Budget 2016 : l’Etat s’impose une cure d’amaigrissement

Vendredi 2 octobre 2015 - 12:29

Le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, a transmis, hier jeudi à l’Assemblée nationale, le projet de budget de l’Etat pour l’exercice 2016. A première vue, ce projet de budget porte le poids de la chute des cours de principaux produits d’exportations de la RDC. Ils sont généralement d’origine minière. Or, c’est dans ce secteur que l’Etat congolais mobilise une bonne partie de ses recettes budgétaires. Par rapport au budget 2015, le projet de l’année 2016 connait un net recul. C’était prévisible. Pour s’en sortir, la solution passe par la réduction du train de vie des institutions - principe du reste retenu dans le projet de budget 2016. En 2016, la cure d’amaigrissement va s’imposer à tous - sans pour autant hypothéquer les élections et le découpage territorial.

Le gouvernement n’a pas dérogé au principe constitutionnel qui l’oblige à transmettre à la session de septembre le projet du budget de l’Etat pour le prochain exercice. Le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, s’est plié, hier jeudi, à cette exigence constitutionnelle en allant déposer au bureau de l’Assemblée nationale le projet de budget de l’Etat pour 2016. C’est le président de l’Assemblée nationale qui s’est chargé de réceptionner ce texte.

Le projet du budget 2016 arrive dans un contexte tout à fait particulier. Depuis un temps, la chute des cours des matières premières sur le marché mondial a sérieusement perturbé le plan des recettes de l’Etat. Pour un pays qui dépend presque entièrement des recettes d’exportations des produits miniers, il ne pouvait pas en être autrement.

Le gouvernement en a d’ailleurs fait mention, le vendredi 25 septembre 2015, en Conseil des ministres. A l’occasion, il a rappelé que le projet de budget 2016 s’est élaboré «dans un contexte particulier caractérisé, d’une part, par la baisse des cours des principales matières premières d’exportation et, d’autre part, par 1‘organisation des élections ainsi que le découpage territorial. En effet, le cours du cuivre est passé de 7.000 USD la tonne au début de l’année 2014 à 5.000 USD/tonne en août 2015 et le baril de pétrole brut se négocie à 47 USD/baril en août 2015 contre 110 USD/ baril au début de 2014 ».

LE POIDS DU SECTEUR MINIER

A ce titre, le projet du budget 2016 porte les stigmates des tendances baissières qui continuent encore à secouer le marché mondial de principaux produits d’exportation de la RDC, essentiellement ceux tirés du secteur minier.

En 2016, le gouvernement table.sur un budget du pouvoir central en équilibre, en recettes et en dépenses, de l’ordre de 8.437,4 milliards de Fc, soit 20,6% du PIB, et un taux de régression de 0,7 % par rapport à la loi des finances de 2015, arrêtée à 8.496,3 milliards de FC.

La préfiguration budgétaire de l’exercice 2016 repose sur les principaux indicateurs et agrégats macroéconomiques ci-après : «Taux de croissance du PIB : 9,0% ; Déflateur du PIB : 3,41% : Taux d‘inflation moyen : 3,4%; Taux d’inflation fin période : 3,3%. Taux de change moyen: 933,45 Fc/ Usd; Taux de change fin période : 939, 9 Fc/Usd; PIB nominal. 41.027 milliards de Fc ».
En vue d’accroitre la masse des recettes budgétaires, le gouvernement mise éventuellement sur les possibilités de diversification de l’économie. Aussi, pour atteindre ces objectifs de politique économique, envisage-t-il un train de mesures qui visent, entre autres, le financement des projets dans les secteurs porteurs de croissance tels que l’Agriculture, les Transports et l’Energie.

Néanmoins, dans l’immédiat, l’Etat devra se faire violence en s’imposant inévitablement une cure d’amaigrissement. C’est la condition sine qua non pour ne pas faire exploser en plein exercice les grandes masses budgétaires.

Quant au respect de cet engagement, il ya lieu de soulever quelques inquiétudes.
De prime abord, l’on doit reconnaitre que le gouvernement a toujours eu du mal à amener les principales institutions, essentiellement le Parlement, à adhérer à cette logique de réajustement à la baisse de ses assignations budgétaires.
Bien souvent, il y a de profondes divergences entre le gouvernement et le Parlement dans la perception de cette contrainte de réduction de train de vie des institutions. En 2016, cela s’impose comme une évidence, dans la mesure où les prédictions les plus optimistes ne projettent une embellie sur le marché des matières premières dans une brève échéance. Or, depuis son rapprochement avec les institutions de Bretton Woods, le gouvernement a opté de fonctionner sur base caisse, c’est-à-dire ne dépenser que sur base des recettes réellement encaissées.

UN EFFORT COLLECTIF S’IMPOSE

Nonobstant la baisse inévitable des recettes publiques à la suite d’une chute vertigineuse des cours de principaux minerais d’exportations de la RDC, il y a des dépenses incompressibles qui vont s’imposer au gouvernement pour l’année 2016. Elles se rapportent notamment aux élections et à la mise en œuvre effective du découpage territorial. Autant de difficultés que le gouvernement devra gérer, tout en réduisant de manière drastique, les budgets à allouer aux différentes institutions.

Tout ne se fera pas sans heurts. C’est évident. Malheureusement, au regard de la chute continue des recettes publiques, toutes les institutions devront se serrer la ceinture pour ne pas condamner le pays à une asphyxie financière.

LE POTENTIEL