Croyant mettre en difficultés Modeste Bahati : le vice-président de la CENI dévoile une autre face du glissement

Mardi 20 octobre 2015 - 09:30

Qui de la CENI et du Ministre Modeste Bahati Lukwebo peut-on croire dans ce dossier des dépenses exceptionnelles pour organiser les élections ? Il y a quelque temps, une polémique a été évitée de justesse entre l’institution d’appui à la démocratie et le Ministre de l’Economie Nationale à ce sujet. Mais Le Phare vient de tomber sur une lettre Réf. 263/CENI/RDC/Cab-Président/15 adressée par le vice-président de la Commission Electorale Nationale Indépendante CENI, André Mpungwe Songo, au Premier Ministre avec copies au chef de l’Etat et aux présidents de deux chambres du Parlement pour donner la clé de répartition des crédits votés par le parlement et ceux décaissés par le gouvernement pour l’organisation des élections.

Il se dégage qu’en 2013, le parlement avait voté comme crédits la somme de 141 milliards de francs congolais, mais le gouvernement n’avait rien décaissé. En 2014 et 2015 sur un total des crédits votés de l’ordre de 195 et 186 milliards des francs congolais, le gouvernement n’avait pu décaisser en tant que la somme de 893 milliards des francs congolais soit 17 %.

Cette somme qui correspond à 92 millions de dollars Us a été mise à la disposition de la CENI. Un montant qui peut permettre de construire 4 immeubles du type de l’actuel hôtel du gouvernement situé sur la Place dite Royal, 11 immeubles comme celui qui abrite la direction générale de l’Ogefrem  et 11 avions d’occasion de marque Airbus 320 ou Boeing 737, a indiqué au Phare un spécialiste financier.

La question qui taraude tous les esprits est celle de savoir ce que la CENI a fait de ce pactole. Dès lors qu’elle n’ toujours pas organisé l’élection du gouverneur de la province de l’Equateur depuis le décès de feu Alphonse Koyagialo. Cet aveu du vice-président de la CENI intervient curieusement et tardivement trois mois après le passage du ministre Modeste Bahati à la RTNC dans l’émission « Questions d’actualités » où il avait déclaré que le gouvernement verse mensuellement la somme de vingt millions de dollars Us à l’institution d’appui à la démocratie pour préparer et organiser les élections. Un petit regard sur le tableau récapitulatif  des crédits votés par le parlement et décaissés par le gouvernement en faveur de la CENI pour les dépenses exceptionnelles destinées à organiser les élections confirme les propos tenus par Modeste Bahati. En outre, cet aveu tardif renforce et apporte de l’eau au moulin de tous ceux qui croient dur comme fer que le gouvernement dispose d’importants moyens pour organiser et tenir les élections, avec bien entendu, l’assistance des Etats et organisations internationales intéressés par le processus électoral en RDC.

Mauvaise foi ou inconscience

Un autre point qui surprend et scandalise l’opinion, c’est le fait qu’en 2012 et 2013, le parlement n’avait voté aucun crédit pour les élections. Or, si le parlement votait chaque mois des crédits de l’ordre de vingt millions des dollars Us, il y avait moyen d’atteindre en cinq ans la somme de cinq cents millions de dollars Us à laquelle s’ajouteraient toutes les aides en provenance des Etats amis, ce qui permettrait au gouvernement d’organiser et tenir les élections provinciales, législatives nationales et la présidentielle. Quitte à renvoyer à plus tard les autres échéances électorales, notamment les municipales, les locales et les territoriales bien après l’organisation et la tenue du recensement général.

Un autre moyen du « glissement »

Sans le savoir ou le vouloir, peut-être par maladresse, le vice-président de la CENI vient de dévoiler à la face du monde l’une des nombreuses cordes sensibles de ce « glissement » tant redouté vers la prolongation du mandat de l’actuel chef de l’Etat et probablement d’autres institutions de la République.

F.M.