Pour les ONG, l’expulsion de cet expert onusien constitue une atteinte grave à la liberté d’expression pourtant consacrée par la Constitution de notre pays.
Depuis la déclaration du gouvernement de la RDC annonçant son intention d’expulser le directeur pays du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’homme(BCNUDH), Scott Campbell, il s’observe un bras de fer entre les organisations des droits de l’homme et Kinshasa. Dans une déclaration commune intitulée « prendre le message et ne pas lyncher le messager » faite samedi dernier au siège de VSV, dans la commune de Ngaliema, les organisations des droits de l’homme de la RDC dénoncent et rejettent avec fermeté la décision du gouvernement d’expulser Campbell, rendue publique par le Ministre de l’intérieur lors d’un point de presse du 16 octobre 2014.
Soutien renouvelé à la Monusco
Les organisations non gouvernementales des droits de l’homme renouvellent leur soutien aux différents mécanismes de promotion et protection des droits humains des Nations Unies en général et à Scott Campbell, qui ne devrait pas être expulsé, pour la simple raison que le rapport publié par les Nations Unies contribue à la lutte contre l’impunité de violations des droits humains en RDC à travers, entre autres, les informations précieuses relatives à l’opération « Likofi » mises à la disposition des autorités congolaises. Elles ont rappelé que la RDC étant membre des Nations Unies, Kinshasa est tenue de respecter toutes ses obligations internationales en matière de promotion et protection des droits de l’homme, et de collaborer parfaitement avec tous les organes et mécanismes chargés de faire le suivi de leur mise en œuvre dont le BCNUDH.
Pour elles, la décision du gouvernement congolais constitue une atteinte extrêmement grave à la liberté d’expression qui est pourtant consacrée par la Constitution de la RDC, et aussi au droit à la justice pour les victimes des exactions imputées à certains agents de la police. Les Organisations Non Gouvernementales des droits de l’homme rappellent que Scott Campbell n’est personnellement pas l’auteur du rapport sur l’opération « Likofi » publié par les Nations Unies.
Expulsé pour avoir parlé de violations des droits humains
« Expulser un responsable de l’ONU pour avoir parlé de violations des droits de l’Homme enverrait un message préoccupant pour la liberté d’expression en RD Congo», a déclaré Ida Sawyer, chercheuse senior sur l’Afrique à Human Rights Watch. «Au lieu d’expulser le directeur des droits de l’Homme, Scott Campbell, le gouvernement devrait enquêter et poursuivre les auteurs des meurtres et disparitions documentés dans le rapport de la MONUSCO. Le ministre de l’Intérieur et d’autres officiels ne doivent pas interférer avec le travail des enquêteurs des droits de l’Homme, mais les laisser travailler sans entrave. » s’indigne Ida.
Pour ce faire, selon la déclaration du ministre Lambert Mende, Scott Campbell a rempli les conditions pour être déclarée persona non grata. Il a demandé au Secrétaire Général des Nations Unies de le retirer de la RDC.
Une enquête internationale indépendante réclamée
En rapport avec la publication par le BCNUDH mettant en relief les exécutions sommaires et disparitions forcées des personnes soupçonnées d’être des « kulunas », impliquant la police nationale congolaise, les Ongdh réclament l’ouverture d’une enquête internationale et indépendante. Se basant sur les conclusions du rapport publié sous l’insigne de la MONUSCO, les ONGDH recommandent, entre autres, au gouvernement « de mener des enquêtes promptes, indépendantes, crédibles et impartiales sur les violations des droits de l’homme commises dans le cadre de l’opération « Likofi » et, dans l’hypothèse où les éléments constitutifs des crimes sont réunis, de traduire en justice tous les auteurs présumés de ces violations, quel que soit leur rang ».
Pour JUSTICIA asbl, une ongdh basée au Katanga, seules des commissions d’enquête mises en place soit dans le cadre de la commission ou de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, soit du Comité des droits de l’homme des Nations Unies, soit de la Cour pénale Internationale pourraient valablement mener et ce, de manière indépendante, des enquêtes sur ces crimes graves assimilables aux crimes contre l’humanité, établir la vérité pour l’intérêt de la justice et même faire poursuivre les auteurs devant des mécanismes impartiaux et indépendants de justice. L’Ongdh condamne la tentative de décrédibiliser la MONUSCO pour avoir rempli la mission lui reconnue par la résolution 2147 si bien que lorsque le gouvernement réagit différemment s’il s’agit des dénonciations des crimes commis par le M23 et les autres forces négatives par la même institution.
Richard Muyej interpellé
A l’instar des Ongdh, les Amis de Nelson Mandela pour les Droits Humains invite le Chef de l’Etat à rappeler à l’ordre les ministres qui tentent d’encourager les auteurs de graves violations des Droits de l’Homme comme celles commises lors de l’opération dite « Likofi » à Kinshasa entre les mois de novembre 2013 et de février 2014.
Le rais est appelé à rassurer les familles des victimes de son implication pour que leurs enfants enlevés soient retrouvés et que les commanditaires et auteurs directs de ces actes soient poursuivis, sanctionnés de manière exemplaire. Le ministre de l’Intérieur est appelé de ne pas encourager les dérapages constatés dans l’opération dite « Likofi », par crainte que la RDC soit placée sur la liste des Etats criminels dont les auteurs de graves violations des Droits de l’Homme sont protégés.
Le ministre de la Justice et des Droits humains est appelé par ANMDH à veiller à ce que les défenseurs des droits de l’Homme et les personnes qui dénoncent les violations des Droits de l’Homme en RDC ne soient pas prises pour cibles par certains services de l’Etat. Les ONGDH signataires de cette déclaration sont entre autres, Acaj, Asadho, VSV, ANMDH, Justia ASBL, Héritier de la Justice, OSD, NSCC, Congo Peace NetWork(CPN), Toges Noires, Renadhoc ,OCDH, Asf/RDC, RRSSJ,FSPD ,CODHO ,jed, Ligue des Electeurs.