CVM SA : LE PERSONNEL DE BOMA OBSERVE UN MOUVEMENT D’ARRÊT DE TRAVAIL

Mercredi 11 mai 2016 - 08:37

Le personnel de la Congolaise des voies maritimes, Société anonyme (CVM SA), œuvrant dans la ville portuaire de Boma, dans la province du Kongo Central, observe depuis le début de cette semaine, un large mouvement d’arrêt du travail, apprend-on des sources locales.

A la base, l’impaiement cumulé des salaires de six mois. "Depuis le mois de novembre 2015, aucun agent n’a vu la couleur de son salaire", affirme-t-on. Au petit port de Boma où sont amarrés les bateaux-dragues, vedettes et baliseurs de la CVM SA. Et où encore se trouvent ses bureaux et ateliers. Sur ce site, l’ambiance est dans un état d’insurrection : les cadres et agents ne laissent rien entrer ou sortir de cette concession située au bord du fleuve à peu près un kilomètre de là, au siège social de Boma, situé en face du Port de la SCTP, en plein cœur de la ville portuaire, des pancartes et écrits suggestifs lambrissent les parois.
Interrogés sur la situation prévalant dans le siège social de leur entreprise à Boma, les cadres et agents de la Direction générale de Kinshasa disent ne rien comprendre. Le retard observé dans le versement des salaires des agents et cadres, depuis le mois de novembre dernier, leur fait se poser beaucoup de questions, et suscite même leur inquiétude.
Déjà, à les en croire, la CVM SA n’arrive pas à exécuter le dragage de base sur le bief maritime comme convenu dans le contrat de partenariat Public/privé conclu avec son partenaire privé. Ils indiquent que ce partenaire privé entend marqué un temps d’arrêt pour discuter. Car les coûts de production qu’il opère sont en augmentation par rapport aux réalisations financières.
En toute honnêteté et dans le souci de ménager le partenaire privé, les agents signalent que cette situation est imputable au fait que ce dernier s’occupe également de la part du travail contractuel revenant à la CVM SA, le dragage de base, au lieu de faire seulement des rectifications. C.-à-d. de draguer en profondeur pour obtenir les 26 pieds de calaison convenables pour une navigation sécurisée sur le bief maritime. Les dragages coûtent cher et doivent se faire 24h/24 de manière permanente parce que les mouvements des sédiments sont itératifs, signalent ces mêmes agents.
Quant aux difficultés de la trésorerie qui semblent justifier l’accumulation d’arriérés de salaires, les agents et cadres contactés indiquent que les taxes formant le chiffre d’affaires mensuel de la CVM SA sont payées régulièrement par les armateurs, gestionnaires des navires qui s’engagent chaque jour sur le bief. Ces taxes sont obligatoires puisqu’elles sont exigées contre les services fournis en amont par la CVM SA.
Ces services comprennent, entre autres, les droits de navigation sur le bief maritime dans les deux sens, le pilotage des navires par les vedettes dans les deux sens de Moanda à Boma et vice-versa, les nettoyages à bord des navires, les séjours des navires sur les quais etc.

BESOIN DES MATERIELS
Aux dernières nouvelles, c’est ce mercredi que le ministère du Portefeuille, tutelle unique pour les sociétés anonymes de l’Etat et Représentant des intérêts de l’Etat et de participations publiques au sein des entreprises d’économie mixte, examinera cette question sur la grève du personnel de cette entreprise avec toutes les parties prenantes. La rencontre risque d’être agitée.
Comptant parmi les 21 entreprises du secteur marchand du Portefeuille de l’Etat transformées en sociétés commerciales, la CVM SA dispose en ces jours d’un outil de travail obsolète et dépassé acquis entre 1957 et 1963.
La mission reçue du Législateur est de draguer le bief maritime pour offrir des profondeurs nécessaires et utiles aux passages des navires de haute mer en partance ou en provenance des ports maritimes congolais de Boma et Matadi. Actuellement, n’ayant aucune Drague neuve ou digne de ce nom, et pour accomplir sa mission, la CVM SA a conclu un accord de Partenariat Public/Privé (PPP) avec la firme privée wallonne Dredging International NV. Et ce PPP, comme tous les autres PPP à conclure par les autres entreprises de l’Etat, tel que recommandé dans le cadre de la réforme des entreprises publiques, n’a en rien jusqu’ici affecté les ressources récoltées chaque jour par cette société commerciale.
Selon les dernières données reçues des documents officiels, le chiffe d’affaires mensuel de la CVM SA est voisin de 22 millions d’euro (environ 29 millions Usd) provenant des différentes taxations de ses services aux armateurs. "Après déduction des frais relatifs aux dépenses liées aux charges d’exploitation et autres charges idoines, il reste suffisamment de quoi pour s’occuper de la rubrique rémunération du personnel. Mais rien de cela n’est vu", s’insurge un cadre qui a requis l’anonymat.

AMBALU C/p