liquidité dont elle avait besoin à hauteur de 57 milliards de CDF, ramenant ainsi l’encours à 107,36 milliards de CDF, en baisse de 35%par rapport à 2013.
Au regard de la pérennisation de la stabilité sur les différents marchés, la Banque Centrale a maintenu son taux directeur à 2,0% tout au long de l’année 2014 et le Bon BCC est resté très actif dans là régulation de la liquidité en adéquation avec la politique budgétaire et la saisonnalité de l’activité économique en RDC.
Fort de ces acquis, la politique monétaire s’est orientée sur le soutien des activités du crédit en francs congolais. Dans ce contexte, la Banque Centrale du Congo a poursuivie en 2014, la restructuration du coefficient de la réserve obligatoire entamée en 2013, laquelle consiste en la discrimination dudit coefficient suivant la monnaie de dépôt. Ainsi, le coefficient de la réserve obligatoire a été supprimé pour les dépôts à terme en monnaie nationale, alors qu’un coefficient de 5% est appliqué sur les dépôts à vue. Quant aux dépôts à vue et à terme en devises, des coefficients de 8% et 7% respectivement leurs sont appliqués. Ceci en vue de pousser les banques à mobiliser davantage l’épargne intérieure pour accroître les dépôts en monnaie nationale nécessaire au financement de l’économie.
Au final, les objectifs de la politique monétaire ont tous été atteints. Le taux d’inflation de 1,03% s’étant situé en deçà de sa cible annuelle de 3,7% et les objectifs intermédiaire et opératoire maintenus en phase avec la programmation.
Quant à la politique macro prudentielle axée principalement sur la prévention des risques, elle a permis de maintenir la stabilité du secteur bancaire dont le dynamisme s’est poursuivi en 2014. En effet, le total bilantaire des banques s’est accru de 10,1%, se situant à 4.676,96 millions de USD. Quant aux dépôts collectés, ils ont progressé de 10,3%, atteignant 3.358,41 millions de USD face à un accroissement des crédits de 16,0%, soit 2.121,15millions de USD.
Concernant les comptes de la clientèle ouverts auprès des banques, ils ont augmenté de 50,0% d’une année à l’autre. Ainsi, de 1,2 million de comptes de la clientèle en 2013, on est passé à 1,8 million ce qui représente une avancée tant pour la bancarisation que pour l’inclusion financière.
En 2015, l’Institut d’Emission entend poursuivre une politique monétaire proactive, basée sur des valeurs anticipées de variables économiques pour un ancrage réel des anticipations des agents économiques en vue de la stabilité des prix et une politique macro prudentielle basée sur la prévention des prix et une politique macro prudentielle basée sur la prévention des risques et la résolutions précoce des crises, pour garantir la stabilité du système financier. A cet effet, la BCC entend assurer:
* Le maintien de l’inflation en-deçà de l’objectif de 3,5% pour garantir le pouvoir d’achat de la population, la consolidation du climat des affaires et l’érection d’un cadre propice aux investissements. Dans ce contexte, la croissance de la masse monétaire devrait rester en adéquation avec l’évolution du PIB nominal, soit 15.4% tandis que la coordination des politiques macroéconomiques devrait être renforcée ;
*Le maintien d’un taux directeur bas dans le souci de soutenir les activités de crédit ;
*La poursuite des mesures de discrimination de la réserve obligatoire en faveur de la monnaie nationale pour promouvoir le financement de l’économie en monnaie nationale ;
La poursuite de la consolidation du niveau des réserves internationales en vue de renforcer la résilience de l’économie aux chocs de divers ordres. Dans ce cadre, il sera mis en œuvre une systématisation des adjudications compétitives des devises en vue de relever le niveau de nos réserves de change qui devraient croitre de 187 millions de USD.
* La mise en place d’un mécanisme de refinancement long sous forme de swaps en vue de contribuer à la croissance économique.
* La promotion de la supervision basée sur la prévention des risques en vue de réduire les zones de vulnérabilités susceptibles de se transformer en risque majeur dans le système financier national.
* La poursuite du projet de modernisation du système national des paiements et de centrale des risques en vue de faciliter et accélérer les paiements et transferts et promouvoir le crédit à l’économie en sécurisant l’épargne du public.
* La poursuite du projet de mise en place de la bourse des valeurs mobilières, dit ‘marché de capitaux’.
Enfin, le Comité de Politique Monétaire encourage le Gouvernement sur la voie de la réforme du modèle actuel de croissance qui n’est pas de nature à favoriser une large redistribution des revenus aux ménages pour une croissance inclusive.
Je vous remercie.