Criminalité à Kinshasa : Kisenso sous la botte des malfaiteurs armés

Lundi 9 juin 2014 - 09:39

Image retirée.

Image retirée.
 
Façonnée par les nouveaux acquéreurs de terrains issus de classes moyenne et défavorisée, et étendue sur un plateau surplombant la mairie de Matete, Kisenso est une commune qui, avec ses rues, pour la plupart en terre

battue et mal entretenues, connaît dans certains de ses quartiers, les problèmes d’alimentation en énergie électrique et d’approvisionnement en eau potable. L’absence du courant électrique et des réverbères plonge chaque nuit de Kisenso, dans une obscurité favorisant une insécurité rampante propre à susciter des cauchemars.
 
En effet, aux heures indues, le silence nocturne sonne le réveil des criminels. Si d’une part, les Kuluna ont repris du service, les voleurs à main armée sont quasi permanents, ciblant des victimes friquées ou sentant l’opulence. Jeudi dernier, ils étaient nombreux à se déployer dans les rues de cette commune considérée comme semirurale, ont rapporté de nombreux habitants. Deux se sont signalés sur avenue Nsawu n° 47, au quartier Kitomesa. Ces bandits armés, habillés en tenue civile, défonçaient à petits coups répétés, la fenêtre en bois de la chambre à coucher d’un homme d’affaires.
Lumbala Kaïsha Soleil brutalement réveillé par les bruits de casse, n’avait pas pu quitter sa chambre à coucher, qu’il a vu le panneau s’ouvrir. Il s’est subitement retrouvé nez-à-nez avec deux bandits armés très agressifs.
 
Que lui veulent-ils à une heure du matin, alors qu’ils ne se connaissent pas et n’ont pas rendez-vous ? Sans tergiverser, ils réclament de l’argent. Beaucoup d’argent. Donnez- nous des devises ou des francs congolais, ordonne l’un des bandits qui lui tient à l’œil, alors que son comparse fouille toutes les pièces de la maison, à la recherche des biens de valeur.
 
La menace n’ayant aucune apparence de farce, Lumbala Soleil prend conscience du danger et se soumet aux diktats des bandits. Il ne peut ni résister, ni affronter ces malfaiteurs qui ont même tiré quelques coups de feu pour afficher leur dangerosité. Vite, il va prendre toutes ses économies cachées dans la valise. Ce sont des bottes des billets de banque. Un montant de 780.000 Francs congolais. Ces mécréants lui ont arraché aussi son téléphone portable V.I.P., afin de l’empêcher d’alerter les unités de la police proches de son domicile. Une façon de lui prier de son répertoire. La fouille n’ayant pas rapporté grand’chose, le duo criminel a quitté le lieu en tirant des coups de feu en l’air. Une manière de saluer leur départ, après un coup réussi sans anicroche, ni égratignure.
 
Des douilles ont été retrouvées le matin, sur avenue Nsawu, témoignant ainsi du passage des malfaiteurs dans le quartier Kitomesa. Pour la police, ce sont des pièces qui vont orienter les enquêteurs sur les marques des armes que les bandits avaient utilisé lors de leur coup. Plus importante sera la recherche des indices pouvant aider à l’identification de ces bandits.
Une semaine auparavant, un commerçant habitant la même commune, Kasong Macaire, avait été agressé par trois bandits armés, alors qu’il regagnait sa parcelle. C’était une nuit de mai, vers 2 heures. Les r.ies désertes, rien ne présageait une rencontre malencontreuse. Mais voilà que trois gaillards armés et en tenue civile sortent de l’ombre et l’encerclent. Ils s’intéressent à sac à main contenant toutes les recettes de la journée de son magasin. Pire, on lui a arraché ses fonds propres, 650 dollars et ceux de la ristourne, 13.000 dollars.
Après le forfait, les brigands se sont volatilisés dans les rues noires de Kisenso.
Le lendemain, découragé, il n’a pas pu porter plainte, estimant que la colère des ancêtres serait plus efficace que les poursuites judiciaires classiques.
 
La police qui a enregistré de nombreux cas de vols et des extorsions perpétrés par des malfaiteurs, a décidé de lancer des investigations, afin de découvrir les pistes menant à ces membres de la pègre dont on ignore tout de leurs identités et du lieu de leur refuge.
Mais pour certains habitants de Kisenso, il suffit de mobiliser des jeunes de chaque quartier pour recueillir les premiers éléments sur les bandes des malfaiteurs. Ces garçons qui traînent dehors aux heures indues, sont souvent témoins des mouvements suspects, et même des agressions. Il paraît qu’il leur arrive parfois de repérer certaines cachettes des armes dont se servent des bandits.
 
A les en croire, la traque serait une chose facile, à condition que la police puisse disposer de ses indicateurs. Mais en attendant la fin des aventures criminelles de la pègre, les habitants de Kisenso n’ont que leurs yeux pour pleurer.
J.R.T.

{jcomments on}