Crise de l’endettement grec : l’ICREDES interpelle les dirigeants africains

Vendredi 17 juillet 2015 - 11:51

La situation de la crise de l’endettement de la Gré ce n’est pas une affaire purement européenne. Bien au contraire, cette crise mérite une attention soutenue de la part des décideurs africains, car, avec elle, les perspectives de l’économie africaine ne sont pas sécurisées Face à cette menace, l’Institut congolais des recherches en développement et études stratégiques (ICREDES) interpelle les dirigeants africains et les invite à créer un bloc d’intérêt équitable, capable de donner une résilience. Des leçons à tirer de la crise grecque, l’ICREDES les a également épinglées.

Une nouvelle dynamique s’installe à l’ICREDES, celle d’organiser des débats, généralement tous les mercredis (Mercredi de l’ICREDES), sur les questions de fond réunissant 5 à 6 chercheurs, experts ou professeurs afin de donner un point de vue sur une matière nationale, africaine ou internationale, a indiqué le professeur Kankuenda Mbaya, directeur général de l’ICREDES.

Pour le mercredi 15 juillet 2015, le débat, au siège de l’ICREDES à Righini, a tourné autour du thème « Crise de l’endettement de la Grèce dans la zone euro et ses conséquences sur les’ pays africains ». Un thème qui, selon le professeur Kankuenda, mérite d’être débattu. Car, pense-t-il, la crise grecque peut avoir aussi des répercutions sur les économies des Etats africains, notamment celles des Etats de la zone monétaire CFA. Aussi, a-t-il ajouté « la situation de l’endettement de la Grèce doit servir de leçons aux Etats africains de revoir leurs politiques d’endettement».

Parmi les panelistes choisis pour décortiquer ce thème de haute portée, l’on pouvait reconnaître les professeurs François Kabuya, Michel Nsomue et le consultant indépendant AL. Kitenge.

Premier à prendre la parole, François Kabuya a tablé sur l’enjeu de rapport de force en présence dans la crise de 1’endettement de la Grèce sur deux paliers. L’un portant sur l’incapacité de la Grèce à rembourser sa dette et l’autre sur le temps que la Grèce aura à mettre pour assurer la croissance de son économie. Dans ce rapport de force, ajoute-t-il, la Grèce a tendance à se refugier dernière son opinion publique.

Intervenant au débat, le consultant indépendant A.L Kitenge a, pour sa part, a abordé la crise grecque d’un point de vue de règlement des comptes dû à l’obédience politique du Premier ministre grec, Alexis Tsipras (Gauche radicale). Si bien que Kitenge se montre optimiste en ayant foi que la crise grecque va se résorber. Etant donné que la scène e passe en Europe. Aussi ce consultant indépendant a-t-il mis en exergue le volume de la dette grecque (plus de 100 milliards USD), comparativement aux dettes des pays africains qui se situent généralement entre 10 à 13 milliards USD). D’où, pour lui, il suffit que la RDC soit bien outillée, pour négocier des dettes de grands montants avec un plan d’affectation bien défini.
Egalement parmi les panelistes, Michel Nsomwe n’est pas allé par le dos de la cuillère. D’après lui, la crise de la dette grecque est le résultat de la mauvaise construction de la monnaie Euro, dont les dirigeants, ajoute-t-il, avaient oublié de prendre en compte l’aspect de l’impôt, élément important qui règle les questions de solvabilité.

QUELLES LEÇQNS À TIRER POUR L’AFRIQUE
Avant de se pencher sur les leçons à tirer de la crise grecque, les panelistes ont avoué que la situation de la crise grecque est sans nul doute le reflet d’un système économique libéral en perte de vitesse. En réalité, disent-t-il, la Grèce n’est qu’un point faible sur lequel s’est manifesté les symptômes d’un grand corps malade qui est le système financier européen.

Dans les années qui ont suivi la deuxième guerre mondiale, la France avait révolu de créer une zone monétaire en Afrique francophone pour soutenir le Franc Français. Les panelistes ne craignent que la crise de la dette de la Grèce serve de prétextes à cette ancienne puissance coloniale pour se refugier derrière l’économie de l’Afrique en se servant des réserves des FCFA. Sur ce point précis, les panelistes demandent aux décideurs africains de créer un bloc d’intérêt équitable capable de donner du répondant à cette crise. Aussi ont-ils souligné le fait, pour les Etats africains, de se montrer capables de produire leurs propres pensées économiques qui répondent à leurs besoins spécifiques.

Autre leçon important à tirer, ont dit les panelistes, est que les dirigeants africains doivent dorénavant impliquer l’opinion publique nationale avant toute négociation de la dette. Les négociations devront être menées avec beaucoup de discipline basée sur la responsabilité sociétale.

Par CYPRIEN KAPUKU